Quelle incroyable révélation !
Les bleus au Mondial : bon pour le référencement du blog ! |
Le Mondial serait, à en croire des sources ultra autorisées, la plus importante révolution planétaire : une manifestation mettant en communion trois ou quatre milliards de bipèdes humanoïdes devant de splendides apollons à la crinière iroquoise ou au torse tatoué qui se disputent la propriété d’un ballon rond. Dans un ballet qui n’a rien à envier aux charmes du Bolchoï, 22 joueurs deviennent durant 90 minutes les as de la relance, avec une efficacité bien plus redoutable que la BCE ou la réserve fédérale américaine. Car il faut bien le reconnaitre, leur magique coup de pied fait le bonheur de bien des professions.
Les chaines télé engrangent des audiences stratosphériques et les recettes publicitaires associées. Les urgences de l’hôpital retrouve la joie de vivre: « tu vois, tonton, c’était rien, juste un petit coup de tension mais t’aurais pas dû t’énerver comme ça avec l’arbitre ».Dans l’économie, le foot réveille le textile convalescent et affole les courbes de ventes de pizzas, merguez et autres canettes en tout genre ! On rigole des bons mots des sportifs : «jokeStic», «reprouvement» , «la routourne va tourner» ou «avoir les épaules sur la tête» garnissent plus efficacement les pages d’un nouveau dictionnaire que le travail consciencieux de nos pauvres Immortels de l’Académie Française . Le foot c’est que du bon ! Plus efficace que le Prozac ou le Laroxyl, il étire la banane sur les visages à chaque but marqué. Et c’est bien cela qui fait sa force : une capacité infinie à nous sortir du quotidien !
Mais si on y regarde de plus près, et parce que vraiment je ne serai jamais un émérite chroniqueur sportif, la vraie grosse méga révolution qui nous déboule dessus tel un tsunami sur une cote lointaine, se cache dans les tréfonds des datas centers. Elle a même un nom « Big Data » ou Méga données si on veut éviter l’anglo-latin. Mon coté légèrement retord me laisserait à penser que le Big s’applique tout autant aux données qu’à la taille du gâteau que les sociétés informatiques, les opérateurs de réseaux et autres fournisseurs de logiciels vont pouvoir se partager. Le Big Data, nom sorti de la magique invention d’un marketeur américain, n’est rien d’autre que l’exploitation rapide de données produites de façon massive par nos sociétés modernes. Bon d’accord, on a modélisé un peu l’ensemble en amenant le concept de trois V (Vélocité, Volume, Véracité). Mais au bout du bout du compte, ce que l’on veut faire, c’est traiter à toute vitesse cette énorme masse de données non structurées qui, en tant que telle, n’a aucune valeur, mais qui, travaillée par des mineurs de fond (data mining), va nous révéler des secrets insoupçonnés. Ainsi, il y a quelques années une start up utilisait les positions de tous les portables couplée à une carte routière pour détecter les zones de bouchon. Aujourd’hui, on mobilise les petits accéléromètres de nos Smartphones pour connaitre les tressautements de la voiture et détecter les nids de poules. Cette information corrélée avec beaucoup d’autres sera envoyée au service des routes pour réparation de la chaussée. Ne rigolez pas : cela existe déjà à Boston. Et avec les objets connectés, le phénomène va encore s’accélérer. Une merveille ? Pas si sûr car ce qui m’inquiète le plus est la consommation énergétique de tous ces petits monstres bardés de capteurs et connectés aux serveurs informatiques. Si l’on n’y prend pas garde, c’est un déluge d’électricité qu’il faudra pour alimenter le Big data. Un sujet qui pour l’instant est passé inaperçu face aux possibilités positives … ou négatives de ce nouveau système nerveux planétaire.
Ronaldo Ribery Messy - Encore bon pour référencement !!! |
Mais le Mondial est là, alors relax. .. Quoique, même dans le sport, les méga données commencent à être exploitées. En regardant Roland Garros, votre écran vous indique en superposition que tel joueur a couru 50,83 mètres avant un point décisif. Son image totalement éreintée après cette mini distance accessible à tous, tend à confirmer que les tennismen ne sont pas de grands athlètes ! Mais non, je plaisante ! Et dans le foot c’est pareil : on fixe, durant les entrainements, des GPS dans le dos des joueurs. Les protèges tibia fournissent les accélérations à des staffs hyper-connectés. Sur une année entière, une équipe pro de D1 peut générer dans les 10 millions de données, ouvrant l’opportunité de jobs rémunérateurs à de jeunes statisticiens sportifs. L’objectif est évidemment de peaufiner la trajectoire optimale qui poussera le ballon dans la cage adversaire. Une chimère ? Pas tant que cela mais il faut toutefois se souvenir qu’au sommet des chaussures et de la silhouette musculo-squelettique du footballeur se trouve une masse gélatineuse grise répondant au doux nom de cerveau. Et celui-ci à la fâcheuse tendance de ne pas réagir exactement comme de l’intelligence artificielle. Malgré tous les modèles Bigdataliens, il sera difficile d’intégrer les états d’âme du joueur recevant, quelques minutes avant le match, le mail assassin : « je te quitte ». Et paf, voilà le dixième de seconde de trop dans une passe ou devant les buts qui met à plat toutes les belles stratégies ! A moins que, l’entraineur technique n’ait intégré une analyse statistique des derniers profils Facebook et autre Twitter lui indiquant que le Numero xx était potentiellement en phase de rupture et lui suggérant de le laisser, de ce fait, sur le banc.
Je vous l’ai dit, la vraie révolution est bien là… Sauf si tout cela n’est que pur fantasme et que le seul vrai moteur qui fasse gagner une équipe soit la cohésion et l’envie. C’est d’ailleurs la conclusion que je préfère !
Alors, allez les Bleus !
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