dimanche 20 décembre 2015

Patience dans l'Azur !





Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts
[...]
Patient, patience,
Patience dans l’azur!
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr!


- Le lecteur dans son fort intérieur : Houla, houla, mais il débloquerait pas grave notre chroniqueur favori ! Il nous avait déjà fait le coup du sado-maso, du cinéphile mélomane, de l’expert en champagne et voila ty pa qu’il nous sert du Paul Valery, en chapeau de sa chronique. Là, ça se gatte ! Me tarde vite de savoir comment il va pouvoir se rattraper !
- Le chroniqueur dans son fort non moins intérieur : Bon, ça fait des années que je ballade mes derniers lecteurs (ceux qui résistent encore tels les célèbres gaulois d’un village breton), au fin fond de mes turpitudes d’innovation. Alors un peu de poésie créative dans cette page d’ingénieurs ne devrait faire que du bien !

Et voilà comment commence, dans l’incompréhension la plus totale, une chronique qui voulait prendre de la hauteur. Et non pas au figuré, au propre. Même que c’est une hauteur à côté de laquelle nos Alpes bien aimées font figures de micro monticules de poussière. 5 milliards de kilomètres. Là, ça vous en bouche un coin ! Il y a même tellement de zéro après le 5, qu’on a presque peur d’en oublier un : 000 000 000. Même qu’il faudrait en ajouter trois de plus, s’il on voulait exprimer le tout dans l’unité de nos montagnes, le mètre ! Bon, cela a un sacré avantage : celui de remplir rapidement les lignes de cet article : 000 000 000 000. Mais en termes de suspens épistolaire, je ne suis pas sûr que le rédac chef soit franchement ravi.

Non, ce dont je voulais vous parler, et dont tout le monde ou presque se fout (ben oui, c’est ça mon job), c’est d’un exploit technologico-humanoïde qui s’est déroulé en plein cœur d’une période où l’on a plus tendance à rentrer le ventre pour mieux le faire bronzer, qu’à faire travailler les neurones. J’ai nommé le survol de Pluton par un gros robot de près de 500 kg : New Horizons. Déjà, la construction et le lancement de cette sonde relèvent de l’exploit. Au début des années 1990, la NASA est déjà fauchée (c’est relatif) et le Politique a une tendance de plus en plus exacerbée à regarder le sol (surtout américain) que le ciel (surtout pas porteur électoralement). Donc, après les fabuleux succès sur la lune, mars, jupiter, saturne et plus si affinité, aller au bout du bout du système solaire, ne passionne plus du tout les foules et encore moins les sénateurs. Passent donc à la trappe de la machine à laver budgétaire les missions Grand Tour, Pluto Fly by, Kuiper express et quelques autres aux noms tout aussi poétiques. Jusqu’à ce que, en recyclant des bouts de vieux satellites et des prototypes de capteurs ultra légers on arrive à construire un gros cube surmonté d’une antenne parabolique de 2mètres, le tout alimenté et réchauffé par un petit réacteur nucléaire qui dans le language politiquement correct se dit « générateur thermoélectrique à radio isotopes », ce qui fait évidemment moins peur.

Bon, on a la sonde, maintenant, il faut la lancer. Et là les choses se gâtent à nouveau car, même en cherchant bien sur BlaBlaCar, difficile de trouver un covoiturage pour la destination. En plus, c’est vachement loin et comme on n’a pas encore le machin supralumique de Star Wars, le voyage peut prendre dans les, disons … 5 mandats présidentiels. Je vois la tête du directeur de la NASA, allant défendre son projet.

- 20 years ? Without talking cock ? (je vous laisse traduire)
- Ben j’ai 7 ans mais il faut que la sonde pèse 10 fois moins
- Are you kidding me ?
- Ou alors, on prend notre fusée la plus puissante, on lui rajoute un étage booster, on va frôler Jupiter pour encore accélérer et on croise les doigts.
- Good guy !

Et c’est ainsi que New Horizons partit pour un voyage de 9ans : le projet de tout une vie pour des scientifiques qui entre la construction et les premières images du nouveau monde allaient voir s’écouler un bon quart de siècle.

Patience dans l’azur

Pire, à l’arrivée vers Pluton, la vitesse de 50000km/h et les 5 heures nécessaires pour transmettre un ordre nécessitent un fonctionnement sans accro. Et encore, les distances sont tellement grandes et la puissance disponible à bord tellement faible que les données arrivent à la vitesse …du Minitel : des heures et des heures de téléchargement pour une simple photo haute définition. Toutes les chances pour réussir un sacré échec !

