jeudi 2 décembre 2010

C'est sûr, je vais me planter !


J’étais prêt à tout !

Je connaissais les codes et la construction bien structurée.



Vous voulez un conte pour enfant, vous attaquez par « il était une fois ». Pour une collection Arlequin, c’est pareil, sauf que vous rajoutez assez vite un soleil couchant, un gin tonique et une robe de satin.
Le roman policier s’attachera aux anomalies météorologiques : « Jack parcourait les quais d’un pas rapide. Le brouillard dense qui était arrivé avec la nuit, enveloppait les péniches d’une lueur blafarde. »
L’aventure vécue se hasardera à placer une citation en enluminure d’ouvrage, tel le trop usé « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Ces quelques mots en italiques apportent toujours la touche culturelle avant le grand plongeon dans le muscle et la transpiration à l’état pur.
Et c’est pareil pour tout : le bouquin d’économie avec sa page indigeste de statistiques, le scientifique avec ses kilomètres d’équations, le managérial avec les 10 conseils que l’on s’empresse d’oublier. Tout, absolument tout, est balisé.

Mais quand un lundi matin, passablement réveillé, j’ouvre un mail qui dit en résumé : « mon coco, 3500 signes sur le monde dans 10 ans, ça te tente ? » et bien la première chose que l’on fait c’est :
1- renverser son café
2- pester sur le café qui a maculé vos dossiers d’un brun pas très design
3- parcourir les bonnes recettes pour traiter un tel sujet et découvrir avec horreur, qu’il n’en existe pas.
4- se servir un autre café
5- regarder avec effarement son clavier à la recherche de l’inspiration.

Parce que moi, qu’est ce que j’en sais de ce que sera 2020 !


C’est bien le problème avec l’innovation, elle est toujours là où on ne l’attend
pas !


A la fin du siècle dernier, ben oui j’y étais, tout le monde disait, le e-commerce c’est pour l’an 2000. Là-dessus, méga bulle, les compteurs boursiers qui s’affolent et puis … RIEN. Le flop ! Les experts s’étaient juste trompés de 10 ans. Alors me demander, à moi, un panorama sur le demain décennal, vous comprendrez que j’ai le droit de flipper.

Remarquez, si vous reprenez les meilleures des pires prédictions vous êtes soudain plus cool. Allez pour le fun :
- Le spam sera mort dans 24 mois (Bill Gate -2004)
- Les ordinateurs du futur pourraient peser un peu moins de 1,5 Tonne (Popular Science – 1949)
- Le téléphone connait trop de ratées pour être sérieusement considéré un moyen de communication (Western Union, 1876)

Car 10 ans, c’est beaucoup trop court ou bien trop long. Faisons un coup de « Rewind ». 2000 était-il si différent de 2010 ? Nos voitures étaient catalysées, on parlait déjà des écrans plats, le minitel faisait de la résistance face à un internet pas encore hégémonique, le téléthon introduisait la génomique dans le vocabulaire courant… et on rigolait déjà du vrai faux bug de l’an 2000. Mais, en même temps, personne ne pariait sur l’arrêt brutal du Concorde, sur la vague des i-schtroumpf d’une entreprise à la pomme ou sur les modes écolo-bobo, telle cette envie irrépressible de manger du bio, quitte à l’importer à grands coups de CO2 d’un pays germain.

Car dans ces mouvements innovants, il y a du rationnel et de l’irrationnel. Le premier c’est d’avoir en tête qu’une vraie mutation innovante nécessite une génération humaine. Le second, c’est une conjonction improbable d’innovation de rupture et de marketing génialissime qui emballe la machine. Alors prédire les 10 ans qui viennent sans faire de la stratégie de rétroviseur relève de l’inconscience assumée. Des traitements génétiques ? Why not, si les frais de santé ne s’envolent pas. Du pétrole qui se prend pour de l’or entraine-t-il des toits couverts de capteurs ou des murs doublés d’isolants en aérogel ? La télé devient-elle élément de décor de 2mètres sur 3 ou prothèse de lunette ?
Je flippe ! Tant pis, je me lance. Telle madame IRMA devant sa boule de cristal, je vois, je vois de grands changements liés à la voiture électrique.

Bon là, lecteur, à ta tête, je comprends que tu te dis : « il est neuneu ou quoi, notre chroniqueur ? Tout le monde le sais que la voiture à piles arrive » !

Mais moi, ce que je te dis, lecteur adoré c’est tout autre chose. Je ne serais pas étonné que la fabrication massive de batteries pour nos futurs quadri-roues branchés amène des surprises particulièrement décoiffantes … dans des secteurs imprévus. La baisse massive des coûts du stockage d’énergie autorisera à rêver à des appareils devenus soudainement autonomes et probablement intelligents : un paradis pour le commercial ciblant la ménagère Té-èf-unienne.

Lecteur vertueux, tu as remarqué que j’ai osé une prédiction, mais ce sera bien être la seule, car


« les inventions ont atteint leur limite, et je ne conçois aucun espoir pour des développements futurs »


(Julius Frontinius – 100 ans après JC).



Mais là, c’est sûr, si je fais mienne cette réplique, je vais me planter !

A tous, bonne décennie, pleine de surprises innovantes.

André Montaud



vendredi 5 novembre 2010

POMME-POMME BOY


Je n’avais qu’une vague idée de chronique, une histoire de pomme et de tentation, une histoire où le tentateur s’appellerait …


- T’es trop fort mon gars, me dit Diably du fond de la cave (Diably, c’est mon
diable gardien). Moi, à la création du monde, j’ai fait ça avec une nana dans le
rôle de la tentatrice et une belle pomme dans un jardin d’Eden. Je ne te dis pas
le succès ! On en parle encore aujourd’hui. Alors si tu modernises le tout, je
te prédis un best-seller.

Allez, je me lance ! Après tout, je risque quoi, un flop, des pépins en perspective ?

Savez-vous comment faire la une de tous les journaux mondiaux ?

Vous pouvez sponsoriser les grands évènements sportifs, JO en tête, à la manière d’un sombre et bulleux soda américain bien connu. C’est efficace mais ça coûte un max.

Vous pouvez, au choix, provoquer un crack boursier ou, encore mieux, déverser quelques millions de tonnes de pétrole, idéalement dans le Golfe du Mexique. C’est aussi cher mais avec des effets secondaires garantis !

Enfin, vous pouvez donner l’impression de révolutionner le monde à chaque sortie de nouveau produit et laisser faire le job de communication par les journalistes. C’est efficace et quasi gratuit.
Impossible ? Alors demandez-vous par quel miracle, les i-phone et i-pad ont envahi pendant plusieurs semaines les couvertures de nos magazines ! Par quel étonnant sortilège, les rédactions se sont trouvées prises d’une douce euphorie Apple-maniaque !

Il y a, derrière cet étonnant phénomène, la construction d’une stratégie, redoutablement efficace, de la tentation et du désir de la pomme, pardon, de l’Apple.

Le sentiment d’appartenance: la société Apple a été l’une des premières à comprendre l’arrivée d’une génération du « superflu ». Il fallait inventer aux futurs « bobos » et à leur progéniture,un univers et le style de vie qui va avec : « je suis cool, je dois skater en écoutant mon i-pod » ou «j’ai une activité débordante, mon i-phone sera là pour me tirer de toutes les situations ». Conséquence, là où d’autres vantent les performances techniques, la firme de Cupertino surfe sur le besoin de services exclusifs : le produit n’est plus que le support physique d’une multitude de fonctions payantes et forcément indispensables qui font l’attrait… et la marge !

