La prospective se place délibérément dans le futur. Puisque nous sommes engluésdans le présent, comment juger de la qualité de tels exercices ? Peut-être tout simplement en leur faisant subir un retour dans le passé.No comment !
Ainsi avons-nous, avant tout par esprit taquin, pris le résumé d'une n-ième étude sur le véhicule électrique et les nouvelles mobilités qu'il semble annoncer, et lui avons fait subir une succession de rechercher/remplacer de façon à transformer cette vision automobile sur le prochain demi-siècle à une rétrospective de l'équipement ménager au début du XXe siècle : "véhicule" est ainsi devenu "lave-linge", "déplacement" a été converti en "nettoyage", 2040 a été remplacé par 1940, "mobilité" par "propreté", etc.
Le résultat est assez amusant :
La demande de vêtements propres va continuer d'augmenter, notamment dans les colonies. Mais c'est d'abord dans les grandes métropoles des grandes puissances que se développeront de nouvelles formes de nettoyage. C'est là que le lave-linge électrique devrait dominer d'ici à 1940. Rappelant que seulement 20 000 lave-linge électriques ont été vendus dans le monde en 1910, l'étude estime qu'ils ne représenteront que 6,6 % des ventes en 1925, mais plus de 30 % globalement en 1940. Une estimation d'autant plus délicate que de nombreux facteurs peuvent ralentir ou favoriser leur émergence, le coût horaire de la lavandière comme celui de l'électricité mais aussi la réglementation.
Mais c'est ailleurs ici que se situent les principaux enjeux. À mesure que l'usage va se substituer à la possession, la valeur va se déplacer de l’appareil électroménager lui-même aux services associés. Des offres de location longue durée et des laveries automatiques vont se développer rapidement.
Dès lors, nombre de nouveaux acteurs vont s'efforcer de proposer à l'usager une offre intégrée incluant lave-linge, lessive, pinces à linge et, le plus souvent, accès à d’autres appareils électroménagers (aspirateur, brosse à habits, lave-vaisselle...) à même de couvrir l'ensemble des besoins du client en matière de propreté. Outre les constructeurs électroménagers et les sociétés de nettoyage traditionnelles qui tâchent d'occuper le terrain en proposant de telles offres, de nouveaux entrants sont sur les rangs pour se faire une place au soleil sur ce nouveau marché. C'est le cas des vendeurs d’électroménager, des déménageurs, des énergéticiens et même des mécanographes ou des opérateurs de télégraphie, qui ont chacun un rôle à jouer dans une offre complète à l'usager.
Dans cette course, les constructeurs électroménagers ne sont pas nécessairement les mieux placés. Le coeur de leur activité, très capitalistique, ne dégage pas, aujourd'hui, beaucoup de marges. Dans le cas des lave-linge électriques, ils doivent intégrer certains composants qu'ils ne maîtrisent pas, notamment le moteur électrique ou le programmateur. Dans cette bataille, ils risquent de perdre un levier essentiel, la maîtrise de la relation avec le client final, et de devoir négocier avec des interlocuteurs plus puissants. Enfin, ils sont confrontés à la concurrence de nouveaux entrants plus agiles car sans histoire ni usines.
Petit texte repris du blog de Aerobar film