samedi 1 janvier 2005

Le devoir d'agir

En ce premier de l’an 2005, comment pouvions-nous faire taire les images que nous avions tous en tête, en provenance du Sud-Est Asiatique ?


Catastrophe à l’échelle d’un continent.

26 décembre 0h 58mn49s (TU) : c’est encore Noël en Amérique. Ici, au large de Sumatra, se déclenche l’un des plus grands tremblements de terre du siècle. Incompréhensible, au travers des chiffres, il ne nous reste que les comparaisons pour visualiser le phénomène. Imaginez les Alpes, de Genève à la Côte d’Azur, se déplaçant en 3 minutes de 10 mètres et se surélevant de 2. Tout cela sous plusieurs milliers de mètres d’eau, déclenchant, du coup, la vague géante qui a tout balayé sur son passage à l’approche des côtes.
En eau profonde, un Tsunami est imperceptible par les navires : quelques dizaines de centimètres d’amplitude pour une longueur d’onde de 250 km et une vitesse de propagation de 700 à 800 km/h. Par faible profondeur, son énergie se condense sur une distance beaucoup plus courte, ce qui engendre des vagues meurtrières et destructrices dont la vitesse est d’environ 40km/h et la hauteur, variable avec la configuration des côtes, peut atteindre facilement la quinzaine de mètres,voire plus.

C’est ce qui s’est produit tout autour du golfe du Bengale.

Cet épisode dramatique nous amène à formuler trois constats :

1- Gardons nous bien du syndrome de « lucidité rétrospective ». Prévoir l’évènement était impossible. Prévenir les populations de l’arrivée du Tsunami était difficile. Tous les tremblements de terre sous-marins ne déclenchent pas de raz de marée, heureusement ! Dans cette zone de forte activité sismique, les risques de Tsunami extrême étaient connus mais considérés comme limités. Comment, dans ces conditions, maintenir la conscience d’un danger auprès de toute une population, lorsque celle-ci ne l’expérimente jamais ? On nous a parlé du réseau d’alerte aux Tsunami du Pacifique. Mais les échelles sont tout autres ! Il faut 20 heures pour qu’un glissement de terrain au large du Chili entraîne une vague au Japon. Ici, en moins de 2 heures, tout était fini. Certes, il n’y avait pas ces fameuses bouées d’alerte émergées en pleine mer, mais vous découvrirez, comme nous, en surfant sur Internet que ce système est encore expérimental et a été mis en service il y a juste 3 ans . A l’heure où notre société moderne recherche le risque zéro, la nature nous rappelle de façon brutale que, bien souvent, c’est elle qui reste maître du jeu.

2- Cette catastrophe est sans aucun doute la première catastrophe planétaire. Expliquons-nous. Il y a bien eu en Chine, en 1976, un séisme extrême ayant tué 250 000 personnes (peut-être même 700 000), mais ici en décembre 2004, par les effets du tourisme mondial, on découvre que, au-delà, de la Région touchée, ce sont de très nombreux pays qui sont directement concernés. Les morts ne sont plus des statistiques anonymes mais des visages de compatriotes ou de voisins, faisant que chacun s’approprie le drame. Cela nous amène au troisième constat.


3- C’est la première fois, qu’une mobilisation d’une telle ampleur et qu’une telle prise de conscience se font à l’échelle de la Terre. Au-delà des grands médias classiques, Internet a joué et joue un rôle essentiel dans cette diffusion de l’information et de mise en relation. De part sa robustesse, le réseau a souvent été le seul lien vers l’extérieur, pourvoyeur de données et d’images (n’oublions pas pour autant les radioamateurs qui, dans les zones totalement isolées sont au premier plan). Internet est aussi, et c’est sans doute là qu’il démontre toute sa légitimité, un outil d’aide à la reconnaissance des disparus
.

Reste la réalité du désastre. Devant l’immensité de la tâche à accomplir, le monde entier se mobilise d’une manière jamais connue jusque là. Que pouvons-nous faire à notre échelle ? Vous êtes entre 3000 et 4000 à lire cette newsletter en Europe.

Je vous proposerai donc 3 actions simples.

La première, sera que chacun d’entre nous apporte son soutien à l’une des organisations humanitaires dont il se sent le plus proche. Une carte bancaire et un lien Internet, un chèque et une enveloppe : il n’y a rien de plus simple.
La seconde, sera de renvoyer cette newsletter à 10 personnes (ou plus) de votre carnet d’adresse mail.
La troisième sera de noter dans votre agenda, au mois de Juin 2005, le mot Tsunami. Cela pour se souvenir, dans 6 mois, de ceux qui rebâtiront, alors que les projecteurs des médias se seront éteints.

Ce sera aussi, pour nous tous, le moyen de nous rappeler que le mot Humanité, est le seul nom commun que nous nous devons d’écrire toujours avec un H majuscule.

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