Les voitures autonomes, dites sans chauffeur, font beaucoup parler dans les
médias. Mais derrière le buzz, quelle est réalité pour ce secteur qui se
développe dans le secret des bureaux d’études ? Nous devrions en savoir plus
lors de la première compétition internationale « AutonomAn’cy » qui ce déroule à
partir de ce Vendredi 1er sur les bords du lac d’Annecy.
A l’origine de
cette initiative, le célèbre professeur américain Paul Fisherman qui a réussi à
convaincre les plus grandes équipementiers automobiles mondiaux : « Lors du
salon mondial du CES 2016 qui se tenait à Las Vegas, début janvier, j’ai été
étonné par la diversité des solutions adoptées. Certes on parle beaucoup de la
Google Car, mais Ford, Valeo, PSA , Volkswagen et bien d’autres ont lancé des
tests en vrai grandeur. C’était une opportunité unique de proposer un challenge
international. Mon idée n’est pas de classer des technologies qui ne sont pas
encore matures mais plutôt de dédiaboliser l’impact qu’aura la voiture sans
chauffeur sur notre vie quotidienne. Et pour cela, rien de mieux qu’une course
amicale. »
Ce que ne dit pas le trop modeste professeur, c’est la
difficulté de convaincre les autorités nationales et locales d’accueillir une
telle manifestation, alors que les règlementations et les lois sont
inexistantes. Après des refus multiples dans différents pays, la France qui
avait déjà autorisé un test en région bordelaise, lors du congrès ITS 2015, a
donné son accord. « Nous avons eu un accueil enthousiaste des français avec
différentes propositions de lieux », bredouille en français le sympathique
Fisherman avec un accent marqué et diphtongué, proche d’une bouillabaisse mal
cuite. « Après analyse, le choix d’Annecy nous a semblé être celui qui offrait
le plus d’opportunités. Et l’environnement idyllique était conforme à notre
souhait de montrer des véhicules propres puisque nous avons privilégié les
motorisations électriques ou hybrides ».
Pour rappel, les « driver-less
cars » comme les appellent les anglo-saxons sont encore au stade de prototypes
même si plusieurs technologies sont déjà commercialisées ou en voie de l’être.
Ainsi les radars de recul, les régulateurs de vitesse auto adaptatifs ou les
avertisseurs de franchissement de ligne font partie de la panoplie des options
que proposent les concessionnaires des marques premium. Mais l’essentiel de
l’intelligence du véhicule autonome réside dans le système de « vision » appelé
LIDAR. Tout comme le sonar bien connu des pécheurs qui utilise les sons pour
repérer des bancs de poissons, le Lidar va utiliser la lumière d’un laser pour
connaitre la distance et la vitesse de déplacement des véhicules ou des piétons.
C’est un objet assez disgracieux ressemblant à un poulpe que l’on est obligé
d’installer sur le toit des voitures. Comme le souligne le professeur Fisherman,
« reconstruire la réalité est une opération excessivement complexe qui nécessite
la fusion de milliers de données : un défi permanent pour les informaticiens qui
visent le zéro accident. Il faut simplifier à l’extrême les dispositifs pour
être robuste et réactif. Dans mon laboratoire de Portland je travaille par
exemple sur des optiques qui permettent de voir à 180 degrés (les - fish eyes -
des photographes professionnels. ndlr) ».
Toutes peintes en bleu marine
pour être facilement reconnaissables, les 25 voitures sélectionnées (dont 3
françaises) partiront le Vendredi 1er du centre de Lyon, quai de la pêcherie, à
8h précise pour rejoindre Annecy par un parcours de liaison des 3 lacs le long
des autoroutes A41 et A43. De 12h à 14h, une épreuve d’évitement d’obstacles,
ouverte au public, est programmée sur le Parking de l’Impérial Palace. A noter,
en particulier, le spectaculaire freinage d’urgence lié à un véhicule simulant
une queue de poisson et qui pourrait générer quelques tôles froissées. A 14h
commencera un contre-la-montre autour du lac en autonomie totale (rendez-vous
sur l’avenue du port à Annecy-Le-Vieux pour le départ). A 17h, Paul Fisherman a
imaginé un moment qu’il qualifie lui-même de redoutable. Chacun des véhicules
devra tenter une mise à l’eau d’une barque depuis le plan incliné de la société
des régates à rames d’Annecy au quai de la Tournette. Enfin, à partir de 20
heures, l’épreuve de la montée du Semnoz devrait pousser à l’extrême les
batteries et le logiciel. « Il est possible que certains véhicules perdent le
signal GPS dans des zones d’ombre. Toutefois, pour éviter tout accident grave,
nous avons installé des filets de protection dans les lieux les plus exposés.
Ces filets, identiques à ceux utilisés par les fédérations de ski, ont fait la
preuve de leur efficacité dans les compétitions de descente et ont sauvé la vie
à plus d’un athlète. Si j’ai un conseil à donner aux spectateurs », suggère Paul
Fisherman, « c’est de s’installer dans les virages en épingle à cheveux ou sur
le parking de la station de ski du Semnoz que nous aurons enneigé : certaines
voitures risquent de perdre leur orientation entraînant des situations comiques
! »
A l’issue de ces épreuves, un classement officiel sera établi avec
une qualification directe des 3 premiers. Toutefois des manches de repêchages
sont programmées le Samedi et le Dimanche pour remonter des profondeurs 2 autres
concurrents.
Alors la Google Car sortira-t-elle vainqueur des nageoires
ingénues de Paul Fisherman ?
André
Montaud
am@thesame-innovation.com
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