Une vision iconoclaste et humoristique de l'innovation et des nouvelles technologies.
jeudi 15 novembre 2012
Le BEAUJOLAIS NOUVEAU EST ARRIVE, ... enfin presque !!!!
Savez-vous ce que l’on peut faire avec des pouillèmes de vitamines B2, B3, B5, B6, B12, un peu de D-glucuronolactone, quelques milligrames de caféine et une rasade de taurine ?
Oh lecteur fidèle, ne me regarde pas avec des yeux effarés ! Je te rassure, ce n’est pas le goût de banane si cher au Beaujolais nouveau. Alors, une crème à bronzer ? Une bombe artisanale ? Une plante transgénique ? Un activateur de Viagra ?
Tu n’y es pas du tout ! Avec cette décoction détonante, on fait sauter un bonhomme de 40 km de haut, car c’est au « Red Bull», où au moins à ses euros que l’on doit le grand plongeon mediatico-technique de Felix Baumgartner. Exploit ou inconscience calculée : difficile à dire car le balaise Rambo est un mélange étonnant de tête brulée et de technicien hors pair. Pendant un peu plus de 2 heures, il se prélasse bien au chaud dans un ascenseur qui le grimpe bien au dessus de nos vilaines particules polluantes et autres cumulo-nimbus Sandyesques et puis, soudain, Ding Dong, la porte s’ouvre. Mon coco, le spectacle, maintenant, c’est toi qui le fait et tu as 7 millions d’internautes sur You tube. Là, il faut bien reconnaitre que la firme autrichienne « pétée de tune » à force de nous faire « péter le palpitant » avec son breuvage, a bien fait les choses. Les 20 caméras sur le ballon, sur le sauteur, sur les hélicos, dans la salle de contrôle digne de la Nasa nous promettent le grand frisson… enfin, avec 20 secondes de décalage, au cas où le bolide humain se transformerait en météorite incontrôlable. Et là, le mec, dans son impeccable costume de cosmonaute, salut la i-foule 2.0 et saute. Au début, nickel : c’est la perfection d’une chute libre parfaitement contrôlée. Ensuite à mesure que la vitesse augmente pour atteindre les 1228 km/h, les choses se mettent à tourner un peu trop rond. La caméra infrarouge nous montre une silhouette qui part en toupie, voire plus si affinité. Même pas le temps d’ouvrir un « doggy bag » ! Imperturbable, Baumgartner tient le cap, stabilise, et, 4 minutes plus tard, se pose à Roswell, extraterrestre du 21ème siècle.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais à quoi ça sert ?
Question fatale car ceux qui se rappellent des séquences du film « l’étoffe des héros » verront une analogie troublante avec les années 50 où, avant de partir à la conquête de l’Espace, l’Homme version US Air Force tentait de fracasser le mur du son. Allez, on remballe, « The Show must go on ». On a réussi le spectacle, on a satisfait le rêve de Rambo, on a montré que l’on pouvait éjecter un astronaute dans sa fusée en perdition. C’est pas tout ça mais j’ai de la Formule 1, ce week-end !
Car ce qui est réellement troublant c’est cette tournure que prend l’aventure spatiale occidentale avec l’intrusion de plus en plus massive du privé, à mesure que les deniers publics des agences gouvernementales se font rares. Je ne parle pas des billets pour milliardaires vendus par les russes pour voyager en classe « Business plus plus » à bord du Soyouz. Ni de l’expérience que propose Richard Bronson avec Virgin Galactic pour s’envoyer en l’air à moindre frais à plus de 100 km d’altitude. Non, le plus étonnant et qui est passé totalement inaperçu, est le fait que la NASA ait confié le ravitaillement des astronautes de la station spatiale à Falcon X, une fusée 100% « capitaliste » pour pallier le manque de ressources de l’agence . Le leitmotiv : sabrer partout dans les dépenses et faire pas cher. Après Apollo, entre-t-on dans l’ère de la capsule Sodexo ? Adieu l’homme sur la Lune ou sur Mars. On fait dans l’utilitarisme.
… Et pendant ce temps là, à l’Est,la Chine, encore elle, investit des dizaines de milliards de dollars pour se payer une aventure spatiale à rythme soutenu. Ceux qui rêvaient d’une Chine cantonnée dans le rôle d’usine du monde, doivent rire (très) jaune en voyant la capacité de recherche et la maitrise parfaite de technologies particulièrement exigeantes. Après le premier chinois dans l’espace, la première chinoise, la première sortie extra véhiculaire chinoise, il y aura bientôt la première station spatiale et, dixit Obama, le prochain homme sur la Lune sera Chinois. Le pays construit une gigantesque fusée baptisée Longue Marche 9, pour mettre sur orbite l’équivalent de 5 semi-remorques alors qu’une Ariane 5 ou une navette se limitent à un autobus.
Et l’Europe dans tout ça ? Elle gère pas mal le succès d’Ariane Espace, un mixte public-privé. Elle a fourni un « appartement » à la station spatiale américaine ISS et elle se verrait bien faire de même avec les chinois.
A moins que, rattrapée par la crise de la dette, elle ne se laisse tenter à son tour par le sponsoring.
France Info – 19 Novembre 2020 : « Le Beaujolais Nouveau est arrivé. La sonde spatiale européenne du même nom vient de se poser avec succès sur… »
On trinque ?
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