Le Design Roi : où trouve-t-on les designers rattachés directement au PDG ? Chez Apple. Il n’y a pas besoin d’être devin, pour se rendre compte combien un i-strouph est différent du produit concurrent. C’est vrai pour la carrosserie, cela l’est encore plus pour les interfaces homme-machine. Le straaaatch avec deux doigts sur l’écran a remplacé le clic sur l’icône de zoom. Le sleeeep avec l’index qui fait défiler les pages, s’est substitué à « l’ascenseur » piloté par la souris. Les technologies étaient déjà présentent sur le marché (écrans tactiles, tablettes informatiques) mais le coup de génie c’est d’avoir permis à Monsieur Michu de faire des sleeeep et des straaaatch, bref, lui redonner la main sur son informatique envahissante. En simplifiant la complexité, l’innovation-design crée du désir.

L’hyper communication : Regardez une conférence de presse en VO du lancement de l’i-phone. C’est un show à l’américaine ! Les mots « amazing », « cool », « fantastic », « révolution » sont inlassablement répétés. L’objectif est d’arriver au point où les attentes du consommateur sont si élevées que chacun veut découvrir les capacités du produit. La sobriété du power point contraste volontairement avec la passion du présentateur : du genre « regarde mon coco, ce que tu n’aurais jamais osé rêver tu vas l’avoir en exclusivité, et cela n’a pas de prix ! »

Voilà bien le job de Jobs, car rares sont les entreprises où la fusion avec son dirigeant est aussi poussée. Steve Jobs est tout autant bateleur hors classe, « le plus grand conteur industriel », génial inventeur que redoutable business man. Il a été capable d’inverser les rôles client-fournisseur dans le bras de fer entre constructeurs de téléphones et opérateurs télécom : bagarre des seconds pour obtenir l’exclusivité du « bijou désiré ».


Le pomme-pomme boy de la high tech nous rappelle ainsi, qu’une pomme, même en
silicium, est toujours aussi tentatrice lorsqu’elle est maniée avec la dextérité
du marketing, de l’innovation et du design.

Une leçon à méditer au quotidien, histoire de bien nous occuper de nos « Adam » à nous !






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dimanche 10 octobre 2010

Claude François, l'innovateur !!!



Elles sont toutes belles, belles, belles !


Messieurs, ne prenez pas ces airs outragés !

Arrêtons notre fausse retenue quasi machiste et avouons-le, sans forfanterie : elles nous font toujours autant craquer !


Faisant fi de toute remarque féministe ou sexiste, nous nous retournons encore et toujours à leur passage, car elles sont toutes à la fois si sublimes et si différentes. Leurs robes sombres, claires ou colorées, embellissent nos vies … et cachent bien des désirs d’aventures. Elle, sportive en diable et tout de rouge vêtue, nous promet de belles embardées. Celle-là, plus enveloppée dans son ensemble gris, nous invite déjà à une rencontre feutrée.

Elles sont nos fantasmes, nos rêves, nos désirs mais croisent parfois nos chemins : ici, une tigresse italienne, là, une autre, jouant sur la classe sobre et raffinée d’un Nord qui l’a vu naitre, cette dernière enfin, dont l’asiatique silhouette pique nos besoins d’exotismes.

Car, c’est bien vrai, rugissante ou fantasque, classieuse ou dépensière, familiale ou économe, l’automobile moderne n’a rien perdu de ses charmes et en envoute plus d’un.

Le succès jamais démenti du Mondial de l’auto en est la preuve incontestée.

Oui mais qui dit grand amour dit aussi chagrin d’amour. En 2008, moi petit chroniqueur de province montagnard, avait osé s’étonner de l’ambiance totalement « électrique » de la précédente édition du salon. Le monde serait branché ou ne serait pas, entendions-nous à longueur d’allées de prototypes. Deux ans plus tard, alors que les premiers vrais modèles arrivent, force est de constater que l’atterrissage dans le monde non virtuel est un peu brutal.


Voir la vie en vert n’est pas si rose !


L’électrique est cher (encore) et l’autonomie faible : 150 km sans chauffage, clim, radio, éclairage et autres dévoreurs d’énergie, 90 km au mieux dans la réalité quotidienne. C’est comme si, vous partiez le matin avec votre jauge à essence sur la réserve : légèrement speedant ! Bref, pour 30000 euros, on s’achète une conscience verte mais pas la zénitude qui devrait aller avec ! Mais bon, on peut être optimiste : il ne reste plus qu’à doubler la capacité des batteries et à diviser leur prix par deux ! Je ne suis pas voyant, mais je prédis une épidémie de calvitie précoce chez les chercheurs électro- chimistes, qui vont s’arracher bien des cheveux pour atteindre ces objectifs.

A l’inverse, il y en a d’autres qui ont la banane après avoir réussi le super coup de faire du vrai neuf avec du véritable vieux. Je vous explique. Lorsque j’étais un gamin dans sa première décennie sur terre, assis à l’arrière de la Citroën traction, évidemment noire, de mon grand père, j’écoutais les conseils pour réussir le double débrayage. Je connaissais par cœur le mouvement des pieds et des mains de ce double pédalage, sans l’avoir jamais vu, pour cause de dossier de conducteur bien trop haut lorsque l’on n’a pas le droit de se lever de la banquette arrière et que la longueur cumulé des pieds à la tête ne doit pas dépasser les 3 pommes (la pomme est une unité de mesure de hauteur utilisée dans les temps anciens).

Donc j’étais hyper fier de maitriser la théorie de cette technique sophistiquée, que j’allais pouvoir mettre en œuvre auprès de l’examinateur de permis de conduire lors de ma deuxième décennie sur cette planète. Las ! L’arrivée de la modernité, sous la forme du synchroniseur de boite, avait mis au rencart de l’histoire des technologies, mon expert mouvement podologiste. N’étant pas non plus prédestiné à une vie de pilote de rallye man avec sa boite à crabots, je ne mettrai jamais en pratique le savoir grand paternel.


Des frustrés du pédalier comme moi, il y a dû y en avoir pas mal chez les ingénieurs automobile qui ont remis au gout du jour, le principe de ce double embrayage dans les boites de vitesses teutonnes, sous ne nom de DSG, ou gauloises avec l’EDC. Un arbre pour les vitesses 1,3,5, un second pour les 2,4,6, des actionneurs et de l’électronique pour anticiper les passages, présélectionner la vitesse suivante et le tour est joué ! Au final, tout le monde est content :



  • Le conducteur qui a une boite de vitesse aussi souple qu’une « automatique » et aussi réactive qu’une mécanique.

  • Le constructeur auto qui peut réutiliser ses vieilles usines de fabrication de boite mécanique, car le nouveau modèle est bourré d’engrenages et de synchro (merci la mécatronique !)
  • Le concessionnaire qui va pouvoir embellir sa marge avec cette innovation qui économise 15% de carburant.

Du fond de la banquette de la traction noire, moi, je le savais bien que mon grand père était un génie !


Ainsi va l’innovation, fût-elle automobile. Certaines sont des succès absolus, d’autres sont des flops de fiabilité, d’autres démarrent lentement mais tout cela est fait pour que nous, les conducteurs, amoureux de l’automobile, puissions dire aux côtés de Claude François : « elles seront toujours belles, belles, belles comme le jour … » !

mercredi 1 septembre 2010

PLUS BELLE LA VIE !!!




Cela aurait pu commencer comme un épisode de l’anthologique série télé de 20 h10 sur une chaine régionale du service public.

