Ca y est ! Cette fois, je suis
vraiment un « vieux c.. » !
Je sais, ami lecteur, lorsque tu
as lu le titre de cette chronique, tu t’es dit « mais il n’a quand même
pas osé. C’est du n’importe quoi. Pas lui, non, pas lui. Comment a-t-il pu
tomber aussi bas, dans les tréfonds du mauvais people » ? Et puis, tu
as vu mon constat : je suis définitivement un « vieux c.. », un
has been, comme on le devient tous à un moment donné. Alors tu m’as peut être
pardonné de m’être laissé emporter par la facilité pour récupérer un dernier
brillant de notoriété.
Je dois quand même l’avouer, être
« vieux c.. » est un mécanisme franchement pernicieux car la frontière
est imperceptible entre le moment où l’on vous scrute avec un regard envieux
« il n’est vraiment pas c.. ce type » et celui où le visage des
autres vous fait comprendre, sans ambigüité, que, vraiment, vous êtes devenu
un « vieux c.. » qui ne comprend plus rien à rien.
Moi qui me croyais le champion de
l’innovation, l’expert des nouvelles technologies, le cador de l’intelligence
stratégique, je me vois totalement dépassé par une chanteuse de R’n’B à la voix
douce et acidulée répondant au nom de Beyonce. (Petite parenthèse pour ceux que
la culture afro américaine laisse de marbre malgré les qualités vocalistiques
de la charmante dame, il faut prononcer : bi –ion-cé). Donc, cette
éminente artiste, chanteuse de l’hymne américain lors des Superbowl et des
cérémonies d’investiture de Présidents Yankee, a bouleversé tous mes standards
de marketing appris pour le lancement de nouveaux produits. Etude de marché,
teasing, fuites savamment orchestrées, publicité, présentation d’échantillons, clients
béta testeurs, avant première, prototypes : tout cela je connaissais et j’appliquais.
Jusqu’à ce funeste 12 décembre 2013. Lors de cette nuit, sans rien dire à
personne, Gisèle Knowle-Carter (c’est son vrai nom) déposa sur i-Tunes un
nouvel album baptisé simplement « BEYONCE ». En trois heures, les
ventes atteignent 80.000 exemplaires, 400.000 en 24 h, 800.000 en 3 jours et 3
millions après un mois. Tout cela, en se la coulant douce et en laissant bosser
les réseaux sociaux alimentés par les fans. Moi qui avais quelques doutes sur
la réalité de ces nouveaux métiers de stratégie digitale et d’e-réputation, je
reçus en pleine figure une claque de première. Has been, je vous dis. Et ce
n’est pas fini !
Quelques jours plus tard, sur une radio ciblée CSP+, dédiée à l’économie et à la finance, je tombe, lors d’un brossage matinal des dents, sur un reportage consacré aux bitcoins. Déjà, que ce n’est pas évident de garder les neurones bien attachés à 6 heures du mat, je dus endurer les doctes experts démontrant les avantages et les dangers de cette monnaie virtuelle qui utilise internet et les logiciels libres. « Bitcoin, bitcoin ? Mais je ne connais pas » me dis-je dans un sursaut de fierté embrumée. « Surement du nouvellement nouveau qu’il me faut, de ce pas, documenter ». Et là, nouvelle claque lorsque j’apprends que le bitcoin est une monnaie électronique conçu en … 2009 par un développeur se camouflant sous le pseudo de Satoshi Nakamoto. Certes, je ne suis pas banquier mais il semble bien que le bitcoin soit depuis quelques temps déjà une innovante révolution, très tendance dans le marché des transactions, nous refaisant le coup des échanges de fichier Peer to Peer, bien connus pour la vidéo. Mais pire, je n’ai strictement rien compris à son fonctionnement. Comme je suis sympa et que j’espère que quelqu’un sur cette planète aura la délicate attention de me traduire en langage compréhensible par un « vieux c.. » les lignes qui suivent, je vous livre un extrait de wikipedia .
