« Tous des incapables ! » : ce sont les premiers mots que j’ai entendu lorsque, en ce samedi matin de début mars, alors que la tempête faisait rage, je me retrouvais en face d’une voiture, plantée dans un mur de neige, en travers de la route et bloquant la circulation sur plusieurs centaines de mètres.
Dialogue éloquent :
- tu aurais dû mettre les chaînes comme ils le disaient dans la vallée.
- Avec ce que l’on paye en station, ils pouvaient dégager les routes
- Et la météo n’avait rien dit
- De toute façon, les chasses neige ne font pas leur boulot.
Que répondre à ces désespérantes réflexions, lorsqu’une météo annonce énergiquement depuis 48 heures, de grosses chutes de neige et que les engins de l’équipement sont bloqués par des véhicules en travers de la chaussée ?
Car ce qu’il y a de fabuleux avec les tempêtes en montagne, à côté de la nécessaire modestie que nous rappelle la nature face aux éléments déchaînés, c’est la révélation thermodynamique de l’entropie ! Le troisième principe dit que la tendance nous amène vers toujours plus de désordre et que lutter ne peut se faire sans consommation d’énergie.
Il est jubilatoire de regarder avec un œil philosophe mais compréhensif, l’état de désorganisation que créent ainsi les tourbillons neigeux sur une population de vacanciers soumise à la dure loi du « no stress ». Beaucoup sont sourds aux alertes météo, oublient les équipements de véhicules ou appliquent le principe du « chacun pour soi », ne faisant ainsi qu’augmenter le désordre ambiant.
Sans jouer à « toute ressemblance avec des évènements existants ou ayant existé … », cette petite histoire n’a pour d’autre motif que de nous rappeler que dans le monde économique, il est urgent de toujours garder ses sens en alerte de peur de se retrouver rapidement dans le mur. Il en est ainsi pour l’innovation.
Tout le monde s’accorde sur l’importance de l’innovation pour nos économies occidentales soumises au régime des low-cost. La mise en place des pôles de compétitivité, qui viennent de fêter leur premier anniversaire, est un exemple des politiques possibles entre public et privé. Mais au-delà du discours, où en est l’innovation en entreprise ?
Le cinquième baromètre annuel des politiques d’innovation réalisé par Innovascope est de ce fait un bon outil pour vérifier la sensibilité à l’innovation sur la base des rapports d’activité de 200 entreprises.
« Si l’on constate que la thématique innovation a explosé de 800 %, il semble bien que la générosité du discours affiché, cache mal la pauvreté des implications concrètes en terme d’organisation et de management » ( La Tribune 20 février 2006). « Force est de constater que nous analysons des discours de gestionnaires qui rendent des comptes à leurs actionnaires plutôt que des discours d’entrepreneurs qui expriment leur vision de l’avenir, de l’évolution de l’économie et de leur entreprise » (Innovascope). Alors, l’innovation est-elle un simple argument de façade ? Toujours selon cette étude, le biais vient plutôt de la conception restrictive de l’innovation en l’associant à sa seule dimension technologique. Aujourd’hui, selon Laurent Dupuis (Innovascope), « plus que la boite à outils, il s’agit d’adopter la posture adéquate, entrepreunariale, qui consiste à savoir qu’il y a un long chemin entre l’invention et l’innovation et qu’en particulier cette dernière est de plus en plus souvent le fruit d’une association créative et prospective entre plusieurs inventions ou innovations ».
Nous ne pouvons qu’adhérer à ce discours, alors que nous défendons depuis notre origine, le lien que nous considérons comme fondamental, entre la technologie et le management. C’est par le terrain et l’action que peut se développer cette véritable culture de l’innovation.
Nul doute que ce premier jour de printemps, verra ainsi fleurir des projets source de véritable valeur ajoutée.