lundi 2 juillet 2007

L’économie du parasol

Ce que j’aime bien avec Hollywood, c’est que l’on s’emmêle rarement les neurones. Le message est clair, rustique, efficace.

Prenez l’exemple du réchauffement planétaire vu par « Le jour d’après ». En ultra bref, la banquise fond. Le Gulf Stream s’arrête, déclenchant, par un mystérieux mécanisme, trois immenses cyclones sur l’hémisphère Nord. Ces derniers se transforment en aspirateur de l’air stratosphérique et plonge notre monde occidental sous une épaisse couche de glace. Les bons sentiments sont saufs sous un déluge de neige et les gentils mexicains qui étaient bloqués derrière une frontière électrifiée deviennent la terre d’accueil d’une Amérique frigorifiée et reconnaissante.

Bon allez, on filme quoi maintenant Harry Potter ou Superman ?

Bien que l’ayant vu plusieurs fois, je suis beaucoup plus dubitatif sur « l’œuvre » de Al Gore, non pas que le film ne soit pas percutant, mais j’ai toujours un regard suspicieux sur le business qui entoure cette grosse cavalerie. A nouveau et en ultra bref : la terre se réchauffe, on court à la catastrophe mais super «Gore » veille et nous alerte à temps pour corriger le tir. C’est efficace mais les ficelles, fussent elles américaines, sont tellement grosses que le malaise me gagne systématiquement. Avez-vous vu la tête du pauvre ours blanc, en image de synthèse 3D hyperréaliste qui nage jusqu’à l’épuisement car il ne trouve plus de glace suffisamment solide pour se reposer ? Waooo ! Walt Disney n’aurait pas fait mieux avec un livre de la Jungle version four à micro onde.
Comment ne pas sourire devant la théorie boursière du gentil constructeur automobile ? Je vous la fait en rapide : Le bon Toyota, qui produit l’écologique Prius, gagne bien plus d’argent que les méchants Ford et GM qui construisent des monstres abreuvés par 25 litres d’essence aux 100 km.. Si l’on suit cette US vision, alors Renault, PSA ou Fiat, dont les émissions de CO2 par véhicule, sont les plus faibles du marché devraient faire le bonheur des boursicoteurs du dimanche et autres fonds de pension.
Le choc culturel le plus rude reste toutefois, pour moi, la séquence du tabac, version puritanisme anglican mâtiné de culpabilité judéo-chrétienne. Al Gore, lorsqu’il était petit, cueillait du tabac dans la ferme paternelle. Mais il ne savait pas que « le tabac, c’est pas bon ». Il perd l’une de ces proches, fumeuse intensive, d’un cancer du poumon, et tente depuis de se racheter en prêchant la bonne parole, sur le nouveau fléau de la terre chaude. (Une vérité qui dérange – Al Gore – 1 DVD Paramount)

Que l’on ne se méprenne pas. Ma critique ne concerne pas le fond du discours mais la forme.

Que la terre se réchauffe c’est un fait statistiquement de plus en plus probable. Que les origines en soient humaines est sans doute potentiellement vrai, au moins pour une part, mais nous posons nous réellement les bonnes questions ?

En ce sens, je ne vous conseillerai jamais assez de profiter de vos vacances pour vous intéresser au livre du chasseur de Mammouth, Claude Allègre, lui aussi victime du réchauffement (Le vieux pachiderme, pas l’ancien ministre professeur). Cette fois, je vous la fais à la mode « Reader Digest » : La terre chauffe peut-être mais nous serions bien intrépides de mettre des bâtons dans les roues de nos industries alors que d’autres ne se posent pas autant de questions métaphysiques. Le chaud peut avoir du bon. Protégeons notre économie, trouvons des alternatives intelligentes pour moins consommer de matières premières mais surtout, répondons d’abord à la question primordiale qui n’est pas le réchauffement mais la gestion et la répartition de l’eau disponible dans les années à venir.

Je vous dirais que je ne suis pas obligatoirement d’accord avec tout le contenu de l’ouvrage, par ailleurs assez facile à lire, mais j’avoue aimer les gens qui refusent la pensée dominante, fussent-ils seuls contre tous. Avec cela, on réfléchit un peu moins idiot ! (Ma vérité sur la Planète – Edition Plon)

Ce fut d’ailleurs le grand mérite de Wilfrid Le Naour, Pdg de Somfy, lors des dernières rencontres mécatroniques (EMM2007). Devant une docte assemblée, de chercheurs, d’industriels et de bureaux d’études, tous plus mécatroniciens les uns que les autres, le message fût : la R&D en mécatronique (ou domotique) c’est bien, cela nous aide à nous différencier et à gagner de l’argent mais C’EST HORS SUJET !

Imaginez-vous, face à un examinateur qui, à la fin de votre brillante dissertation vous dit : « Mouais, c’est pas mal, mais vous êtes à côté de la plaque ! ».

Allions nous devoir sortir, par la force, ce dangereux agitateur ? Heureusement, le technicien, auditeur de conférence, est avant tout une espèce placide qui considère le doute et la contradiction comme des éléments essentiels au progrès, ce qui nous permet aujourd’hui de rouler sur des pneus et non pas sur des rondins de bois. Donc « Super Wilfrid », comme l’on dit certains journaux, nous a fait le coup du : « c’est quoi réellement l’important ?». Et de nous démontrer que ce ne sont pas les quelques malheureux milliers de maisons écologiquement acceptables qui compenseront le parc existant des millions d’appartements énergivores. Là ; je vous la fait en moins bien que l’original…. Et de plaider, lui le capitaine d’industrie, libéral par nature, pour une intrusion forte du politique afin d’imposer des changements radicaux : « les awards de l’environnement 2007 auraient dû être attribués au gouvernement australien qui interdira, à partir de 2008, la vente des ampoules à incandescence au profit des lampes basse consommation ».

La contrainte librement acceptée, « l’opinion est prête », voilà bien une nouvelle forme de révolution verte qui met l’intelligence au service du collectif.

Idée de pur rêveur ? Pas si sûr car, et ce sera ma conclusion, nous arrivons enfin à LA DATE MAGIQUE ET MYTHIQUE : le 07/07/07. Ce 7 mystérieux, dont les nouveaux Nostradamus et la française des jeux nous garantissent un effet immédiat.
Le 07 juillet 2007 ouvrira cette année l’ère de l’économie du parasol, du bouchon autoroutier sudiste, de la crème solaire et du réchauffement pas uniquement planétaire. Profitons en pour adopter quelques petits gestes pour la planète. Nous ne nous en porterons pas plus mal et nous aurons le sentiment d’agir pour tous. Multiplié par 6 milliards, nous pouvons déclencher bien des bonheurs !

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