Alors, le résultat valait-il cette débauche de testostérone à neurones ? Pour ceux qui continuent à suivre jour après jour l’arrivée des données, la réponse est mille fois oui. Là où on pensait trouver un planète figée dans le froid absolu, on découvre un monde vivant où coulent des glaciers d’azote et où les montagnes, presqu’aussi hautes que le Mont-Blanc, sont faites de glace d’eau pure. Il y en a, vers Chamonix, qui doivent piaffer d’impatience !

Mais le plus poétique, pour moi est l’image prise lorsque new horizons s’est retourné en quittant Pluton : un mince liseré de brouillard entourant la planète, son atmosphère…BLEUE !

Patience dans l’azur !

André Montaud
am@thesame-innovation.com

dimanche 22 novembre 2015

Parfois tous les mots de la Terre ne suffisent plus…


Vendredi 13 Novembre - Paris Bataclan

Hier mon cœur s’est fendu.
 Non pas qu’il ne l’était pas déjà. Les événements du 13 novembre 2015 ont déjà bien mis à mal ses morceaux.  Non, hier, j’aurais voulu avoir un gros bouton REBOOT, un énorme bouton REBOOT !
Tu vois, mon Prem, 10 ans, après cette petite phrase : « dis maman, je pourrais te parler », me prend par la main, m’emmène dans sa chambre et ferme la porte. Et là, il s’effondre. Littéralement. Il fond en larmes. Comme si les digues avaient rompu. Mon cœur a eu un raté. Un très gros. J’ai juste eu le réflexe de le rattraper avant que mon 10 ans ne tombe. Je l’ai pris dans mes bras, je l’ai serré fort. Les mots sont venus : « Maman, je connaissais quelqu’un qui est mort au Bataclan ».
Alors là, ton esprit part en vrille. Il se craquèle. Il se casse. Le mien, il a cédé, net. Tu retiens tes larmes. Pas toutes, elles coulent, mais tu serres très fort les dents, tu te ressaisis, pas pour toi, non, pour cet enfant qui est une part de toi, une part que tu aimes plus que tout. J’ai cherché comment mettre des mots sur sa douleur. Mais je n’ai pas eu le temps de tout mettre en ordre.
Le flux a suivi entre deux sanglots: « les méchants ils tuent des innocents. Tu pars à un concert, à un resto, tu meurs. Maman, ne dit rien à mes frères et sœurs. Laisse-leur leur innocence ».
J’ai crié intérieurement. Très fort.
J’ai vu des briques dévaler et se casser au sol.
J’ai vu les murs se fendiller.
J’ai vu toute la douleur du monde dans ses petits yeux.
Je ne pourrai  jamais l’effacer. Je ne peux qu’être là.
Je me suis sentie bête, bête de n’avoir pas saisi que son envie de manger à la cantine, ce mercredi, et de profiter des frites, cachait en réalité quelque chose d’autre : un peine immense.

Si j’avais su.

Impossible de protéger de tout son enfant.
Impossible de lui épargner toutes les peines.
 Je voudrais juste le soulager. Je ne peux qu’être là, écouter, si besoin tendre la main et soutenir.
J’ai voulu lui dire avec tout mon amour, ma tendresse, que la vie ce n’est pas simple tous les jours.

Si je pouvais, je mettrais en bulle des jolies choses, des moments heureux, mais c’est irréalisable.
Du coup, tu m’excuseras, maladroitement, j’ai essayé d’essuyer les larmes, de montrer que, non, sourire n’est pas oublié, sortir n’est pas partir à la mort, s’amuser n’est pas monstrueux.
Bordel, 10 ans, tu devrais pas avoir l’impression d’être dans un monde horrible. Tu devrais pas parler de perte d’innocence.
Imagine mon état hier soir. Ajoute par dessus que ma mini s’inquiète et me souffle doucement entre deux bisous: « Tu sais maman, avec les attentats, ma meilleure amie va quitter l’école ». La petite boule qui se serre un peu plus. J’ai tenté d’expliquer que le monde est dans le même bateau, que peu importe où nous nous trouvons, tout le monde peut être touché par un drame. Pas évident de tranquilliser, rassurer ma 6 ans et mon 10 ans.
Mon 8 ans leur a fait un câlin et a soufflé: « je vous aime ».
ALORS OUI, JE PENSE TRES FORT A TOUTES SES FAMILLES BRISEES, A TOUTES SES LUMIERES SOUDAIN ETEINTES.
Audrey du blog bonbonbisous.com