- Wouahh tu l’as vu : il est trop ‘gnon avec ses formes arrondies. Ses copains sont moins top avec leurs silhouettes anguleuses ou trop ventrues. Lui, par contre, il est parfait.
- Oh oui, je le quiffe déjà !


Bon là, Mesdames, je vous arrête tout de suite ! N’imaginez pas que je me lance dans le roman photos de chippendales. Ici, on parle de chiffres. Car, c’est bien vrai, le « 3 » est bien le plus cador d’entre eux.

D’ailleurs il gouverne le monde : nous vivons en 3D, dans un environnement fait d’atomes constitués de 3 particules (protons, neutrons et électrons). La matière existe sous 3 états (solide, liquide, gazeux). Notre lumière visible n’est qu’un assemblage des 3 couleurs primaires. La première structure à équilibre stable a 3 pieds. Les horloges ont trois aiguilles etc… etc …

- (Re) Wouahhh mais c’est top délire ! J’hallucine !
- Et attends, ce n’est pas tout ! En plus, on nous met dans la tête que le 3 est indispensable. Tu commences à la maternelle par les « 3 petits cochons », tu poursuis par les « 3 mousquetaires », à l’adolescence, tu fantasmes sur les 3 « drôles de dames », avant de méditer sur les 3 « lois de la robotique d’Asimov » puis de te faire peur avec les 3 Millenium ou de commander dans le catalogue des 3 suisses.
- (Re Re) Wouahh mais alors nous sommes sous influence ? Tu crois vraiment qu’une société secrète œuvre en silence ? Dis, c’est pour ça qu’on a des feux tricolores ?
- Et ce n’est pas tout ! On t’a appris la règle de 3, tu écoutes des MP3, tu téléphones en 3G. Le philosophe développe son propos en 3 phases (thèse, antithèse, synthèse). Le politicien à l’éloquence bien rodée te proposera 3 causes à un problème qu’il va évidemment solutionner en 3 points. Car 2 solutions, cela s’apparenterait à une réflexion pauvre, proposer 4 solutions ferait « nouveau riche » et à 5 solutions, l’orateur est sûr de perdre son auditoire ! Non vraiment, le 3 est proche de la perfection. C’est le juste équilibre, la stabilité, la subtilité en comparaison de la dualité sévère du oui/non. Bref le 3, c’est la preuve même de l’émergence de l’intelligence humaine !
- (Re Re Re) Wouahh arrête, on va perdre de l’audimat ! On est à une heure de grande écoute pas sur France Culture !


Et voilà comment, cher lecteur, une réplique soudaine vous coupe dans votre élan créatif. Et pourtant ! L’autre jour, j’étais sagement assis au 3ème rang d’une salle de réunion, au 3ème étage du bâtiment 3 où un dirigeant expliquait en 3 minutes la stratégie de son entreprise. Simplement bluffant.

Son image : la stratégie des 3 i.

I comme innovation
I comme international
I comme implication du personnel.

En 3 phrases, tout était dit : perfection de la simplicité. Et pourtant quelle richesse de réflexion !
Le I de innovation rebondit sur la création de valeur, rappelant si besoin était que l’innovation dans les procédés de fabrication est tout aussi stratégique que l’innovation dans le produit.
Le I de international challenge l’entreprise en se frottant aux meilleurs mondiaux et nécessitant, de fait, l’excellence à tous les niveaux.
Le dernier I, Implication du personnel, mis au plus haut de la stratégie, est « merveilleux » car il rappelle la valeur de l’Homme. C’est du Lean management au vrai sens du terme, celui qui met l’intelligence de chaque individu au cœur de l’entreprise.

Le coté épuré de ces 3i enthousiasme : tellement simple et évident, que chacun pense pouvoir l’inventer. Et pourtant, il n’y a qu’une Vénus De Milo, une 9ème de Beethoven ou une femme au chapeau bleu de Picasso. (Tu as vu, lecteur assidu, moi aussi je cite les exemples par 3).

Et vous, avez-vous déjà défini votre stratégie en 3i (ou 3p, 3u, ou 3m) ? Un conseil, faites le : elle sera « Plus belle, la vie » !

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dimanche 20 juin 2010

ELOGE DE L'EQUIPE DE FRANCE !



J’aime bien l’équipe de France !

-Holà, stop mon coco, me dit mon ange gardien … (ben oui mon ange gardien m’appelle, mon coco).
Donc je reprends, en fait, il reprend d’une voix venant d’en haut :
- Mon coco, t’es bien sympa avec tes chroniques décalées sur l’innovation mais t’as pas oublié quelque chose ?
Moi : « euh ? »
- Ben oui, tu nous parles de petit déjeuner, de tes malheurs téléphoniques, de rêves épicuriens, mais ton cœur de compétence, la mécatronique, t’en cause jamais !
- Oui mais la mécatronique, c’est pour les spécialistes, c’est pas grand public, ça fait pas lire !
- « Tu te moques de moi ! » me lance Angy (j’ai bien le droit de l’appeler comme ça mon ange gardien, non ?). « La mécatronique, et c’est toi qui le dis toujours, c’est grand public, ce sont de belles histoires et aux dernières rencontres mécatroniques tu as dit que ce n’était que du bonheur et de l’envie. Alors arrête de faire le modeste et cause nous techno. »

Bon j’avoue qu’il n’avait pas tort, mon ange gardien, et avec ses arguments, il ne me laissait pas trop le choix.

Alors oui c’est vrai, la mécatronique est vraiment magique même si de mauvaises langues « branchées » disent que ce n’est rien d’autre que la découverte de l’électronique par les mécaniciens ou que d’autres, toutes aussi mauvaises, mais pleines de cambouis affirment que c’est l’aventure incompréhensible des informaticiens et des électroniciens dans un monde réel fait de mouvements !

Trêve de méchanceté, la mécatronique est bien la révolution qu’attendait l’industrie. Bien plus mutante que le Lean management qui optimise les organisations. Ici, on fait « péter » les murs et on demande à l’empereur des transistors sans plomb de travailler avec le roi des dents d’engrenages. Il n’est pas étonnant qu’au début, des caries, pardon des carences, aient vu le jour dans les organigrammes. La mécatronique : une horreur pour des DRH qui doivent inventer des torpilles horizontales dans des directions marché verticales.

Pour ne pas l’avoir tout de suite compris, nous les clients fidèles, avons connu au début de ce troisième millénaire, les affres d’automobiles qui refusaient de démarrer, de clignotants qui clignotaient lorsqu’on voulait écouter France Info ou NRJ, de voyants de pression d’huile qui brillaient dans la nuit à l’apparition des premières gouttes d’eau sur le pare brise.

Car n’est pas mécatronicien qui veut : loin d’être l’addition mathématique du magicien de la clé à molette et de son homologue du fer à souder, cette redoutable technologique nous invite avant tout à penser système. Penser le tout avant le détail, exercice redoutable qui a empli bien des amphis et des bibliothèques … de philosophie et qui ici prend tout son sens.

Mais le résultat mérite bien les heures de transpiration car on découvre rapidement le « no limit ». Pour le technicien, c’est le retour de l’imagination au pouvoir. Pour le commercial, c’est la capacité à se redifférencier dans un monde de produits de commodité. Pour le marketeur et le financier, c’est la perspective de gisements de marges !

Du bonheur pour tous, je vous dis.

Sans réinventer le palmarès des mechatronics awards 2010 dans lequel votre chroniqueur épistolistique a officié, il faut bien reconnaître que moult dossiers, primés ou non, avaient une belle histoire à nous raconter.

