C’était donc vrai : le blanc redonnait des couleurs aux exploitants de station ! Ce qui, pour le physicien, n’avait rien d’étonnant vue que l’immaculé n’est rien d’autre que la fusion de tous les pastels réunis.
Pour l’auteur de ces lignes qui courrait dans la campagne pour aérer ses neurones, la cause était entendue : la première chronique de 2008 serait aussi légère que la poudreuse qui ne manquerait pas de jaillir de sous les spatules.
Las ! L’actualité semblait vouloir oublier les bienfaits de la trêve de Noël. Le Pakistan s’enflammait après l’assassinat de Benazir Bhutto. Le Kenya trouvait des utilisations dramatiques aux machettes et les otages colombiens gardaient leur statut d’otage.
Non je vous dis, il était difficile de sourire.
Heureusement il nous restait le Paris-Dakar. Quoi ? Ce n’est plus qu’un Lisbonne-Lisbonne ! Cela va être encore plus dur de rêver de dunes.
Alors tant pis, je regarderai les beaux yeux de Carla, j’écouterai sa voix suave et sa douce guitare dans son prochain album. Quoi ? Carla se consacre à une toute nouvelle destinée ! Mais que vais-je mettre dans mon lecteur de CD ?
Dernière roue de secours pour me consoler, un tout petit ouvrage, succès inattendu de librairie, que je ne saurais trop vous conseiller pour accrocher un sourire quasi perpétuel à vos visages. Son titre « pourquoi les manchots n’ont pas froid au pied et 111 autres questions stupides et passionnantes ».
N’attendez pas ici de grandes envolées du type qui est l’Homme, d’où vient-il, ou va-t-il ?
N’y cherchez pas non plus les réponses définitives des Encyclopédistes du grand siècle des lumières.
Ce livre n’en est en fait pas un. A la vision de sa couverture, un pingouin en charentaises, on pourrait s’attendre à un savant mélange de Nicolas Arthus-Bernand et de Yan Hulot, du genre les magnifiques photos des ravages de la pollution sur la sauvage Ushuaia vu du ciel. Mais non, à l’intérieur, « c’est de science que ça cause », et de façon originale.
L’idée a germé en 1994 à la rédaction du New Scientist de créer une rubrique de lecteurs « The Last World », un brin ébouriffante, comme seuls les anglais savent le faire (pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare, le New Scientist pourrait ressembler à une recette éditoriale mélange de vulgarisation à la mode « Science et Vie » et d’éclairage scientifique version « La recherche »).
Le principe : partir du gigantesque corpus des questions réputées idiotes et faire confiance au lecteur pour obtenir la réponse la plus complète et la plus inattendue. Le résultat est pour le moins surprenant. Vous saurez enfin pourquoi il est interdit d’avoir un thermomètre à mercure dans un avion, vous découvrirez la formule chimique d’un être humain, vous connaitrez l’heure au pôle nord, vous comprendrez le claquement du fouet et vous résoudrez le mystère de la forme ovale des œufs.
Pour nous qui tentons de marier mois après mois économie et technologie, nous avons trouvé les questions essentielles :
- Pour le fabricant de poêles qui n’attachent pas : pourquoi lorsque l’on verse de l’huile, sa surface s’orne de petites cellules en nid d’abeilles ?
- Pour le spécialiste de biométrie : pourquoi avons-nous des empreintes digitales ?
- Pour un célèbre roulementier automobile : pourquoi le volant d’une voiture revient-il tout seul en place après un virage ?
- Pour le constructeur d’instrumentation dentaire : d’où vient la douleur causée par le contact entre un plombage et du papier alu ?
- Pour l’industriel agroalimentaire du gruyère à trous : pourquoi le fromage fondu fait-il des fils ?
Vous l’aurez compris, ce livre est bourré de questions tout aussi inutiles qu’indispensables dont certaines restent toutefois très perturbantes : peut-on réduire l’effet de serre en peignant les toits en blanc ?
Alors un petit conseil, dépensez sans scrupule 14 euros : vous éviterez le divan du psy, vous renforcerez vos zygomatiques, vous ferez oublier aux fumeurs leur désir de cigarettes autour d’une bonne bière au bar et vous brillerez le soir dans les dîners en ville.
Sur le chemin du paradis, une route vicinale dont la déclivité ferait plutôt penser au purgatoire, un joggeur de post réveillon souffrait (soufflait ?) le martyre, se demandant s’il verrait bientôt le bout de la côte et quel pourrait bien être le sujet de sa future chronique de janvier !