Ami lecteur, tu l’as bien compris, cette chronique en dehors de son bouton « REBOOT » n’est pas très innovation. Elle n’est pas de moi non plus. Elle est sortie de mes ballades de veilles nocturnes sur les réseaux sociaux à la rencontre de l’improbable et de l’imprévu. Ces réseaux sont d’une richesse infinie, fruit de l’intelligence collective,  mais  ils recèlent aussi les plus odieux messages de Daech ou, parfois, des pépites, comme celle-ci. 

Seule une maman peut écrire d’aussi belles choses. 

C’est à Elles que je dédie cette page. 

A  Elles qui ont dû effacer bien des chagrins et expliquer l’inexplicable à ces petites frimousses qui sont notre futur. 

Et à Audrey, que je ne connais pas, mais qui m’a fichtrement ému en mettant de l’Humanité quotidienne dans un quotidien devenu soudain si inhumain.

lundi 5 octobre 2015

Volkswagen est-il victime de Nostradamus ?




Cher ami lecteur, 

je n’ai vraiment aucune envie de me lancer dans une nouvelle chronique innovation. D’ailleurs, pourquoi le ferais-je ? Il y a tellement de monde qui écrit tellement bien et qui nous donne de tellement plus merveilleux conseils ! Les experts de l’innovation, sont légions sur les chaines d’information continue. On les entend encore plus sur les radios et mieux encore, tu peux découper leurs meilleurs propos dans les journaux.
S’ils sont experts, c’est qu’ils savent, eux ! Sous entendu toi, mon ami lecteur de toujours, tu n’as qu’à bien te tenir et gober sans broncher les plus évidentes certitudes. Car tu le sais aussi bien que moi, la science, c’est du sérieux : des équations incontournables, des théories calibrées, une confrontation permanente entre le résultat et la réalité …et une guerre à fleurets mouchetés entre les grands savants pour définir la pensée dominante. (On appelle cela les revues à comité de lecture, ça fait plus prestigieux, non ?)
Alors oui, la science est sérieuse,  mais les prédictions ? … 

Là, ami lecteur, fait très attention aux 3 petits points de suspension que tu viens de passer sans t’en rendre compte.  Ils sont gigantesquement importants et doivent te permettre de souffler un peu avant le long grand silence méditatif qui devrait suivre ton studieux parcours des lignes qui vont suivre. Juge plutôt

Pour bien faire rigoler la BPI, les ingénieurs brevets et mes copains de Thésame :


  • « Tout ce qui peut être inventé a été inventé. » (Charles H. Duell, commissaire, bureau des brevets des États-Unis, 1899)
  • « Les gens bien renseignés savent qu’il est impossible de transmettre la voix par des câbles et que, même si cela était possible, cette chose n’aurait aucune valeur pratique. » (Boston Post, 1865)« Les Américains ont besoin du téléphone, mais nous n’en avons point d’utilité. Nous avons suffisamment d’hommes messagers. » (Sir William Preece, chef ingénieur de la Société des postes britannique, 1874)


Pour permettre aux acteurs de la French Tech et autres geeks en tout genre de calibrer au mieux leurs ambitions de start-up