Telle cette adorable petite pince (Masternaut), se clipsant sur un circuit CAN et qui espionnait les informations transitant à l’intérieur. Esotérique ? Pas tant que cela si je vous dis que le mariage des ingénieurs et des commerciaux a donné ainsi naissance à un concours d’éco-conduite, car la pince James Bond pouvait récupérer sur les flottes automobile, les consommations carburant instantanées !

Telle cette roue-moteur-batterie toute intégrée (EZ Wheel) qui transforme votre vélo ordinaire en bicycle à assistance électrique.

Tel ce lumineux bureau d’étude (RB3D) qui mécatronise les outils pour réduire les efforts de l’opérateur et, du même coup, les troubles musculo-squelettiques.

Alors oui, j’aime bien cette équipe de France de génie qui marie intelligence, bonheur et envie. Et à toi, Angy, qui m’a secoué pour parler mécatronique, je dis simplement merci : t’es vraiment un super ange gardien !


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jeudi 13 mai 2010

Mon festival de Cannes à moi

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C’était décidé ! Fini les discours, les incantations et autres bonnes résolutions. Je devais passer à l’acte. Le développement durable se vit dans l’action, pas dans les paroles… Et je le prouve.


L’autre jour, à l’autre bout de la France, par une fin d’après-midi maussade, la batterie de mon téléphone portable me lâche lâchement. Vous connaissez bien la loi de Murphy, dite loi de l’emm… maximal : c’est loin de tout, dans une ville que vous ne connaissez pas, à l’heure de fermeture des boutiques, qu’arrive la « boulette » redoutée. Devenu durable dans l’âme, j’allais bien évidemment me contenter de changer la batterie d’un téléphone dont les qualités téléphoniques restaient parfaites, malgré un age vénérable de 26 mois.

Premier magasin, moi avec ma batterie, le vendeur avec son ordinateur :
- Luc, va voir dans le stock s’il nous reste une référence XX-1233
Bruit de déménagement, silence, poussière et retour d’un Luc infructueux.
- Pas de problème, Monsieur, la batterie, on peut vous la commander pour dans 15 jours !
J’explique que bon, c’est bien sympa tout ça, mais j’habite à plus de 1000 km et que, comme je ne suis pas bloqué ici par un pervers nuage de cendres islandais, j’essayerai de trouver une autre solution.

Je m’engouffre donc dans une seconde grande enseigne dont le rideau descendant annonçait la fermeture. Direction le SAV, je réexplique mon petit problème et là, docte sentence du technicien :
- Mais mon bon monsieur, vous ne trouverez jamais : les références sont obsolètes tous les deux ans.

Ne voulant pas m’avouer vaincu, je rentrais dans une minuscule échoppe où l’adorable patron, voyant mon désarroi, me proposa de désosser un de ses téléphones de la même marque pour récupérer le petit parallélépipède énergétique tant désiré. Hélas, perversité du destin, quelques millimètres de trop empêchaient de faire rentrer l’objet A dans son contenant communiquant B.

J’allais donc devoir attendre le retour dans mes pénates pour redevenir un « homo digital eco-durable». J’étais sûr de réussir, car mon opérateur était engagé pour l’environnement : « En limitant l’impact de ses activités et en sensibilisant ses collaborateurs au respect de l’environnement, il contribuait, à son échelle, à la protection de la planète ». Quand à mon fournisseur de téléphone, il était classé numéro 1 des « entreprises électroniques vertueuses » par Greenpeace.

J’en étais maintenant certain, mon entrée dans la boutique pro de mon opérateur favori, marquerait aussi mon entrée dans le monde d’une écologie responsable. J’étais déjà fier de contribuer au sauvetage de la planète bleue : la fin de tant d’années sombres où j’avais vécu dans l’ignorance égoïste de l’hyper consommation.

Fier comme un Ulysse retrouvant sa Pénélope après avoir vaincu les obstacles d’une Odyssée, je demandais d’une voix forte et audible, une neuve batterie pour économiser les ressources naturelles.

Dans le regard de la vendeuse fort polie, je crus lire comme une interrogation face à un vert hurluberlu.
- Pas de problème, Monsieur, mais la batterie va vous coûter 40 euros. Quel est l’age de votre téléphone ?
- Un peu plus de 2 ans
- Savez-vous vous que vous pouvez le changer sans problème avec le nombre de points fidélité que vous avez ?
- Et cela me coûtera combien ?
- Si vous reprenez dans la même série, pas plus de 1 euro !
- Et vous pouvez me faire la réduction sur la batterie ?
- A non, les points fidélités ne s’appliquent pas aux accessoires ou au SAV.

Entre garder un vieux téléphone pour 40 euros et en récupérer un flambant neuf pour une simple piécette ronde bi couleur, j’avoue que l’avantage économique immédiat fit éclater ma conviction écologique naissante.

Mais bon, j’avais malgré tout quelques remords et je demandais à ne récupérer que le téléphone, sans son chargeur car le mien était encore efficace.
Toujours aussi polie, la vendeuse me rappela que « bon, ce que l’on vend ce sont des packs avec tout le nécessaire et de toute façon, il serait bien surprenant que le chargeur nouveau soit identique à l’ancien, même chez le même fabriquant ». Incrédule, j’ouvris la boite pour découvrir que le connecteur du chargeur avait effectivement eu la perversité de changer de forme !

Moralité : ce nouveau téléphone méritait bien une histoire ! J’étais sûr de tenir là, LE scénario d’une « Une vérité qui dérange 2 » : à tous les coups, un succès de Festival. Je me voyais déjà sur les marches du Palais, remontant le tapis rouge.

Cannes prépare-toi, j’arrive !

dimanche 4 avril 2010

Comment briller en société ?

Heureusement qu’il a eu du retard ! Car avec son bonnet blanc,
personne n’aurait voulu croire que le pépère allait faire la une des journaux.


Imaginez que le premier avril, vous lisiez un titre du genre : l’Europe paralysée par un volcan islandais. Immédiatement, petit sourire en coin, du genre, « ben mon gars on ne me la fait pas, ton poisson je l’ai détecté avant même l’entrée au port » !

Le hic, c’est que le zozo, il s’est mis à fumer, cracher tousser vers le 14, et que là, il fallait bien se rendre à l’évidence : c’était du vrai vécu.

Pourtant nous, à Thésame, on aime bien les 1er avril. C’est même notre façon de fêter l’anniversaire de notre création. Ainsi avions nous proposé l’heure d’été variable en fonction de l’altitude, la mise en bouteille d’eau de lac pour contrer le succès des eaux de source ou le ralentissement des horloges à chaque démarrage du LHC au CERN. Même que cette année, pour nos dix ans, France-Inter nous a décerné le César du meilleur poisson pour une histoire improbable ( ?) de strings fabriqués avec d’anciens masques H1N1.

C’est comme cela qu’est né l’idée de cette chronique, faite d’une brochette d’informations technologiques très sérieuses, mais qui ont comme un relent de marée.

Histoire à boire

On a enfin découvert pourquoi on ne devait jamais mélanger un vin rouge avec des coquilles Saint Jacques. Les gastronomes le savent par expérience, mais des chercheurs de la société Mercian ont voulu en avoir le cœur net. Ils ont testé 64 bouteilles et le diagnostic est sans appel : dès que la teneur en fer du vin dépasse 2 milligrammes par litre, ce qui est le cas général des rouges, le goûteur mastiquant une coquille se met à faire la grimace. Une saveur poissonneuse tirant vers le gâté se développe en bouche probablement à cause d’un acide insaturé présent dans le mollusque.

