samedi 20 mars 2010

C’est du grand n’importe quoi !

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Ne vous êtes vous jamais dit : « Non vraiment, c’est du grand n’importe quoi ? »

Je sais, vous espérez déjà que l’auteur de ces lignes, dans une fulgurance neuronale soudaine, ait enfin pris conscience de la légèreté mensuelle de ses propos !

Hélas, non !
Vous aurez encore à supporter sa prose envahissante dans votre boite mail, votre blog ou votre journal économique favori. Car si le mois qui vient de s’écouler a été sublimé par la journée de la femme, (Paf ! Déjà 50% du lectorat dans la poche), pour le reste, ce fût une foultitude de « grands n’importe quoi ».

A commencer par ces jeux olympiques d’hiver qui nous ont obligé à faire les 3x8. Journée de travail normale, suivie de ski de descente, de combiné nordique, du redoutable curling vers 2 heures du matin, dont l’intolérable suspens de la glissade de la pierre sur la glace avait du mal à compenser la retombée rapide des paupières, avant le réveil en fanfare sur un triple salto, annonçant déjà l’arrivée d’une nouvelle journée de labeur. Pourquoi, je vous raconte cela ? Déjà pour vous dire que les jeux olympiques d’hiver ont l’avantage monstrueux de faire découvrir, bien mieux que Google Earth, la géographie montagnarde à la planète entière. Qui connaissait Lillehammer à l’exception de rares norvégiens ? Qui savait positionner Albertville sur une carte pré-92 en dehors des bouchonneux des vacances de février ? Qui aurait pu imaginer que Vancouver était plus proche d’une station balnéaire à l’américaine que d’un repère de chalets ? Les JO, c’est du tout bon pour les profs de géo et les agences touristiques et Annecy 2018 en profitera tout autant (pub gratuite et encore +20% de lectorat).

Mais avouez-le, les commentaires sportifs ont souvent frôlé la correctionnelle : « il gagnera, il va gagner, il peut encore gagner, il a perdu ! ». La France a bien atteint et dépassé son objectif de 10 médailles, sauf que celles arrivées n’étaient pas toujours les attendues. Dure loi du sport de très haut niveau où la technologie indispensable s’efface devant le compétiteur, sa préparation et son mental.

Et là « c’est du grand n’importe quoi » de rechercher tel ou tel coupable car, bien heureusement, l’Homme, fut-il athlète, ne se programme pas comme une machine. Ce qui m’a par contre vraiment enthousiasmé, c’est l’esprit de corps, des équipes de nordique. En arrière plan, un gros travail des préparateurs, probablement même de la vraie recherche en tribologie (science des frottements) ou en chimie des interfaces pour les farts. En second plan, une mise en commun des meilleures pratiques des différentes disciplines dans un long travail souterrain vers la perfection. En premier plan enfin, un effort long et individuelo-collectif, avant des médailles qui tombent sur des visages rayonnants.

Pratique bien connue du BPSP :

Tu Bosses en silence, tu Partages en silence, tu Souffres en silence … et tu Parles uniquement quand tu as réussi. J’aime bien cette modestie puissante des « nordiques », dont la course de fond ne se limite pas à la piste. Elle est un modèle que bon nombre d’entreprises s’appliquent au quotidien, loin des frasques dévoyées de certains jet-setteurs de la finance.

C’est du « grand n’importe quoi », les commentaires sans recul faits sur la vague de froid qui a transformé le sud de la France en maxi congère au milieu des mimosas. Quoi ? Le réchauffement climatique est moribond ! Alors que veut dire la canicule extrême que les kangourous sauteurs et les koalas néo-zélandais connaissent au même moment ? La machine climatique terrestre est malheureusement d’une telle complexité, que nous devrions tous garder un brin de modestie, au lieu de nous emballer trop vite pour les pro ou les anti CO2.

C’est du « grand n’importe quoi », et même pire, ce sont des contre vérités, les propos tenus après le tremblement de terre du Chili. Vous savez quoi ? La terre a tellement bougé que la journée s’en est trouvée raccourcie de quelques microsecondes. Un phénomène que nos brillants scientifiques ont pu mesurer par horloge atomique interposée. Ce qu’ils n’ont pu maîtriser, c’est le tsunami de bêtises qui a suivi : la diminution de la durée du jour a été transformée un peu partout en un : « la terre ralentit» alors qu’il aurait fallu écrire « la terre accélère » ! En effet, si on définit sommairement la durée du jour comme le temps nécessaire au soleil pour se retrouver au même endroit que la veille dans le ciel, et que cela prend moins de temps, alors il faut tout simplement que la terre tourne plus vite. CQFD. (Il est trop top ce chroniqueur. Je vais ressortir ça à mes collègues)

« C’est du grand n’importe quoi », le déluge de critiques déversées sur le plus grand constructeur automobile, hier encensé, aujourd’hui maudit ! Bon d’accord, il y a derrière cela, un vrai épisode de guerre commerciale, plus subtilement appelée intelligence économique, dans laquelle les constructeurs américains en difficulté se sont, sans aucun doute, engouffrés. La pédale d’accélérateur défaillante ou le tapis de sol coinceur serait la preuve irréfutable de la fin de la légendaire fiabilité de Toyota. Pire encore, ce serait une remise en question majeure du Toyota Production System (TPS), plus connu sous le terme de Lean management, et de la relation de « paternalisme bienveillant » du constructeur vis-à-vis de ses fournisseurs. « Preuve » extrême, le PDG de Toyota, s’est excusé en public.