  • « Je crois qu’il y a un marché mondial pour peut-être cinq ordinateurs. » (Thomas J. Watson, président du conseil d’administration d’IBM, 1943)
  • « Les ordinateurs du futur ne pourraient pas peser plus que 1,5 tonne. » « Les ordinateurs du futur ne pourraient pas peser plus que 1,5 tonne. » « Les ordinateurs du futur ne pourraient pas peser plus que 1,5 tonne. » (Popular Mechanics, 1949)
  • « Il semblerait que nous ayons atteint les limites du possible avec la technologie informatique. » « Il semblerait que nous ayons atteint les limites du possible avec la technologie informatique. » « Il semblerait que nous ayons atteint les limites du possible avec la technologie informatique. » (John von Neumann, informaticien, 1949)
  • «Je puis vous assurer que le traitement des données est une mode qui ne saurait durer jusqu’à la fin de la présente année. » «Je puis vous assurer que le traitement des données est une mode qui ne saurait durer jusqu’à la fin de la présente année. » «Je puis vous assurer que le traitement des données est une mode qui ne saurait durer jusqu’à la fin de la présente année. » (L’éditeur de Prentice Hall, 1957)
  • « Il n’existe aucune raison pour quiconque de vouloir un ordinateur à domicile. » (Ken Olson, fondateur de Digital Equipment Corp., 1977)
  • « Je prédis qu’Internet... sera une supernova et qu’en 1996, il s’effondrera de façon catastrophique. » « Je prédis qu’Internet... sera une supernova et qu’en 1996, il s’effondrera de façon catastrophique. » « Je prédis qu’Internet... sera une supernova et qu’en 1996, il s’effondrera de façon catastrophique. » (Bob Metcalfe, 1995)« La société Apple est déjà morte. » (Nathan Myhrvold, intelligence économique chez Microsoft, 1997)
  • « Théoriquement, la télévision est possible, mais je la considère comme une impossibilité – une percée à laquelle nous ne devrions pas perdre de temps à rêver. » « Théoriquement, la télévision est possible, mais je la considère comme une impossibilité – une percée à laquelle nous ne devrions pas perdre de temps à rêver. » « Théoriquement, la télévision est possible, mais je la considère comme une impossibilité – une percée à laquelle nous ne devrions pas perdre de temps à rêver. » (Lee de Forest, inventeur du tube cathodique, 1926)
  • « Le marché potentiel mondial pour les machines à photocopies est de 5 000, tout au plus. » (IBM, 1959) 
  • « Le pourriel sera mort dans 24 mois. » « Le pourriel sera mort dans 24 mois. » « Le pourriel sera mort dans 24 mois. » (Bill Gates, Microsoft, 2004)
  • « La télévision ne saurait conserver toute part de marché après les six premiers mois. Les gens se lasseront vite de fixer une boîte de bois tous les soirs. » 
  • (Darryl Zanuck, 20th Century Fox, 1946)
  • « Le problème avec le téléviseur est que les gens doivent se coller à l’écran, et l’Américain moyen n’aurait pas le temps de faire cela. » (Le New York Times, 1939) 


Bon, ami lecteur, t’en as assez ? Tu as compris ? Non, je ne te demande pas d’apprendre par cœur toutes ces répliques pour les ressortir comme un bon mot à la fin d’un repas d’affaire, même si cela peut faire son petit effet (j’ai testé !).


« Les inventions ont atteint leur limite, et je ne conçois aucun espoir pour des développements futurs. » (Julius Sextus Frontinus, ingénieur romain, 100 ans apr. J.-C.)

Pour donner des crampes aux zygomatiques des opérateurs téléphoniques

  • « Le "téléphone" connaît trop de ratés pour être sérieusement considéré comme un moyen de communication. L’appareil n’a aucune valeur intrinsèque pour nous. » (Recommandation à la Western Union, 1876)

Pour  faire baisser la tension à ceux qui pestent contre le  déluge d’informations en tous genres

  • « Au tournant du siècle, nous vivrons dans une société sans papier. » (Roger Smith, président de General Motors, 1986)

Ce que je voulais te dire c’est que, si  je m’escrime à faire des chroniques innovation pas trop sérieuses, en tentant de te perdre sur  mes chemins de traverses souvent déjantés, c’est qu’une prédiction technologique, économique, géopolitique ou boursière, devrait systématiquement être complétée par une note dix fois plus longue rappelant les hypothèses mises en jeu. Et ça, franchement, c’est ch… et totalement incompatible avec cette actualité qui fuit toujours plus vite.

Ce qui se passe aujourd’hui pour VW et son déluge de commentaires nostradamuco-horoscopico-ecologico-technico-financio-normatifs en est un exemple criant. Si j’en ai le courage j’y reviendrai dans une prochaine chronique.


En attendant, restons perspicaces, réfléchis avec du sens critique et surtout, surtout, modestes face à toutes ces si évidentes prédictions. Gardons toujours le petit sourire en coin, prêt à dégainer, histoire de faire comprendre à notre interlocuteur que d’accord, il a probablement raison,  à moins que ….

lundi 7 septembre 2015

MEN IN BLACK ... OU PRESQUE



Vous savez ce que c’est : lorsque la canicule ravage les campagnes, lorsque votre clim a lâché pour la cinquième fois de l’été et que votre bureau, magnifiquement vitré, se transforme en four à pizza, lorsque votre visage prend la couleur de ladite pizza (sans les olives) et que votre chemise n’a plus rien à envier à une serpillère en fin de service, lorsque vous avez la chance inespérée de travailler à côté du plus pur lac des Alpes, toute personne normalement constituée irait piquer une tête dès la fatidique 18h passée. (18h est ici une simple figure de style, à adapter, bien évidemment, au rythme de chacun).