Là haut sur la montagne

On ne sait pas s’ils avaient trop bu mais des savants de l’Université d’Innsbruck se proposaient d’enfouir sous la neige, 29 cochons endormis et bardés de capteurs. L’objectif était d’évaluer la capacité de rester vivant sous une avalanche. Des journalistes et des associations de défense des animaux ont eu vent de l’affaire. Conclusion, il n’y aura pas d’expérimentation in situ mais des essais plus longs et plus coûteux en laboratoire.

Kamikazes scientifiques

Noir absolu. Vitesse extrême. Garder la trajectoire, garder la trajectoire, garder la trajectoire. Et soudain splash, l’anéantissement total et sublime, dans un éclair de lumière. Hommage appuyé à ces deux escadrilles de 3 moustiques qui se sont percutées en plein vol pour la grandeur de la science. Voilà résumé la première rencontre des faisceaux de particules au CERN, car l’énergie mise en jeu, ne dépasse pas celle nécessaire au vol de quelques insupportables insectes. Pourtant il a fallu10000 chercheurs, 4 milliard d’euros et un tube sous vide de 27 km de circonférence pour arriver à concentrer cette énergie dans l’équivalent de deux têtes d’épingles lancées de New-York et de Brest et à qui on aurait demandé de s’affronter au milieu de l’Atlantique, tout cela à la vitesse de la lumière. Des bâtisseurs de cathédrale ces CERNois, je vous dis. Et tout cela pour comprendre le Big Bang.

Nombres ronds

Au cœur de la circonférence, il y a le nombre pi, ésotérisme du 3,1415926… Peut être avez-vous ouvert Google le dimanche 14 mars, pour découvrir les lettres de votre moteur de recherche favori, recouverts de cercles et de symboles pi. Bizarrerie ? Pas tant que cela, car cette date célèbre la journée de pi, inventée par le physicien Larry Shaw en 1988 (en notation anglaise 3/14 1:59 pour mars 14, 1h59) C’est même devenu une journée nationale aux USA suite à un vote de la chambre des représentants (résolution HRES 224). Cette journée est pourtant l’objet de multiples contre verses à découvrir sur le web, car pour les francophones, la journée de Pi se célèbre le 31 avril à 1h59mn26secondes soit 31/ 4 1:59 :26 !

Qualité allemande et développement durable

Et pour terminer voici la dernière innovation mécatronique de BMW développée avec la NASA : le MTT (pour Magnetic tow technology). La publicité lancée en Grande Bretagne montre un boîtier discret, logé à l’avant du véhicule, qui projette un faisceau permettant de « s’accrocher » magnétiquement à la voiture qui vous précède. Ce remorquage magnétique permet d’économiser jusqu’à 30% de carburant et de réduire d’autant les émissions de CO2, sans aucun effet négatif pour le véhicule « tracteur ».

Si, avec ces histoires, toutes publiées dans la presse, vous ne brillez pas dans les dîners mondains en ville ou avec les collègues autour d’un plateau de cantine, alors je veux bien arrêter cette chronique !

Au fait, une seule des 5 informations est fausse. Bonne pêche !
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samedi 20 mars 2010

C’est du grand n’importe quoi !

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Ne vous êtes vous jamais dit : « Non vraiment, c’est du grand n’importe quoi ? »

Je sais, vous espérez déjà que l’auteur de ces lignes, dans une fulgurance neuronale soudaine, ait enfin pris conscience de la légèreté mensuelle de ses propos !

Hélas, non !
Vous aurez encore à supporter sa prose envahissante dans votre boite mail, votre blog ou votre journal économique favori. Car si le mois qui vient de s’écouler a été sublimé par la journée de la femme, (Paf ! Déjà 50% du lectorat dans la poche), pour le reste, ce fût une foultitude de « grands n’importe quoi ».

A commencer par ces jeux olympiques d’hiver qui nous ont obligé à faire les 3x8. Journée de travail normale, suivie de ski de descente, de combiné nordique, du redoutable curling vers 2 heures du matin, dont l’intolérable suspens de la glissade de la pierre sur la glace avait du mal à compenser la retombée rapide des paupières, avant le réveil en fanfare sur un triple salto, annonçant déjà l’arrivée d’une nouvelle journée de labeur. Pourquoi, je vous raconte cela ? Déjà pour vous dire que les jeux olympiques d’hiver ont l’avantage monstrueux de faire découvrir, bien mieux que Google Earth, la géographie montagnarde à la planète entière. Qui connaissait Lillehammer à l’exception de rares norvégiens ? Qui savait positionner Albertville sur une carte pré-92 en dehors des bouchonneux des vacances de février ? Qui aurait pu imaginer que Vancouver était plus proche d’une station balnéaire à l’américaine que d’un repère de chalets ? Les JO, c’est du tout bon pour les profs de géo et les agences touristiques et Annecy 2018 en profitera tout autant (pub gratuite et encore +20% de lectorat).

Mais avouez-le, les commentaires sportifs ont souvent frôlé la correctionnelle : « il gagnera, il va gagner, il peut encore gagner, il a perdu ! ». La France a bien atteint et dépassé son objectif de 10 médailles, sauf que celles arrivées n’étaient pas toujours les attendues. Dure loi du sport de très haut niveau où la technologie indispensable s’efface devant le compétiteur, sa préparation et son mental.

Et là « c’est du grand n’importe quoi » de rechercher tel ou tel coupable car, bien heureusement, l’Homme, fut-il athlète, ne se programme pas comme une machine. Ce qui m’a par contre vraiment enthousiasmé, c’est l’esprit de corps, des équipes de nordique. En arrière plan, un gros travail des préparateurs, probablement même de la vraie recherche en tribologie (science des frottements) ou en chimie des interfaces pour les farts. En second plan, une mise en commun des meilleures pratiques des différentes disciplines dans un long travail souterrain vers la perfection. En premier plan enfin, un effort long et individuelo-collectif, avant des médailles qui tombent sur des visages rayonnants.

Pratique bien connue du BPSP :

Tu Bosses en silence, tu Partages en silence, tu Souffres en silence … et tu Parles uniquement quand tu as réussi. J’aime bien cette modestie puissante des « nordiques », dont la course de fond ne se limite pas à la piste. Elle est un modèle que bon nombre d’entreprises s’appliquent au quotidien, loin des frasques dévoyées de certains jet-setteurs de la finance.

C’est du « grand n’importe quoi », les commentaires sans recul faits sur la vague de froid qui a transformé le sud de la France en maxi congère au milieu des mimosas. Quoi ? Le réchauffement climatique est moribond ! Alors que veut dire la canicule extrême que les kangourous sauteurs et les koalas néo-zélandais connaissent au même moment ? La machine climatique terrestre est malheureusement d’une telle complexité, que nous devrions tous garder un brin de modestie, au lieu de nous emballer trop vite pour les pro ou les anti CO2.

C’est du « grand n’importe quoi », et même pire, ce sont des contre vérités, les propos tenus après le tremblement de terre du Chili. Vous savez quoi ? La terre a tellement bougé que la journée s’en est trouvée raccourcie de quelques microsecondes. Un phénomène que nos brillants scientifiques ont pu mesurer par horloge atomique interposée. Ce qu’ils n’ont pu maîtriser, c’est le tsunami de bêtises qui a suivi : la diminution de la durée du jour a été transformée un peu partout en un : « la terre ralentit» alors qu’il aurait fallu écrire « la terre accélère » ! En effet, si on définit sommairement la durée du jour comme le temps nécessaire au soleil pour se retrouver au même endroit que la veille dans le ciel, et que cela prend moins de temps, alors il faut tout simplement que la terre tourne plus vite. CQFD. (Il est trop top ce chroniqueur. Je vais ressortir ça à mes collègues)

« C’est du grand n’importe quoi », le déluge de critiques déversées sur le plus grand constructeur automobile, hier encensé, aujourd’hui maudit ! Bon d’accord, il y a derrière cela, un vrai épisode de guerre commerciale, plus subtilement appelée intelligence économique, dans laquelle les constructeurs américains en difficulté se sont, sans aucun doute, engouffrés. La pédale d’accélérateur défaillante ou le tapis de sol coinceur serait la preuve irréfutable de la fin de la légendaire fiabilité de Toyota. Pire encore, ce serait une remise en question majeure du Toyota Production System (TPS), plus connu sous le terme de Lean management, et de la relation de « paternalisme bienveillant » du constructeur vis-à-vis de ses fournisseurs. « Preuve » extrême, le PDG de Toyota, s’est excusé en public.

