Google, c’est comme le chien-chien à sa mémère : vous lui lancez un objet et il vous ramènera toujours quelque chose. Dans le langage informatique plus châtié, on appelle cela des requêtes et des résultats. Ainsi, connaissez-vous le terme qui vous renvoie pratiquement 1,8 milliard de réponses ?
Holà,
holà, ami lecteur, cool, cool, ne t’emballe pas ! Pas la peine de me
proposer ton sourire entendu et légèrement lubrique ! Car, loin de tes
pensées perverses, le mot qui écrabouille à plate couture, celui que tu avais naturellement
en tête est … «innovation ».
INNOVATION, ces 10 lettres
sonnent comme le Graal des temps modernes. Pas un jour, une heure, une minute
où vous ne croisiez ce terme assaisonné à toutes les sauces, plus ou moins
digestes. Normal, me direz-vous, quand on voit qu’il contient, en son sein, le germe
d’une « ovation ». Mais quand même, faudrait pas exagérer ! Au
dire des média, des politiques et autres sources bien informées, l’innovation
sauvera nos pays développés, créera de l’emploi et de la valeur ajoutée,
rétablira notre balance commerciale, dégonflera la dette, sera notre pétrole du
21ème siècle et le renouveau de l’industrie, combattra le
réchauffement climatique et sera pourvoyeuse de toutes les énergies, et j’en
oublie. N’en jetez plus ! Tout cela est peut-être vrai, mais ceux qui ont
ce seul mot d’innovation à la bouche, savent-ils réellement de quoi ils parlent ?
Je monte régulièrement dans les
tours comme un bolide rouge sur une route piemontaise, lorsqu’on réduit l’innovation à la technologie. J’hurle, tel
un loup affamé dans le grand nord des steppes sibériennes, quand on calcule
l’efficience de la recherche par la seule quantité de publications
scientifiques dans de prestigieuses revues internationales. Je pisse
l’adrénaline par tous mes pores dès que je vois sortir un classement innovation
basé exclusivement sur les brevets.
Non, ami lecteur, je ne m’énerve pas, j’explique !
Contraindre l’innovation à ces
seuls critères relève, à minima, d’un délit de (mal) initié. L’innovation a
cela de magique qu’elle s’applique à tout : de la technologie aux usages
en passant par l’organisation. Elle est accessible à tous, grand ou petit
tant il est vrai que l’imagination et le bon sens se marient avec grâce. Messieurs
Toyota et son Lean management, RyanAir et son low cost ou Facebook et son
réseau social, sont des innovateurs aussi respectables que les inventeurs du
moteur diesel, du smartphone ou du couteau suisse. Je suis tout autant en admiration
devant ces patrons de PME dont l’innovation se cache dans l’ingéniosité extrême
et la maitrise unique de l’outil de production. Oui, l’innovation est multiple
et souvent invisible. C’est bien cela qui fait son charme mais aussi sa
faiblesse, les innovateurs étant, le plus souvent, des gens particulièrement taiseux.
Aussi, lorsque d’outre tombe, un
Steve Jobs vous balance ses conseils d’innovation (« Digital leader »
Erik Qualmann, ou « Steve Jobs » par Walter Isaacson), on serre les
fesses, on ouvre grand ses oreilles et on prend des notes, fissa. Je vous en ai
compilé quelques petits extraits pour vous permettre de briller au prochain
diner en ville.
· Tu renifleras les bonnes idées: ce n’est pas toujours la peine de réinventer un produit. Ce qui compte, c’est l’usage. En d’autres termes, allez regarder dans les tiroirs des copains, s’ils n’y a pas de bonnes idées à réadapter.
· Tu te ficheras éperdument de la pensée dominante: être désobéissant n’a fait de mal à personne. Pas la peine de faire le mouton, sortez des autoroutes de la pensée unique ! Tentez les chemins de traverses vers les besoins non-exprimés. Bye-bye les études de marché sclérosantes ! (…mais tout le monde n’est pas Steve Jobs)
· Ton concurrent, tu créeras toi-même, tout seul, comme un grand : autant inventer le produit qui vampirisera sa propre innovation, plutôt que d’attendre que la concurrence le fasse à votre place.
· Ta communication, tu maitriseras : l’innovation ça s’entretient. Créez l’émotion et l’envie par des informations fournies avec parcimonie et par le culte du secret. Vous tiendrez le client en haleine et lui offrirez ainsi le sentiment d’exclusivité.
· Tu préfèreras l’innovation frugale : ce ne sont pas les gros budgets de Recherche qui font la bonne innovation mais l’agilité et la capacité à repérer les tendances.
· Tu bâtiras des commandos plutôt qu’une grande armée : la petite équipe favorise la cohésion, la rapidité et l’absence d’idée préconçue.
Et puis pour terminer, trois méditations remuo-dérangeantes à méditer
sans parcimonie :
« Le design, ce n’est ni l’apparence, ni le ressenti mais l’art du fonctionnement harmonieux »
«La créativité consiste juste à connecter les choses entre elles au moment où cela semble évident »
Et
celle que j’afficherai le plus volontiers dans mon bureau :
«Si vous regardez avec attention, la plupart des succès obtenus du jour au lendemain prennent vraiment beaucoup de temps».T
Tu vois bien, ami lecteur, je ne m'énerve pas, j'explique !