Bitcoin (BTC) se distingue le plus des
autres monnaies par le fait que l'agrégat monétaire n'est pas conçu pour
s'adapter à la production de richesse. Les bitcoins sont émis lentement et
régulièrement, de façon dégressive, jusqu'à atteindre un montant maximal de
vingt-et-un millions dans quelques décennies. Le montant total, ainsi que le taux annuel d'émission, sont
inscrits explicitement dans le code informatique du logiciel. Il prévoit
l'émission de monnaie d'après une règle mathématique.
… Et le reste est à
l’avenant ! Bref, en moins d’un mois, le signal d’alerte s’était déjà
allumé à deux reprises. Je découvrais que je devenais réellement un has been « vieux
c.. ». La troisième alerte allait finalement m’achever.
Cela faisait presque un an, qu’au
boulot, les jeunes de mon équipe me tannaient pour que je devienne un twitteur
averti. C’est toujours bon d’avoir une proportion de génération Y dans ses
murs, histoire d’être bousculé dans ses certitudes et de ne pas déconnecter
trop vite. Mais là, fallait quand même pas exagérer ! Qu’allais- je faire
avec un oiseau bleu gazouilleur (le logo de twitter) ? Pourquoi irais-je
me fourvoyer sur un réseau dont le seul intérêt est de se regarder le nombril
en envoyant ses pensées, ou ses moindres faits et gestes au monde entier ?
Comme si mon ego et mon narcissisme
exacerbé pouvaient se contenter de 140 malheureux caractères ! Une bonne
chronique, il n’y a que cela de vrai pour déployer sa pensée et délivrer un
message !!!
Enfin, c’est ce que je croyais. Car,
je l’avoue, j’avais tort, une nouvelle fois ! De guerre lasse, j’ai cédé à
mes jeunes Y et j’ai ouvert mon compte, @montaudpro, très franchement, pour
leur faire plaisir. Et là, miracle, j’ai découvert un outil merveilleux, à
mille lieux de mon imaginaire de crouton défraichi. Depuis, je soigne mon
syndrome de « vieux c.. » à coup de hashtag (#) et autres
arobases (@). Je #FF et #TT allègrement. J’ai des followers, des gens qui m’aiment
et me suivent. Je gazouille et je suis les gazouillis. Au-delà du bruit de fond
numérique qui caractérise la blogosphère mondiale, twitter s’est révélé être un
formidable outil de veille, me donnant accès à des infos de toute première
main. Et franchement, n’est-ce pas ce que l’on recherche en innovation ? Mieux
encore, j’ai découvert des experts qui trient, analysent et commentent. Ici
plus de perte de temps : Il faut maitriser l’art de la synthèse, mieux qu’un
émérite énarque, pour plier sa pensée au despotisme des 140 signes. Au placard les alertes actualités ! Ici
on vit dans l’instant. Etonnante histoire pour cet outil qui, de l’aveu même d’un
de ses fondateurs, « n’avait pas été conçu pour être utile ».
Bon, c’est
vrai, il vaut mieux, parfois, avoir l’expérience d’un vieux routard pour ne pas
se laisser embarquer dans des infos pour le moins fumeuses. Ainsi Julie Gayet, la
supposée éminente égérie présidentielle, est créditée d’au moins 5 comptes
Twitter, probablement tous plus faux les uns que les autres. Impossible à dire
même en croisant les données : en quelques jours, la belle et charmante inconnue
est devenue la véritable révélation d’Internet. Pour preuve : alors qu’un
jour normal, la requête championne sur la toile ne dépasse pas les 100 000
demandes, l’actrice a explosé tous les compteurs en générant 2 millions de
visites, un certain vendredi 10 janvier.
Et si cela n’est pas une révélation,
je n’ai qu’à clôturer cette chronique ! D’ailleurs, son titre a déjà suffi
par lui-même pour que je sois moulte fois retwitté !
Le « vieux c.. »,
@Montaudpro