Et si la réalité cachée était tout le contraire ?

Le Lean Management est un mode de pensée qui, pour réussir, doit traverser toute l’entreprise, de l’ouvrier sur la chaîne de production jusqu’au plus haut dirigeant. Les excuses de Akio Toyoda reflètent le partage du problème par tous. Le TPS est une quasi religion managériale (Hansei), faite de modestie, qui dénigre l’autosatisfaction et se nourrit des échecs pour progresser.


Le système Toyota est auto apprenant dans toutes les strates de
l’entreprise et nul doute que le constructeur en sortira renforcé.


Il y a pourtant eu une erreur : la reconnaissance des problèmes, dans une communication adaptée à la culture japonaise et non à l’occidentale, a été désastreuse pour l’image. C’est une difficulté majeure, régulièrement rencontrée par tous les grands groupes mondialisés, regardant la planète avec les yeux du pays d’origine. La culture mondiale n’existe pas encore !

Enfin, arrêtons de tirer sur un modèle vertueux de relation client-fournisseur, qui, dans le monde automobile, fait figure d’exception. Tous les sous-traitants de Toyota vous le diront: ils ne font jamais fortune, mais ils ne sont jamais exsangues et le « grand frère » n’est jamais loin pour trouver avec eux le moyen de progresser et d’améliorer la qualité.

Moralité : Soyons méfiants face aux « grands n’importe quoi » qui rendent morose notre environnement et polluent la réflexion innovante. Regardez ! Les fondamentaux se perpétuent ! Le printemps arrive, les neiges font placent aux premiers verts pâturages. Le soleil réchauffe les cœurs et raccourcit les jupons. Et tant mieux si cette chronique vous donne le sourire, qui vous empêchera de dire, le point final passé :


« c’est du grand n’importe quoi » !




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vendredi 5 mars 2010

C’est du grand n’importe quoi !

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Ne vous êtes vous jamais dit : « Non vraiment, c’est du grand n’importe quoi ? »

Je sais, vous espérez déjà que l’auteur de ces lignes, dans une fulgurance neuronale soudaine, ait enfin pris conscience de la légèreté mensuelle de ses propos !

Hélas, non !
Vous aurez encore à supporter sa prose envahissante dans votre boite mail, votre blog ou votre journal économique favori. Car si le mois qui vient de s’écouler a été sublimé par la journée de la femme, (Paf ! Déjà 50% du lectorat dans la poche), pour le reste, ce fût une foultitude de « grands n’importe quoi ».

A commencer par ces jeux olympiques d’hiver qui nous ont obligé à faire les 3x8. Journée de travail normale, suivie de ski de descente, de combiné nordique, du redoutable curling vers 2 heures du matin, dont l’intolérable suspens de la glissade de la pierre sur la glace avait du mal à compenser la retombée rapide des paupières, avant le réveil en fanfare sur un triple salto, annonçant déjà l’arrivée d’une nouvelle journée de labeur. Pourquoi, je vous raconte cela ? Déjà pour vous dire que les jeux olympiques d’hiver ont l’avantage monstrueux de faire découvrir, bien mieux que Google Earth, la géographie montagnarde à la planète entière. Qui connaissait Lillehammer à l’exception de rares norvégiens ? Qui savait positionner Albertville sur une carte pré-92 en dehors des bouchonneux des vacances de février ? Qui aurait pu imaginer que Vancouver était plus proche d’une station balnéaire à l’américaine que d’un repère de chalets ? Les JO, c’est du tout bon pour les profs de géo et les agences touristiques et Annecy 2018 en profitera tout autant (pub gratuite et encore +20% de lectorat).

Mais avouez-le, les commentaires sportifs ont souvent frôlé la correctionnelle : « il gagnera, il va gagner, il peut encore gagner, il a perdu ! ». La France a bien atteint et dépassé son objectif de 10 médailles, sauf que celles arrivées n’étaient pas toujours les attendues. Dure loi du sport de très haut niveau où la technologie indispensable s’efface devant le compétiteur, sa préparation et son mental.

Et là « c’est du grand n’importe quoi » de rechercher tel ou tel coupable car, bien heureusement, l’Homme, fut-il athlète, ne se programme pas comme une machine. Ce qui m’a par contre vraiment enthousiasmé, c’est l’esprit de corps, des équipes de nordique. En arrière plan, un gros travail des préparateurs, probablement même de la vraie recherche en tribologie (science des frottements) ou en chimie des interfaces pour les farts. En second plan, une mise en commun des meilleures pratiques des différentes disciplines dans un long travail souterrain vers la perfection. En premier plan enfin, un effort long et individuelo-collectif, avant des médailles qui tombent sur des visages rayonnants.

Pratique bien connue du BPSP :

Tu Bosses en silence, tu Partages en silence, tu Souffres en silence … et tu Parles uniquement quand tu as réussi. J’aime bien cette modestie puissante des « nordiques », dont la course de fond ne se limite pas à la piste. Elle est un modèle que bon nombre d’entreprises s’appliquent au quotidien, loin des frasques dévoyées de certains jet-setteurs de la finance.

C’est du « grand n’importe quoi », les commentaires sans recul faits sur la vague de froid qui a transformé le sud de la France en maxi congère au milieu des mimosas. Quoi ? Le réchauffement climatique est moribond ! Alors que veut dire la canicule extrême que les kangourous sauteurs et les koalas néo-zélandais connaissent au même moment ? La machine climatique terrestre est malheureusement d’une telle complexité, que nous devrions tous garder un brin de modestie, au lieu de nous emballer trop vite pour les pro ou les anti CO2.

C’est du « grand n’importe quoi », et même pire, ce sont des contre vérités, les propos tenus après le tremblement de terre du Chili. Vous savez quoi ? La terre a tellement bougé que la journée s’en est trouvée raccourcie de quelques microsecondes. Un phénomène que nos brillants scientifiques ont pu mesurer par horloge atomique interposée. Ce qu’ils n’ont pu maîtriser, c’est le tsunami de bêtises qui a suivi : la diminution de la durée du jour a été transformée un peu partout en un : « la terre ralentit» alors qu’il aurait fallu écrire « la terre accélère » ! En effet, si on définit sommairement la durée du jour comme le temps nécessaire au soleil pour se retrouver au même endroit que la veille dans le ciel, et que cela prend moins de temps, alors il faut tout simplement que la terre tourne plus vite. CQFD. (Il est trop top ce chroniqueur. Je vais ressortir ça à mes collègues)

« C’est du grand n’importe quoi », le déluge de critiques déversées sur le plus grand constructeur automobile, hier encensé, aujourd’hui maudit ! Bon d’accord, il y a derrière cela, un vrai épisode de guerre commerciale, plus subtilement appelée intelligence économique, dans laquelle les constructeurs américains en difficulté se sont, sans aucun doute, engouffrés. La pédale d’accélérateur défaillante ou le tapis de sol coinceur serait la preuve irréfutable de la fin de la légendaire fiabilité de Toyota. Pire encore, ce serait une remise en question majeure du Toyota Production System (TPS), plus connu sous le terme de Lean management, et de la relation de « paternalisme bienveillant » du constructeur vis-à-vis de ses fournisseurs. « Preuve » extrême, le PDG de Toyota, s’est excusé en public.

