Dieu aurait-il fait des erreurs lors de la création du monde ?
Bon, soyons clair : à parcourir le livre de la Genèse, on se rend compte que le job n’était pas de tout repos. Regardez le quatrième jour. Il y avait déjà un ciel, une terre, un soleil, de l’eau, des arbres fruitiers et des étoiles. Au cinquième, on rajoute les poissons et les oiseaux. Arrive le sixième où apparaissent les animaux terrestres. Dès cette période, le genre humain était prêt à sortir de terre puisqu’il avait déjà les vaches pour produire du bon Reblochon, les oies et les canards pour l’alimenter en succulent foie gras et le raisin pour lui garantir de sublimes dives bouteilles. Bref, la femme et l’homme qui allaient suivre avaient tout pour être de bons épicuriens. Mais j’ai beau avoir lu et relu la Genèse, on ne retrouve nulle part de trace de la création du cilicidae (ordre des diptères sous ordre des nématocères). Le moustique, car tel est son petit nom, fût donc, sans aucun doute, victime d’un oubli ou d’une erreur lors du grand déballage… Et il nous le fait bien payer ! Individu irritant s’il en est, invisible le jour et massacreur du sommeil réparateur de nos nuits par ses vols circulaires autour de vos lobes auditifs, accompagnés d’attaques en piqué à la manière des Spitfire et autres chasseurs de la seconde guerre mondiale. S’il est insupportable à nos yeux, à nos oreilles et à notre peau et il est aussi un élément caractéristique de nos transhumances estivales et nous rappelle le nécessaire besoin de déconnecter quelques uns des neurones à connotation réflexive. Je vous demande donc de considérer avec bienveillance ces quelques lignes voyageuses issues d’une nocturne insomnie liée au maudit animal sus cité.
Au 19ème siècle, s’évader à l’autre bout de la planète depuis son salon, nécessitait de se plonger dans la collection des voyages extraordinaires écrits par le grand Jules, amateur de petit Lu et danseur sur pont. Au 21ème siècle, je reste pour ma part toujours sidéré par le monde virtuel créé par Google Earth (http://earth.google.fr/ ), une seconde terre faite de zéros et de uns mais qui permet de voyager du pôle nord à l’équateur, de l’Everest aux îles Aléoutiennes ou des Bahamas au Sahara, tout en restant dans son fauteuil. Au-delà du plaisir des yeux, je crois que nous voyons émerger là, une nouvelle génération de moteurs de recherche basée sur la cartographie, avec le marché qui va avec. Google propose en effet une série de « couches » (les layers) permettant de géolocaliser toute sorte d’informations. Il a par exemple racheté sans bruit, en juillet, une société espagnole, Panoramio, (http://www.panoramio.com/) dont le site positionne les photos de tout un chacun sur le globe virtuel. Et c’est là, me semble-t-il, la vraie révolution du nouvel internet, le WEB 2.0, où l’interaction devient massive entre les sites « receveurs » et la contribution directe de la foule des internautes devenus « acteurs ».
C’est aussi la revanche du touriste consommateur face à une ville, une région ou un pays qu’il ne connaît pas. La qualité souvent métrique des images et des cartes associées, permet de savoir si le magnifique hôtel du catalogue, perdu dans une végétation exubérante et dont l’illustration a été obtenue par un photographe contorsionniste, n’est pas situé, en réalité, à quelques mètres d’une autoroute à 14 voies ou d’une centrale thermique nauséabonde. Pour la France, le Geoportail de l’IGN (http://www.geoportail.fr/ ) bat souvent Google grâce à une banque d’images plus précise et plus récente mais relève de la même approche (voir l’utilisation qu’en fait les pages jaunes).
Autre point qui me semble mutant, est le réflexe communautaire avec le besoin irrésistible de faire partager ses expériences bonnes ou mauvaises. Les « Oh » et les « Ah » de contentement ou de grognement, hier limités au cercle d’amis, aux collègues de bureau ou de comptoir de café, se répandent maintenant sur la terre entière. L’internet démultiplie les « émetteurs » et les « récepteurs » d’avis : par exemple, le site Tripadvisor (http://www.tripadvisor.fr/ ) permet d’avoir, à priori, une opinion souvent moins tendancieuse de son hébergement de vacances, grâce aux multiples commentaires déposés. C’est là, pour le marketeur « malicieux » une source redoutable à bien appréhender : gare à celui qui aurait une brochure de présentation trop éloignée de la réalité décrite par les internautes (mais les marketeurs malicieux, cela n’existe plus, bien entendu) !
Ne restons pas pour autant béat devant tant de magie. Le Web ne présente pas que des qualités. Si les sites de voyages, permettent encore de réaliser de bonnes affaires, nous assistons, après une période euphorique, à une relative homogénéisation de l’offre. L’effet tête de gondole se développe aussi dans le monde virtuel, cachant la réalité de tout ce qui n’est pas massivement visible sur internet. Le bon internaute doit se rappeler qu’il a aussi une tête pour réfléchir et ne pas hésiter à passer la troisième ou la quatrième page de recherche, s’il veut commencer à apercevoir autre chose que des centrales de réservation (que ceux qui n’ont pas testé un moteur de recherche avec les requêtes Paris et hôtel fassent l’expérience). Plus délicat encore, est l’utilisation des comparateurs, sauf peut-être pour les voyages aériens. Au mieux, la comparaison se fait sur les sites des grands voyagistes … au pire, uniquement sur les sites sponsors, mais dans tous les cas très loin de l’exhaustivité souvent revendiquée. Enfin le Web a son coté pratique pour les grands départs : les ViaMichelin (http://www.viamichelin.fr/) et autre Mappy (http://www.mappy.fr/) sont redoutablement efficaces pour tracer le chemin le plus rapide pour aller du point A au point B, mais ils ne sont pas encore au niveau de la carte routière pour s’inventer les chemins de traverses permettant de lézarder au détour d’un virage.
Les rêveries d’un promeneur solitaire d’un Jean-Jacques Rousseau édition 2007 s’écrivent : « 2km droit, tourne gauche, virage, 500 mètres rond point, droit, 1 km, entrée village … », un peu limite pour l’esprit.
Reste la grenouille, non pas l’avaleuse de moustiques mais la prévisionniste météorologiste. Le temps qu’il fait reste la préoccupation centrale des estivants et le sujet de bien des discussions durant cet été totalement hors norme. Notez en aparté que « la bombe » des années 50 a été remplacée par « le réchauffement climatique » pour expliquer les caprices de nuages baladeurs qui, au lieu d’arroser tranquillement l’Islande viennent prendre le soleil sur la côte Atlantique. Que faire en effet, lorsque le barbecue se prépare, que les amis se retrouvent au jardin et que le ciel devient soudain menaçant alors que la télé avait bien évidemment annoncé un soleil radieux ? La solution peut, une nouvelle fois, si l’on cherche bien, venir de l’Internet. Le site meteox (http://www.meteox.fr/) donne en effet toutes les 10 minutes, et en temps réel, la position des zones de pluie. Ce n’est plus de la prévision mais de l’observation. Testez le, et vous saurez sans gros risque d’erreur, si le répit avant le déluge est suffisamment long pour que vos chipolatas soient cuites au charbon de bois et non à la vapeur d’eau !
Allez bon surf !
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