Toute personne normalement constituée, oui … mais pas moi.

Ce jour là, alors que le dardant soleil éclaboussait cette belle journée encore estivale, je m’enfonçais avec délice dans une salle obscure pour retrouver les « Men in Black ». Oui, je sais, je sais, adorable lecteur, tu te dis que voir un énième opus de cette saga futuro multi-planétaire est une ineptie sans nom. Mais tu te dis aussi que ton chroniqueur, peu charitable en ce retour de congés, est déjà en train de te perdre sur des chemins de traverse. Et tu as RAISON !




Car mes hommes en noir sont aussi féminins, ne portent pas de lunettes et ont des instruments qui, loin d’exploser des créatures gélatineuses, avalent des kilomètres de portées.

- Quoi, que dis-tu ? Tu n’es pas plus avancé ? Bon, d’accord, je lève le mystère. Alors qu’Août commence déjà à lorgner sur septembre, Annecy, la petite Venise des Alpes pour les intimes, se pare des plus beaux atouts philarmoniques. Aux cotés des plus brillants solistes et des non moins magiques orchestres symphoniques, croissent, pendant 10 jours, de petites graines de futur, déjà forts talentueuses, qui, pour clôturer leur académie musicale, se jettent dans le grand bain concertant.
- Et oh, chroniqueur, ne t’emballe pas ! Ici ce n’est pas France Culture. Pour la Musique, classique de surcroit, tu as Télérama ou Diapason pour exprimer tes humeurs. Nous, ce que l’on veut, c’est de l’innovation, et de la bonne ! C’est même écrit en haut de la page :
C.H.R.O.N.I.Q.U.E I.N.N.O.V.A.T.I.O.N
- Oui je sais et c’est bien de cela dont je veux te parler car c’est en se nourrissant d’expériences variées que l’on alimente sa curiosité.
- Voila t il pas que tu nous fais la leçon ? Tu ne commences pas un peu à jouer au radotant pépé gâteux? Nous, on la connait par cœur ton histoire ! Il faut savoir sortir du cadre, regarder ailleurs et patati et patata. Alors ce n’est pas avec un orchestre coincé entre ses croches, ses rondes, ses clés de sol et ses tempos calibrés que tu vas pouvoir nous faire la morale.
- Et c’est là que tu te trompes ! Car loin d’être engoncé dans un carcan traditionnaliste, tu as là, ami lecteur, le plus moderne exemple de l’entreprise du futur !
- … ????


D’abord le manageur. Houps ! Pardon, le chef d’orchestre, le jeune et fringant Fayçal Karoui transmet une énergie débordante et une vision très personnelle de sa stratégique (re Houps ! De l’interprétation !!!). Il parle vrai, à la fois bienveillant et réaliste : «En 10 jours, nous avons connu des moments passionnants et parcourus aussi des chemins parfois très chaotiques ».

Ensuite les opérateurs (zut, je ne m’y fais pas : les musiciens) organisés en ilots autonomes ( cordes, bois, cuivres et percussions) sont intimement liés entre eux par des procédures ( partitions). C’est de leur savoir faire que dépendra l’harmonie de l’ensemble. L’oreille détectera le moindre écart dans cette « usine à sons » réglée comme du papier à musique. Ce qui est fabuleux dans cet ensemble hyper normé et hiérarchisé par les chefs d’équipes (les solistes), c’est que chaque orchestre a son propre timbre. Comme si, au-delà des 5 lignes de la portée, l’Homme avait le rôle essentiel. Prenez la Pastorale de Beethoven, archi jouée et archi interprétée. Dans le déluge infini de versions discographiques, il en est une, celle de Carlos Kleiber, interprétée une seule fois en public qui illumine par sa légèreté et son caractère unique. En communion avec le Bayerische Staatsorchester, la maestro innove radicalement tout en respectant scrupuleusement les « normes ».