Et si la réalité cachée était tout le contraire ?

Le Lean Management est un mode de pensée qui, pour réussir, doit traverser toute l’entreprise, de l’ouvrier sur la chaîne de production jusqu’au plus haut dirigeant. Les excuses de Akio Toyoda reflètent le partage du problème par tous. Le TPS est une quasi religion managériale (Hansei), faite de modestie, qui dénigre l’autosatisfaction et se nourrit des échecs pour progresser.



Le système Toyota est auto apprenant dans toutes les strates de l’entreprise et nul doute que le constructeur en sortira renforcé.

Il y a pourtant eu une erreur : la reconnaissance des problèmes, dans une communication adaptée à la culture japonaise et non à l’occidentale, a été désastreuse pour l’image. C’est une difficulté majeure, régulièrement rencontrée par tous les grands groupes mondialisés, regardant la planète avec les yeux du pays d’origine. La culture mondiale n’existe pas encore ! Enfin, arrêtons de tirer sur un modèle vertueux de relation client-fournisseur, qui, dans le monde automobile, fait figure d’exception. Tous les sous-traitants de Toyota vous le diront: ils ne font jamais fortune, mais ils ne sont jamais exsangues et le « grand frère » n’est jamais loin pour trouver avec eux le moyen de progresser et d’améliorer la qualité.

Moralité : Soyons méfiants face aux « grands n’importe quoi » qui rendent morose notre environnement et polluent la réflexion innovante. Regardez ! Les fondamentaux se perpétuent ! Le printemps arrive, les neiges font placent aux premiers verts pâturages. Le soleil réchauffe les cœurs et raccourcit les jupons. Et tant mieux si cette chronique vous donne le sourire, qui vous empêchera de dire, le point final passé :

« c’est du grand n’importe quoi » !

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mercredi 3 février 2010

C'EST BEAU COMME UN TABLEAU DE MAGRITTE


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C’est beau comme un tableau de Magritte : la technologie est elle devenue sadique ? (2ème partie)

Ben voilà, j’avais craqué pour l’écran plat géant de mes désirs. Entouré de son armure de carton qui le protégeait encore du monde extérieur, il trônait fièrement dans le couloir, après avoir connu les contorsions d’une entrée délicate dans un coffre de voiture. Car des paquets de 60 kg et de plus d’un mètre de long nécessitent une envergure d’albatros et une carrure de culturiste : la haute-définition, ça se mérite ! Mais c’était fait, l’aventure touchait à sa fin … du moins le croyais-je naïvement ! Pourtant j’aurais dû savoir qu’une star, fut-elle télé, existait, certes par son talent mais aussi par ses caprices.
Caprice d’installation où vous régressez soudain d’un demi-siècle.

Je m’explique. Au début de la télévision, la boite à image, plaquée d’acajou, était un objet statutaire qu’il fallait montrer. Puis, avec sa démocratisation allant de pair avec sa plastification, il devenait de bon goût de cacher le tout dans un meuble télé ou derrière les portes d’un buffet bibliothèque/bar suivant que l’on était « Siècle des Lumières » ou Pastis 51. Ainsi, la douce harmonie d’un salon cosy était préservée. Le Hic, c’est que les meubles anciens ne sont pas faits pour accueillir les nouveaux objets télévisuels au format ravageur. Je l’appris rapidement à mes dépens et compris, avec force tournevis, perceuse et support métallique, que le salon devait, comme dans les années 50, se recombiner autour d’une télé à nouveau « m’as-tu vu ».

Si vous n’êtes pas convaincu, il vous suffit de regarder les émissions de décoration qui fleurissent sur nos chaînes à l’heure de la digestion crépusculaire. Le design moderne s’accommode fort bien du passé, tout en le réinventant : le charme des fauteuils en cuir anglais a fait place aux chauffeuses d’un suédois aux enseignes bleues, les tables ont oublié les plateaux en bois chaleureux pour le noir profond et glacé des verres trempés, les cheminées ne brûlent plus de bûches ringardes mais de l’eco-alcool. Tout est « modernisé » mais les éléments essentiels retrouvent leur place. Tous sauf la veille bibliothèque qui doit faire place à la moderne télé HD : changement de millénaire qui nous rappelle que cette grande lucarne n’est que la tête de proue d’une déferlante d’écrans envahissant la maison pour faire disparaître un papier devenu intrus.
Mais je m’égare, probablement à cause de la fatigue de cette installation difficile : j’avais réussi à faire cohabiter, au terme d’une lutte acharnée, la bibliothèque aux centaines d’ouvrages et le plat LCD.

Branchement de l’alimentation, branchement du câble antenne, légère poussée sur le bouton on/off ! Youpi, c’est parti ! Sagement et tout automatiquement, la machine de guerre recherche les canaux et fige les chaînes : 1, 2, 3, 4, 5, 6 et ….. rien de plus. La TNT aux 18 chaînes semblait sourde. Plongeant dans le mode opératoire (on le lit toujours après les boulettes), je refaisais scrupuleusement l’installation, mais ma télé ultra moderne restait inexorablement bloquée sur les 6 chaînes analogiques.

Heureusement, grâce à mon contrat d’assistance pour téléphobe technophobe, je pouvais accéder à un technicien hors pair.

Il arriva dans son vaisseau jaune vif et sortit de son véhicule, tel un Arnold Schwarzenegger allant sauver le monde numérique. D’un regard perçant tourné vers le toit, sa sentence tomba d’un trait :

« C’est votre antenne qui est trop vieille ».

Voilà ce que c’est de ne pas se former aux nouveautés de la physique. Pour moi, une antenne est en lambda sur quatre pour être bien accordée à la longueur d’onde mais je découvrais soudain que, au 21ème siècle, la physique avait changé. Etait-on en lambda sur deux voire en lambda ? Il me fallait vite interroger mon Arnold sur le toit.

Un soupir de soulagement me parcourut, lorsque je compris que mes fondements de physique n’étaient pas ébranlés mais que le problème venait de l’amplification du signal. La TNT, ça chuchote quand l’analogique crie dans l’éther. En d’autres termes, les nouveaux émetteurs numériques nécessitent beaucoup moins de puissance mais adieu les réceptions « aux limites » !

Une nouvelle antenne pris la place de la précédente, et là, surprise, je vis l’installateur se gratter la tête en regardant son analyseur de fréquences. Il décrocha l’antenne, la porta à l’autre bout du toit et regratta sa chevelure faîtière. Ce ballet assez esthétique dura une bonne demi-heure mais se termina par un diagnostic lourd de sens : vous êtes en zone grise !

Bon, je vous explique, la zone grise, c’est ni blanc, ni noir. En d’autres termes, je pouvais capter faiblement certaines chaînes de la TNT à cet endroit du toit et d’autres quelques mètres plus loin.


C’est ça, la magie du numérique, celle des 2G : génial ou galère !


Moi, j’étais en situation galère, alors que j’habitais à moins de 5 km de la préfecture et en vue directe du relais télé. Je n’étais pas perdu dans une vallée encaissée au milieu de nulle part mais il se trouve que les ondes numériques venues de divers émetteurs se contrariaient !

