Avez-vous lu la presse ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous parler de « l’onde claire » ( NDLR :Clear stream) car, depuis la fin avril, nous sommes rentrés dans l’ère Zidane
Zidane annonce sa retraite
Zidane joue son dernier match à Madrid
Zidane marque son dernier but avec le Real
Zidane est sélectionné dans l’équipe de France
Zidane tient la vedette à Cannes avec le film « Zidane, portrait du 21ème siècle »
Zidane fait ses adieux au stade de France dans un décevant France-Mexique
Zidane reprend quelques couleurs face au Danemark
Et cela continuera avec la coupe du monde avec :
Les fabuleux buts de Zidane
Le ballet de Zidane
Zidane en impose
Les commentaires de Zidane
…
Viendra alors l’age de la « retraite » du « plus grand joueur » que la France ait eu avec des titres comme :
Que devient Zidane ?
Zidane futur entraîneur de …
Zidane à la pêche, Zidane à la plage, Zidane à la montagne, Zidane chez un grand industriel du sport, Zidane fait du ski, les mémoires de Zidane …
Nul doute que les titres continueront à fleurir, tout aussi tapageurs que réducteurs.
Car durant la même période, l’actualité est multiple et variée.
Pour les secteurs qui nous concernent, les zizou-annonces ont étouffé l’information sur les grands projets d’innovations sponsorisés par l’agence pour l’innovation industrielle et ont tout simplement gommé celle sur les résultats des premiers projets des pôles de compétitivité.
Je sais, me direz-vous, le grand public ne s’intéresse pas à cela.
Il est en effet plus facile de s’enthousiasmer pour la faiblesse du mollet de zizou que pour la résistance des matériaux. Le passage d’un ballon dans la lucarne écrabouille largement l’intérêt du fabuleux effet tunnel. On dissertera plus volontiers sur les erreurs d’arbitrage que sur l’impitoyable rigueur cartésienne du physicien.
Oui mais, à force de choisir la facilité, comment conserver le goût pour l’innovation ?
Les titres de journaux nous rappellent sans cesse la faiblesse de la R&D industrielle, le bas niveau des dépenses européennes de recherche en Europe, la nécessité de l’innovation, la désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques.
Tout cela est vrai, mais c’est du général.
Accrocher l’intérêt, passe par du vécu !
Contrairement à ce que l’on peut communément penser, il y a de fabuleuses histoires dans le monde de l’innovation.
Comme ailleurs, il y a des pleurs, des larmes, des joies, des arbitrages, des compromis, des « amis de 20 ans ». Bref, tout ce qu’il faut pour faire un bon papier.
Qui racontera l’histoire de ces discussions passionnantes où un comité directeur doit affecter x% du chiffre d’affaire, soit à l’amélioration de l’outil de production immédiatement rentable, soit à la prospection d’un nouveau marché profitable à moyen terme ou à l’hypothétique réussite d’un projet de R&D à long terme ?
Qui racontera l’ingéniosité de ces chercheurs industriels confrontés en permanence à l’incertitude de la recherche et à la nécessaire rentabilité des projets ?
Qui racontera l’intrépidité de ces chefs d’entreprises de PME qui se sont engagés dans les projets des pôles de compétitivité, aux limites des capacités financières de leur société ?
Pas besoin de parler du futur Concorde ou de substitut de pétrole pour intéresser le public. Il y a dans les projets labellisés par le fond de compétitivité des entreprises (FCE), des produits révolutionnant le futur.
Alors messieurs les journalistes, affûtez vos crayons, non pas uniquement pour les fermetures de sites industriels, mais pour nous rencontrer ceux qui créent notre futur. Ils ne sont peut-être pas toujours très communicants, mais associés à votre art de la plume, ils vous assureront de belles aventures éditoriales.Vous verrez, vous ne le regretterez pas : il y a bien des Zidane, ailleurs que sur les stades !