Une vision iconoclaste et humoristique de l'innovation et des nouvelles technologies.
jeudi 10 janvier 2013
Monsieur MOBALPA, s’il te plait, vient à mon secours
Il y en a marre de l’innovation. Marre, marre, marre !
Arrêtez de vous faire abuser par les « Consumer Electronic Show » de Las Vegas et leurs derniers gadgets video-electronico-MP tro à la mode . L’innovation c’est comme la Force pour Dark Vador : on peut se laisser facilement attirer par son côté obscur ! Et là, franchement, ce n’est vraiment pas reluisant.
L’autre week-end alors que la tempête météorologique laissait l’option entre peller la neige, histoire de remuscler les pectoraux et limacer tranquillement dans un douillet fauteuil pour épaissir la sangle abdominale, je fus soudain pris d’une furieuse envie de ménage. A moi le plumeau et le chiffon. Mais par n’importe quelle poussière. La cible ? L’écran plat grand format qui règne en maître dans le salon … ou plus exactement, l’arrière dudit monstre, dans ce no man’s land que personne ne s’aventure à explorer.
Moi, quand on me disait, « oh toi, tu es un mec branché », j’ai toujours pris cela au figuré. En fait, il me fallait plutôt le prendre au propre. Je m’en suis rendu compte en jetant un œil sur le fatras de câbles qui alimentait ma merveilleuse fenêtre à LED. Plus qu’un fatras, c’était plutôt une sédimentation de type technico-géologique unissant par les liens indéfectibles des câbles le vieux bornier fin 19ème au HDMI d’aujourd’hui en passant par les fiches Jacks des années 40. Car dans ce monde vidéaste dit moderne deux attitudes cohabitent :
- Celle de l’esthète qui n’hésitera pas à faire une saignée dans son mur pour camoufler une simple alimentation et un câble antenne afin de nourrir un écran, qui, tel un trophée muséal sera accroché à flanc de cloison.
- Celle de l’inconditionnel de l’image et du beau son, de celui qui veut qu’un mozartien vibrato ne soit pas qu’un son strident, qu’un boom-boom de Tiesto ne se limite pas à un infâme crachouillis ou qu’un grave « What Else » prononcé sentencieusement par un Georges Clooney s’adresse autant à votre cœur qu’à vos papilles. De celui qui aime qu’un océan bleu soit bleu océan, qu’une peau de citron ressemble à une peau de citron, qu’une « Plus belle la Vie » ou que des « Racines et des ailes » s’intègre vraiment au milieu du salon…
Et c’est là que les choses se gâtent et je le prouve ! (bien évidemment, je ne parle pas ici de la qualité des programmes sus cités).
Donc en ce morfondant dimanche, c’est avec une énergie décuplée que je me lançais dans une méticuleuse opération de débranchage, qui, comme son nom de l’indique pas, n’est pas une activité arboricole mais une aventure technologique. La première phase est évidente et la poussière, en moins de deux, disparut au fond du trou noir béant de l’aspirateur. Ensuite … Et bien ensuite, on compte ! Les alimentations : une pour la télé, une pour le lecteur DVD ou Blue Ray, une pour l’ampli Audio, une pour le décodeur satellite parce que vraiment cette TNT terrestre n’en fait qu’à sa tête les jours de pluie, une pour le vieux magnétoscope, parce que on ne sait jamais, peut-être qu’un jour prochain on voudra regarder la vieille cassette des premiers pas du petit dernier il y a de cela très très très longtemps, une pour le disque dur qui enregistre les programmes numériques, soit, déjà, un total de 6 câbles. Ensuite on attaque les connexions. Pour les enceintes : 2 câbles par voie soit au minimum 4 pour la stéréo ou 12 pour un home cinéma avec voie centrale et caisson de basse. Maintenant le son : le DVD, le magnétoscope, la TV et le satellite à l’ampli, c’est 8 câbles en plus. Les 3 pourvoyeurs d’images vers la télé, c’est encore 3 câbles Péritel ou HDMI. Bon, il me reste quoi encore ? Un câble antenne TV terrestre et un câble venant de la parabole. Et encore, je n’ai pas branché le RJ45 pour connecter directement la télé à Internet, ni les Jacks pour regarder directement les films du caméscope (2 câbles). Soit un total de 34 fils de cuivre.
Je me demande si les vrais actionnaires des géants de l’audio-visuel ne sont pas au bout du compte les Freeport MacMoRan, Codelco et autres producteurs de ce métal quasi précieux.
Quoi ? Que dis-tu ami lecteur ? La console de jeu avec les joysticks c’est 4 câbles à rajouter ?
Et malgré cela, on arrive à vous convaincre de la «révolution du sans fil » ! Hallucinant non ?
C’est du Lego ou du Meccano électrique pour adulte… enfin, uniquement pour les jours où on a l’idée saugrenue de faire le ménage. Très honnêtement, on le fait une fois, pas deux.
Alors, la mission impossible terminée, je m’affalais enfin dans le canapé pour regarder et écouter le résultat vidéo-audiophile. C’est alors que mon regard partit vers la table du salon. Une télécommande pour la Télé, une pour le DVD, une pour le satellite, une vieille pour le magnétoscope, une pour l’ampli, une pour l’éclairage d’appoint, une pour le disque dur, une…
Au secours, Monsieur MOBALPA.
Toi qui a admirablement réussi à rendre la cuisine intégrée. Toi qui a réussi à faire rentrer la rustre gente masculine dans ce royaume réservé il y a bien longtemps à nos belles Pénélopes, en mariant intelligemment esthétisme et technologie, dépêche-toi ! Le Tsunami audio-video-Interneto- machin submerge le salon et ça part dans tous les sens. Vite ! Tu dois agir !
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