dimanche 4 mai 2014

Je ne m'énerve pas, j'explique !



Google, c’est comme le chien-chien à sa mémère : vous lui lancez un objet et il vous ramènera toujours quelque chose. Dans le langage informatique plus châtié, on appelle cela des requêtes et des résultats. Ainsi, connaissez-vous le terme qui vous renvoie pratiquement 1,8 milliard de réponses ?

 Holà, holà, ami lecteur, cool, cool, ne t’emballe pas ! Pas la peine de me proposer ton sourire entendu et légèrement lubrique ! Car, loin de tes pensées perverses, le mot qui écrabouille à plate couture, celui que tu avais naturellement en tête est … «innovation ».

INNOVATION, ces 10 lettres sonnent comme le Graal des temps modernes. Pas un jour, une heure, une minute où vous ne croisiez ce terme assaisonné à toutes les sauces, plus ou moins digestes. Normal, me direz-vous, quand on voit qu’il contient, en son sein, le germe d’une « ovation ». Mais quand même, faudrait pas exagérer ! Au dire des média, des politiques et autres sources bien informées, l’innovation sauvera nos pays développés, créera de l’emploi et de la valeur ajoutée, rétablira notre balance commerciale, dégonflera la dette, sera notre pétrole du 21ème siècle et le renouveau de l’industrie, combattra le réchauffement climatique et sera pourvoyeuse de toutes les énergies, et j’en oublie. N’en jetez plus ! Tout cela est peut-être vrai, mais ceux qui ont ce seul mot d’innovation à la bouche, savent-ils  réellement de quoi ils parlent ?
Je monte régulièrement dans les tours comme un bolide rouge sur une route piemontaise, lorsqu’on réduit  l’innovation à la technologie. J’hurle, tel un loup affamé dans le grand nord des steppes sibériennes, quand on calcule l’efficience de la recherche par la seule quantité de publications scientifiques dans de prestigieuses revues internationales. Je pisse l’adrénaline par tous mes pores dès que je vois sortir un classement innovation basé exclusivement sur les brevets.

Non, ami lecteur, je ne m’énerve pas, j’explique !

Contraindre l’innovation à ces seuls critères relève, à minima, d’un délit de (mal) initié. L’innovation a cela de magique qu’elle s’applique à tout : de la technologie aux usages en passant par l’organisation. Elle est accessible à tous, grand ou petit  tant il est vrai que l’imagination et le bon sens se marient avec grâce. Messieurs Toyota et son Lean management, RyanAir et son low cost ou Facebook et son réseau social, sont des innovateurs aussi respectables que les inventeurs du moteur diesel, du smartphone ou du couteau suisse. Je suis tout autant en admiration devant ces patrons de PME dont l’innovation se cache dans l’ingéniosité extrême et la maitrise unique de l’outil de production. Oui, l’innovation est multiple et souvent invisible. C’est bien cela qui fait son charme mais aussi sa faiblesse, les innovateurs étant, le plus souvent, des gens particulièrement taiseux.

Aussi, lorsque d’outre tombe, un Steve Jobs vous balance ses conseils d’innovation (« Digital leader » Erik Qualmann, ou « Steve Jobs » par Walter Isaacson), on serre les fesses, on ouvre grand ses oreilles et on prend des notes, fissa. Je vous en ai compilé quelques petits extraits pour vous permettre de briller au prochain diner en ville.

·         Simplifier, simplifier, simplifier : faire simple est compliqué mais le réussir permet ensuite de déplacer des montagnes

·         Tu renifleras  les bonnes idées: ce n’est pas toujours  la peine de réinventer un produit. Ce qui compte, c’est l’usage. En d’autres termes, allez regarder dans les tiroirs des copains, s’ils n’y a pas de bonnes idées à réadapter.

·         Tu te ficheras éperdument  de la pensée dominante: être désobéissant n’a fait de mal à personne. Pas la peine de faire le mouton, sortez des autoroutes de la pensée unique ! Tentez les chemins de traverses vers les besoins non-exprimés. Bye-bye  les études de marché  sclérosantes ! (…mais tout le monde n’est pas Steve Jobs)

·         Ton concurrent, tu créeras toi-même, tout seul, comme un grand : autant inventer le produit qui vampirisera sa propre innovation, plutôt que d’attendre que la concurrence le fasse à votre place.

·         Ta communication, tu maitriseras : l’innovation ça s’entretient. Créez l’émotion et l’envie par des informations fournies avec parcimonie et par le culte du secret. Vous tiendrez le client en haleine et lui offrirez ainsi le sentiment d’exclusivité.

·         Tu préfèreras l’innovation frugale : ce ne sont pas les gros budgets de Recherche qui font la bonne innovation mais l’agilité et la capacité à repérer les tendances.

·         Tu bâtiras des commandos plutôt  qu’une grande armée : la petite équipe favorise la cohésion, la rapidité et l’absence d’idée préconçue.


Et puis pour terminer, trois méditations remuo-dérangeantes à méditer sans parcimonie :
        « Le design, ce n’est ni l’apparence, ni le ressenti mais l’art du fonctionnement harmonieux »
            «La créativité consiste juste à connecter les choses entre elles au moment où cela semble évident »

Et celle que j’afficherai le plus volontiers dans mon bureau :
                 «Si vous regardez avec attention, la plupart des succès obtenus du jour au lendemain prennent vraiment beaucoup de temps».
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Tu vois bien, ami lecteur, je ne m'énerve pas, j'explique !