Et si la réalité cachée était tout le contraire ?

Le Lean Management est un mode de pensée qui, pour réussir, doit traverser toute l’entreprise, de l’ouvrier sur la chaîne de production jusqu’au plus haut dirigeant. Les excuses de Akio Toyoda reflètent le partage du problème par tous. Le TPS est une quasi religion managériale (Hansei), faite de modestie, qui dénigre l’autosatisfaction et se nourrit des échecs pour progresser.


Le système Toyota est auto apprenant dans toutes les strates de
l’entreprise et nul doute que le constructeur en sortira renforcé.


Il y a pourtant eu une erreur : la reconnaissance des problèmes, dans une communication adaptée à la culture japonaise et non à l’occidentale, a été désastreuse pour l’image. C’est une difficulté majeure, régulièrement rencontrée par tous les grands groupes mondialisés, regardant la planète avec les yeux du pays d’origine. La culture mondiale n’existe pas encore !

Enfin, arrêtons de tirer sur un modèle vertueux de relation client-fournisseur, qui, dans le monde automobile, fait figure d’exception. Tous les sous-traitants de Toyota vous le diront: ils ne font jamais fortune, mais ils ne sont jamais exsangues et le « grand frère » n’est jamais loin pour trouver avec eux le moyen de progresser et d’améliorer la qualité.

Moralité : Soyons méfiants face aux « grands n’importe quoi » qui rendent morose notre environnement et polluent la réflexion innovante. Regardez ! Les fondamentaux se perpétuent ! Le printemps arrive, les neiges font placent aux premiers verts pâturages. Le soleil réchauffe les cœurs et raccourcit les jupons. Et tant mieux si cette chronique vous donne le sourire, qui vous empêchera de dire, le point final passé :


« c’est du grand n’importe quoi » !




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vendredi 5 mars 2010

C’est du grand n’importe quoi !

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Ne vous êtes vous jamais dit : « Non vraiment, c’est du grand n’importe quoi ? »

Je sais, vous espérez déjà que l’auteur de ces lignes, dans une fulgurance neuronale soudaine, ait enfin pris conscience de la légèreté mensuelle de ses propos !

Hélas, non !
Vous aurez encore à supporter sa prose envahissante dans votre boite mail, votre blog ou votre journal économique favori. Car si le mois qui vient de s’écouler a été sublimé par la journée de la femme, (Paf ! Déjà 50% du lectorat dans la poche), pour le reste, ce fût une foultitude de « grands n’importe quoi ».

A commencer par ces jeux olympiques d’hiver qui nous ont obligé à faire les 3x8. Journée de travail normale, suivie de ski de descente, de combiné nordique, du redoutable curling vers 2 heures du matin, dont l’intolérable suspens de la glissade de la pierre sur la glace avait du mal à compenser la retombée rapide des paupières, avant le réveil en fanfare sur un triple salto, annonçant déjà l’arrivée d’une nouvelle journée de labeur. Pourquoi, je vous raconte cela ? Déjà pour vous dire que les jeux olympiques d’hiver ont l’avantage monstrueux de faire découvrir, bien mieux que Google Earth, la géographie montagnarde à la planète entière. Qui connaissait Lillehammer à l’exception de rares norvégiens ? Qui savait positionner Albertville sur une carte pré-92 en dehors des bouchonneux des vacances de février ? Qui aurait pu imaginer que Vancouver était plus proche d’une station balnéaire à l’américaine que d’un repère de chalets ? Les JO, c’est du tout bon pour les profs de géo et les agences touristiques et Annecy 2018 en profitera tout autant (pub gratuite et encore +20% de lectorat).

Mais avouez-le, les commentaires sportifs ont souvent frôlé la correctionnelle : « il gagnera, il va gagner, il peut encore gagner, il a perdu ! ». La France a bien atteint et dépassé son objectif de 10 médailles, sauf que celles arrivées n’étaient pas toujours les attendues. Dure loi du sport de très haut niveau où la technologie indispensable s’efface devant le compétiteur, sa préparation et son mental.

