mardi 10 novembre 2009

Beaujolais Seven

Il arrive ! Il arrive !

La tension est palpable. L’impatience est grandissante. D’ailleurs, votre comportement vous trahit : les yeux pétillent, les papilles frétillent, la respiration se fait rapide. Bref tout ce qui caractérise une mise en alerte de tous les sens.
Dans cette période d’attente, chacun maîtrise son stress à sa manière : certains astiquent les cuivres, d’autres font reluire les verres. Car s’il est si attendu, c’est que l’on parle de lui comme d’un millésime exceptionnel réussissant à allier l’inconciliable : la légèreté, la densité et la convivialité.

Car Windows Seven, c’est parait-il tout cela : un outil stable, rapide et réellement debuggé.

Là, je sens, cher lecteur, comme un vent de désespoir ! Tu t’attendais à ce que je te parle du contenu d’une dive bouteille et tu découvres que mon propos concerne une vulgaire galette de plastique, gavée de 0 et de 1. Mais l’histoire qui suit est tout aussi passionnante, car l’inconcevable est arrivé !

Monsieur Microsoft a décidé de se débarrasser au plus vite de Windows Vista, son précédent système d’exploitation. Vous savez ce que c’est un système d’exploitation ? En théorie, c’est ce qui permet à un ordinateur de fonctionner. Dans la réalité, Microsoft, avec Vista, avait innové en inventant le premier système d’exploitation capable d’arrêter tout ordinateur classique, tant la puissance de calcul nécessaire était importante et les incompatibilités nombreuses. Vista n’avait pas que des défauts. Il avait même un avantage majeur, celui d’avoir été le meilleur VRP des fabricants de mémoire et de microprocesseurs. Contre partie, Vista s’est, de fait, coupé d’une très grosse partie des marchés professionnels, les responsables informatiques ne se voyant pas renouveler tout leur parc de PC pour un « simple» changement de système d’exploitation.

Il en a été de même dans le grand public où, pour rester présent dans le marché émergeant et futuriste des micro PC (les « netbook »), Microsoft a dû rappeler en catastrophe son « vieux » Windows XP qui, seul, permettait de faire tourner ces petits bijoux de simplicité.

Vista part à la poubelle et claironne l’arrivée de Windows 7 : prononcez seven (in english dans le texte) si vous voulez montrer que vous connaissez le sujet.
Bizarre d’ailleurs ce chiffre de 7, quasiment mystique, voire ésotérique. Ce n’est pas en effet la septième version puisque, si l’on fait le calcul depuis la naissance de la « fenêtre » en 1985, on doit arriver au moins à une bonne dizaine de versions.
Anxiogène ensuite pour monsieur Michu, client standard de PC standard, tourmenté par la question suivante : Seven sera-t-il fiable ? Et là je réponds sans hésiter, oui à 100%. Pourquoi ? Parce ce que Microsoft rate un système d’exploitation sur deux ! Windows 95/98 génial, Windows 2000/Millénium oublié, XP parfait, Vista poubellisé à vitesse grand V et donc Seven à priori de qualité.

Pourtant cette sortie ultra médiatique ne doit pas camoufler une guerre mondiale en cours et une révolution culturelle annoncée.

- La guerre quasi nucléaire est celle que se livrent les deux grands acteurs majeurs de notre PC, j’ai nommé Microsoft et Google. Google, hégémonique moteur de recherche et maître d’Internet, a voulu attaquer Microsoft en proposant une suite bureautique gratuite. Microsoft a répliqué en créant Bing, un moteur qui ressemble furieusement, dans sa fenêtre d’accueil, à la simplicité esthétique de son concurrent. Google réattaque en annonçant son propre système d’exploitation lui aussi gratuit alors que Microsoft s’engage avec Seven dans la gestion des ressources informatiques partagées sur internet, que les spécialistes jargonnent « cloud computing » (l’informatique des nuages).

- Et c’est bien là que se situe la véritable révolution culturelle. Pourtant, à première vue, Demain sera comme avant-hier. Les « vieux du dernier siècle » dont je fais partie, ont connu les terminaux, machines peu intelligentes reliées physiquement à de gros ordinateurs dédiés. C’est robuste, pas très souple en terme d’architecture mais rudement sympa pour faire les mises à jour. Demandez à votre responsable informatique les affres et autres cauchemars des journées de mises à jour, voire des migrations de parcs de centaines de PC. Avec la vieille informatique centralisée, il suffisait de mettre à jour le gros ordinateur pour que tous les utilisateurs soient instantanément à niveau. Le cloud computing referait un peu la même chose mais à l’échelle de la planète avec le soutien d’un « Internet nouveau ». Nos petites machines informatiques, toujours à jour, deviendraient alors de fabuleuses portes d’entrée d’une gigantesque puissance de calcul, partagée et sécurisée.

Cela vous donne le vertige ?

Il est donc temps de revenir sur terre en débouchant une bonne bouteille de Beaujolais Seven. Seven pour sept. Car le millésime 2009 sera la septième merveille du monde tant il est annoncé comme exceptionnel. Vous pouvez le croire sans retenue : c’est mon cafetier barbu préféré qui me l’a dit … et lui, c’est un vrai spécialiste : il ne m’a jamais trompé !

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