Alors docteur c’est grave ?
Pas tant que cela me dit mon Scharzy des ondes ! Il va juste falloir prendre la TNT par satellite et un décodeur HD. J’ai tout ça dans mon camion.
Deux heures plus tard, une petite parabole, regardait le ciel de son œil vide, telle une statue pétrifiée de l’île de Pâques. Un décodeur décodait pour fournir un signal HD à un écran enfin rassasié ! Le monde du futur s’offrait à moi.

Il me restait juste à lancer le superbe lecteur de blue ray pour redécouvrir les délices du 7ème art remasterisé. Le tiroir avala sans problème la galette brillante qui se mit à tourner. L’écran se couvrit d’un splendide bleu intense et profond avec une petite phrase en bas à gauche. On aurait dit un ciel pur, tel que savent les rendre certains peintres de génie.

Oui, je l’avoue, cette image sublimé m’arracha une réflexion émue : « c’est beau comme du Magritte ! ».

Seuls m’inquiétaient un peu les quelques mots brillants sur l’azur :
SIGNAL AV1 NON DETECTE

La technologie, c’est formidable ! L’aventure continue !

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lundi 4 janvier 2010

DE BRIGITTE BARDOT A AVATAR !


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De Brigitte Bardot à Avatar : la haute technologie est-elle devenue sadique ? (première partie)

C’était décidé. Cette année serait innovante et numérique.
Dehors la vieille télé à tube cathodique. Au placard le magnétoscope VHS tout essoufflé. Fini les 36 télécommandes. Il est temps de se tourner vers les technologies audio-visuelles en Haute définition. Vive l’écran plat et la TNT !


Cà, c’était les bonnes résolutions… à confronter à une réalité pas toujours aussi reluisante.

Me voilà donc parti chez FNARTY pour faire mes emplettes en 16/9.

Le Hic, c’est que je n’étais pas le seul à avoir souhaité tout chambouler. De vendeurs stressés en vendeurs débordés, je me retrouvais face à un jeune stagiaire, du moins si j’en jugeais par son badge fièrement arboré, là, à gauche sur la poitrine.

Ce qui n’était pas visible au premier abord, c’est qu’il devait posséder au moins un MBA de HEC croisé d’un doctorat de physique du MIT. Mais au deuxième abord, le résultat de mon modeste souhait de changer mon environnement vidéo, me fit vite comprendre dans quel piège je m’étais fourré.

- Pourquoi ne pas vous laisser tenter par la HD 3 D ? C’est la toute dernière innovation et avec le relief, vous ne verrez plus jamais la télé comme avant !

Je commençais déjà à fantasmer, pensant redécouvrir un « Et Dieu créa la femme » plus vrai que nature au beau milieu du salon, ou espérant plonger pour arrêter le ballon virtuel tiré par un Christiano Ronaldo dans un Real, tout aussi virtuel.

- Hélas mon bon monsieur, vos grands classiques resteront définitivement en 2D.

Je ne sais pas si Brigitte Bardot aurait bien apprécié qu’on la traite de créature sans relief, mais je compris vite que le procédé ne s’adaptait qu’à des œuvres tournées avec des moyens adéquats et nécessitant de surcroît des lunettes polarisées nous transformant en Avatars cinématographiques. Ne me voyant pas imposer à la famille et aux amis, le port de cet accessoire peut seyant, j’accomplis rapidement un repli stratégique vers des écrans plus classiques

- Vous le voulez comment votre écran ?
- Ben grand !
- Mais grand comment ? 81, 108, 127, 132, 140 cm ?
- Grand, grand ! Disons 132. C’est déjà bien, Non ?
- Effectivement.

J’eus droit à un cours de politique marketo-économique, m’expliquant que bon aujourd’hui avec la surcapacité de production, la crise et une guerre des prix sans merci, des écrans, hier encore inaccessibles, avaient vu leur prix plonger en quelques mois de 30 à 40 %. Là, je fus pris d’un doute. Fallait-il attendre un peu pour gagner encore 20 %. Mais non, ma détermination restait intacte : l’achat était en vue… enfin presque, car il fallait choisir la technologie.

- Plasma ou LCD ? me lança perfidement mon vendeur au QI surhumain.
- Ben ?
- Le Plasma est en général meilleur en qualité d’image bien que cela soit de moins en moins vrai… mais il consomme un peu plus. Le LCD est aujourd’hui accessible y compris pour les très grandes tailles. Donc, vous avez le choix.
- N’écoutant que ma fibre Copenhaguesque, je jetais mon dévolu sur le LCD moins énergivore, histoire de protéger ma planète contre les affres d’un CO2 en chaleur.

Je ne sus si cela était le fruit de mon imagination, mais je vis alors comme une étincelle dans le regard de mon interlocuteur qui, sans me laisser souffler, ne put s’empêcher de me proposer des cathodes froides CCFL, des Leds Edge, du Local Diming et autres Leds RVB.
- Car oui, cher client potentiel, un panneau de LCD peut être éclairé de multiples façons et donner des images plus ou moins lumineuses ou dynamiques.
- Dans un souffle, je lui indiquais que j’aimais les belles images naturelles et que je lui faisais confiance pour la technologie.
- Je ferai au mieux, mais voulez-vous une définition standard, HD ou HD1080 ?

Mes neurones étaient au bord de l’implosion et « oui, je voulais de la vraie haute définition ».

- Ne vous énervez pas, Monsieur, j’essaye de contribuer au mieux à la définition de vos besoins non clairement exprimés.
- Mais je veux juste regarder la télé !
- D’accord, je ne vous parlerai donc pas du balayage 100 ou 200 hertz, du DNLA ou des Widgets pourtant forts utiles, cher technophobe irascible.


Il nous restait à choisir une source vidéo HD pour compléter la TNT : un lecteur de DVD blue ray ferait l’affaire. Le choix fut rapide car pour ne pas retransformer la table de salon en exposition de télécommandes, je pris le lecteur dans la même marque que la télé. C’était le choix de la raison.
- Un dernier point : avez-vous un cordon ?
- Pouvant enfin avoir l’avantage, je répondis que oui, j’avais une collection de péritels, réutilisable sans problème.
- Mais pour la Haute Définition , c’est du cordon HDMI qu’il vous faut et même du 1.3 pour le dialogue CEC.

Cette fois, c’était sûr, je tombais dans la plus profonde crétinitude aux yeux de mon interlocuteur, qui, dans une tentative de rapprochement de nos mondes si différents, m’offrit le cordon tant souhaité. Nous étions ainsi unis par un lien HDMI supposé indéfectible.

Après cette expérience mémorable, le paiement en moultes fois sans frais me parut être une sinécure.

Moralité : Brigitte Bardot en noir et blanc sur un vieux poste en 819 lignes était peut-être peu affriolante mais la situation était simple pour le client M. Michu, limitant sa décision au choix de la marque. Aujourd’hui, la sadique pléthore de hautes technologies, loin de simplifier l’achat, le transforme en parcours du combattant, plongeant M. Michu dans un état anxiogène qui risque de transformer son achat en frustration.

L’ordinateur personnel à ses débuts est passé par ce stade jusqu’à ce qu’un Apple vienne rappeler que derrière un écran il y avait rarement un informaticien mais toujours un client utilisateur. Aujourd’hui, la télé est en plein dans cette tourmente métaphysico-technologique, peut-être plus édulcorée, mais qui est loin d’être finie. Alors, j’attends avec impatience l’invention du Macintosh télévisuel.

Reste les aventures de l’installation du « bijou » à domicile : mais cela c’est la prochaine histoire.

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