Et là « c’est du grand n’importe quoi » de rechercher tel ou tel coupable car, bien heureusement, l’Homme, fut-il athlète, ne se programme pas comme une machine. Ce qui m’a par contre vraiment enthousiasmé, c’est l’esprit de corps, des équipes de nordique. En arrière plan, un gros travail des préparateurs, probablement même de la vraie recherche en tribologie (science des frottements) ou en chimie des interfaces pour les farts. En second plan, une mise en commun des meilleures pratiques des différentes disciplines dans un long travail souterrain vers la perfection. En premier plan enfin, un effort long et individuelo-collectif, avant des médailles qui tombent sur des visages rayonnants.

Pratique bien connue du BPSP :

Tu Bosses en silence, tu Partages en silence, tu Souffres en silence … et tu Parles uniquement quand tu as réussi. J’aime bien cette modestie puissante des « nordiques », dont la course de fond ne se limite pas à la piste. Elle est un modèle que bon nombre d’entreprises s’appliquent au quotidien, loin des frasques dévoyées de certains jet-setteurs de la finance.

C’est du « grand n’importe quoi », les commentaires sans recul faits sur la vague de froid qui a transformé le sud de la France en maxi congère au milieu des mimosas. Quoi ? Le réchauffement climatique est moribond ! Alors que veut dire la canicule extrême que les kangourous sauteurs et les koalas néo-zélandais connaissent au même moment ? La machine climatique terrestre est malheureusement d’une telle complexité, que nous devrions tous garder un brin de modestie, au lieu de nous emballer trop vite pour les pro ou les anti CO2.

C’est du « grand n’importe quoi », et même pire, ce sont des contre vérités, les propos tenus après le tremblement de terre du Chili. Vous savez quoi ? La terre a tellement bougé que la journée s’en est trouvée raccourcie de quelques microsecondes. Un phénomène que nos brillants scientifiques ont pu mesurer par horloge atomique interposée. Ce qu’ils n’ont pu maîtriser, c’est le tsunami de bêtises qui a suivi : la diminution de la durée du jour a été transformée un peu partout en un : « la terre ralentit» alors qu’il aurait fallu écrire « la terre accélère » ! En effet, si on définit sommairement la durée du jour comme le temps nécessaire au soleil pour se retrouver au même endroit que la veille dans le ciel, et que cela prend moins de temps, alors il faut tout simplement que la terre tourne plus vite. CQFD. (Il est trop top ce chroniqueur. Je vais ressortir ça à mes collègues)

« C’est du grand n’importe quoi », le déluge de critiques déversées sur le plus grand constructeur automobile, hier encensé, aujourd’hui maudit ! Bon d’accord, il y a derrière cela, un vrai épisode de guerre commerciale, plus subtilement appelée intelligence économique, dans laquelle les constructeurs américains en difficulté se sont, sans aucun doute, engouffrés. La pédale d’accélérateur défaillante ou le tapis de sol coinceur serait la preuve irréfutable de la fin de la légendaire fiabilité de Toyota. Pire encore, ce serait une remise en question majeure du Toyota Production System (TPS), plus connu sous le terme de Lean management, et de la relation de « paternalisme bienveillant » du constructeur vis-à-vis de ses fournisseurs. « Preuve » extrême, le PDG de Toyota, s’est excusé en public.

Et si la réalité cachée était tout le contraire ?

Le Lean Management est un mode de pensée qui, pour réussir, doit traverser toute l’entreprise, de l’ouvrier sur la chaîne de production jusqu’au plus haut dirigeant. Les excuses de Akio Toyoda reflètent le partage du problème par tous. Le TPS est une quasi religion managériale (Hansei), faite de modestie, qui dénigre l’autosatisfaction et se nourrit des échecs pour progresser.



Le système Toyota est auto apprenant dans toutes les strates de l’entreprise et nul doute que le constructeur en sortira renforcé.

Il y a pourtant eu une erreur : la reconnaissance des problèmes, dans une communication adaptée à la culture japonaise et non à l’occidentale, a été désastreuse pour l’image. C’est une difficulté majeure, régulièrement rencontrée par tous les grands groupes mondialisés, regardant la planète avec les yeux du pays d’origine. La culture mondiale n’existe pas encore ! Enfin, arrêtons de tirer sur un modèle vertueux de relation client-fournisseur, qui, dans le monde automobile, fait figure d’exception. Tous les sous-traitants de Toyota vous le diront: ils ne font jamais fortune, mais ils ne sont jamais exsangues et le « grand frère » n’est jamais loin pour trouver avec eux le moyen de progresser et d’améliorer la qualité.

Moralité : Soyons méfiants face aux « grands n’importe quoi » qui rendent morose notre environnement et polluent la réflexion innovante. Regardez ! Les fondamentaux se perpétuent ! Le printemps arrive, les neiges font placent aux premiers verts pâturages. Le soleil réchauffe les cœurs et raccourcit les jupons. Et tant mieux si cette chronique vous donne le sourire, qui vous empêchera de dire, le point final passé :

« c’est du grand n’importe quoi » !

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