dimanche 14 février 2021

CoronaVaccin : l'an foiré !

 

Mais quelle merveilleuse année, nous venons de vivre !


Bon là, ami fidèle de ces lignes, soit tu lis en transversale cette chronique et il ne se passe rien. Soit tu compares le titre et l’intro et ton cerveau disjoncte instantanément. Et pourtant, l’année vingt-vingt est peut-être bien une des plus belles en terme de recherche. On disait que les français se désintéressaient des sciences et des technologies. Erreur majeure. Nous nous sommes tous transformés, en quelques mois, en spécialistes de l’ADN, de l’ARN messager et autre spike. Mieux encore, nous avons tous une opinion affirmée sur les virus et leur diffusion. Les commentaires concernant l’efficacité vaccinale se sont substitués à ceux sur la météo d’Evelyne Dheliat dans les discussions du café du commerce. Enfin, seulement à l’époque lointaine où les bars étaient ouverts.

Et pourtant ! Qui a réellement compris la bataille qui se jouait à l’échelle de nos cellules ? Les hackers d’internet font bien pâle figure à coté de ce combat sans merci. Allez, un peu de révision ne nous fera pas de mal. L’ADN, c’est la star du vivant. Une sorte de Bibliothèque Nationale de France, ultra protégée dans nos cellules, qui possède notre partition de la vie. A côté, l’ARN fait l’effet d’un petit être chétif, une collection Arlequin de roman de gare qui ne survit que la durée d’un trajet en train. L’ARN, on le voyait comme une sorte de photocopie traductrice qui allait dire à nos usines à protéines (les ribosomes) quoi fabriquer. Ensuite, poubelle. Autant dire que pour un chercheur, il n’y avait pas de gros intérêts à travailler dessus si on voulait réussir une brillante carrière.

C’est là qu’intervient une anachronique hongroise, Katalin Kariko. Elle a d’abord vécu dans une ville qui aurait fait le bonheur des scrabblistes du dimanche : Kisujszallas. Sa passion, c’est l’ARN messager. Mais cela intéresse tellement son labo de Szeged, qu’elle s’en fait renvoyer. Elle décide alors de traverser l’Atlantique avec son modeste pactole financier caché dans l’ours en peluche de sa petite fille. A elle, l’Amérique et plus précisément l’Université de Temple à Philadelphie qui lui tend les bras. Le rêve américain ?… Enfin pas vraiment. Dans le pays du « business as usual », elle enchaine les refus de bourses de recherche.

« C’est qui cette hurluberlue qui continue à vouloir travailler sur l’ARN, alors que le futur est dans l’ADN  ? »

Le coup de grâce tombe en 1995 lorsqu’elle est rétrogradée du rang de professeur à celui de simple chercheur. Mais la dame s’accroche. En 1997, elle croise à la photocopieuse un certain Drew Weissman qui travaille sur le VIH. A eux deux, ils découvrent le moyen de protéger l’ARN synthétique afin de rentrer dans les cellules sans se faire bousiller au passage. Un truc assez génial que l’on va retrouver dans les vaccins et qui pourrait bien leur valoir un bon gros Nobel.

Mais je digresse, je digresse.

Donc, revenons à notre pauvre virus affamé. Il n’a pas d’autres moyens que de rentrer tel un voleur dans les cellules pour pirater les ribosomes grâce à ses ARN afin de détourner à sa faveur, la fabrication des protéines dont il a besoin pour survivre. Il est astucieux le bougre. Avec un petit crochet (spike), il s’agrippe à la cellule avant de déverser sa cargaison à l’intérieur. Et c’est là que s’engage la bataille dantesque : les ribosomes se mettent à produire en masse les constituants qui vont donner en quelques heures des millions de particules virales. Si notre système de surveillance ne détecte pas suffisamment tôt l’intrus, nos cellules sont alors détruites en masse. C’est ce qui arrive avec le SARS-CoV-2 qui n’a pas déclenché d’alarme intrusion car le corps ne le connaissait pas.

Et c’est là qu’interviennent les vaccins à ARNmessager. En gros, on injecte des ARNm avec le mode d’emploi pour fabriquer des pathogènes ressemblant au virus. Là c’est de la très haute technologie. L’ARNm est équipé d’une armure de graisse lui permettant de passer la barrière de la cellule (l’innovation de dame Kariko). Puis il demande gentiment à l’usine ribosome de fabriquer une protéine qui va ressembler au spike du virus. Celle-ci va alors ressortir de la cellule pour entrainer le système immunitaire à reconnaitre le danger et quand le vrai virus arrive, paf, c’est le massacre à la mode Rambo. Car le système a de la mémoire, le bougre : c’est encore mieux qu’un collier d’immunité dans Koh Lanta !

L’avantage de la technique, c’est qu’elle est reconfigurable et que nos petits ARN messager sont rapidement évanescents. Pfuit, ni vus ni connus !

Alors oui, cette chronique est bien le troisième volet de la saga coronavirage et coronalphabet commencée il y a un an. Et si votre pervers chroniqueur l'a affublé du terme de "l’an foiré", c'est uniquement pour vous induire en erreur. Car l'an foiré existe vraiment mais en 2021 avec 4 des 11 jours fériés qui tombent un WE.

Et là, franchement, aucun vaccin ne pourra traiter cette malédiction !

 

André Montaud

montaudpro@gmail.com

2 commentaires: