Au mois de décembre, la Tribune publiait une excellente enquête sur la gestion des ressources humaines dans le monde des chercheurs. Particulièrement éclairé, l’auteur nous montrait le dilemme entre la liberté vitale que doit avoir cette population atypique dans l’entreprise pour pouvoir « créer » et la contrainte économique nécessaire pour éviter les dérapages des coûts.
Ce qui s’applique aux grands labos publics ou privés est aussi vrai dans de plus petites structures, que ce soit des bureaux d’études ou des PME de production. Car la problématique plus générale est bien de gérer au mieux la capacité « d’innovation dormante » présente dans toute entreprise.
Pour ma part, le champagne me semble être le meilleur outil à disposition pour comprendre ce mode d’action.
Quoi, me direz-vous, alors que le cigarette disparaît totalement des lieux de travail, vous voilà en train de promouvoir l’introduction d’un breuvage aux douces vapeurs alcooliques ?
Halte là ! Mes propos, loin de pousser à la consommation, n’ont d’autre but que de faciliter le travail des managers et autres responsables de ressources humaines dans la génération spontanée d’idées innovantes.
Donc règle numéro 1 : ne pas distribuer de manière massive et inconsidérée le précieux breuvage et plutôt penser à l’utiliser (principalement) comme un moyen mnémotechnique.
Car l’innovation est cachée dans l’entreprise, comme les bulles dans le champagne ! Faites donc jouer vos talents d’expérimentateur !
1- Regardez une bouteille fermée, « sous pression » : les bulles sont invisibles.
2- Enlevez délicatement le bouchon et, par la magie du second principe de la thermodynamique, les bulles apparaissent naturellement, là où il n’y avait rien de visible précédemment !
3- Si vous ouvrez violemment la bouteille, c’est un jet continu qui risque de vous faire perdre une bonne partie du précieux breuvage.
Il en est de même pour l’innovation : il est bien difficile de la faire éclore sous forte contrainte : les « bulles » ne sont pas très motivées ! Par contre, maîtriser le « degré de liberté » pour générer un flux régulier de nouvelles idées relève souvent d’un grand art similaire à vos talents de sommelier dans le débouchage de la dive bouteille ! Certains donneurs d’ordres devraient d’ailleurs s’en inspirer lorsqu’ils souhaitent pousser sur la voie de la conception leurs sous-traitants : trop de contraintes, notamment aux achats, bloquera le système… mais une trop grande liberté risque à l’inverse de générer des risques incontrôlés (d’où la crainte réelle d’accepter de passer du cahier des charges sur plan au cahier des charges fonctionnel).
Un dernier point concernant la nécessité de faire évoluer son « pool » d’innovateurs : laissez le champagne s’éventer et vous obtiendrez au bout d’un certain temps un honnête vin blanc, sans grand charme… il n’y aura alors d’autre solution que d’ouvrir une nouvelle bouteille ! A bon entendeur ….