Dernier message de cette story telling, comme disent les marketeurs anglophonants, l’envie. Nos jeunes académiciens musiciens avaient pour objectif l’interprétation des 3ème et 4ème mouvements de la célèbre Symphonie du Nouveau Monde. Travail redoutable pour maitriser en 10 jours une œuvre technique présente dans toutes les têtes. « Mon coco, t’as pas intérêt de nous tromper sur la marchandise ! » Portés par la fougue de leurs 20 ans , ils ont rajouté en cours de route le second mouvement pour son superbe passage des vents puis, le premier, se disant que le deux sans le un n’avait pas de sens. Et c’est bien cela qui est « magique » : le groupe se fixe à lui-même une ambition au-delà du raisonnable … et la réussit.

L’Homme est au cœur, comme disent les experts de l’Usine du Futur, histoire de rappeler que malgré la précision des machines, malgré la rapidité des robots, c’est l’intelligence et le savoir faire qui font la performance. C’est la connaissance des objectifs qui transcende les équipes. C’est le parler vrai qui entraine l’adhésion.

- Et tu vas où avec tout ça, chroniqueur mélomane ?
- Ben probablement dans un Nouveau Monde, où 7 notes nous rappellent que le sublime, pardon l’excellence, est à portée de main, pour peu qu’on se souvienne que les instruments (les machines) ne sont que des outils et que la réussite est avant tout le fruit de ces drôles de créatures imparfaites mais tellement géniales, issues de 4 milliards d’évolution !

mercredi 1 avril 2015

Des vols commerciaux en drone sur les Savoie et l’Isère dès ce printemps


« In tartiflette we trust », ce slogan n’aura jamais aussi bien porté son nom qu’en ce début de printemps. En effet, sur le même principe qu’Amazon, un entrepreneur du Grand Bornand, M. Lethon, se lancera dès mercredi dans la livraison de colis de « gastronomie savoyarde » par drone. Son objectif, livrer en moins d’une heure, sur tout Rhône-Alpes, une tartiflette bien chaude préparée avec amour dans les montagnes ! Ce créateur d’entreprise du futur ne manque pas non plus  d’humour avec son slogan  lancé dans un grand éclat de rire « Lethon c’est bon, mais, en drone, la tartiflette, c’est la fête ! ».

Thésame innovation qui a accompagné le projet durant sa gestation, vous raconte les principaux stades de cette aventure technologique hors du commun.

« Lorsque M. Lethon est venu nous rencontrer pour la première fois, nous avons cru à une plaisanterie » indique-t-on à Thésame. En effet, on sait que le principal problème des drones grand public est leur autonomie qui dépasse rarement les 20 minutes avec une capacité d’emport de 2 à 3 kg maximum. « Mais M. Lethon, qui a passé un doctorant d’ingénierie maritime à l’Université de Portland avec le professeur Fisherman, nous a rapidement convaincu. Les différents brevets qu’il a déposé résolvent quasiment toutes les difficultés techniques, et son enthousiasme a la puissance d’une tempête».

Pour simplifier, le drone de M. Lethon est un octocoptère (8 moteurs électriques) permettant d’assurer une stabilité importante y compris par grand vent et dont la charge utile atteint les 10 kilogrammes. La grande nouveauté réside dans la production électrique qui n’est pas confiée à des batteries mais à une pile à combustible comme dans le cas des vols spatiaux. Selon M. Lethon, ce générateur présente l’avantage d’offrir une autonomie de plusieurs heures et avec des émissions polluantes très réduites. « Plutôt que d’utiliser du carburant classique, nous avons repris une très vieille recette basée sur l’huile de foie de morue oxygénée. Bien connue de nos grand-mères, elle a l’avantage d’avoir une énergie massique exceptionnelle. Nous remplaçons ainsi 10 kg de batteries par moins de 500 g d’huile».

Les essais de ce drone prototype ont été réalisés dans les conditions les plus sévères durant les hivers 2013 et 2014 et ont permis de valider tous les points de certification par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). A cette occasion, cette dernière a publié un nouveau scénario de vol de drone, le numéro 5 dit « double M » (pour Mer et Montagne »). Il permet le vol programmé autonome avec double contrôle GPS et balisage GSM sur « zone à faible densité de population ».

Pour M. Lethon, cette évolution règlementaire ouvre la voie aux livraisons par drones. «  Nous avons, en France, une avance très significative dans ce domaine face à la FAA américaine qui est empêtrée dans les filets des divers lobby», rappelle-t-on à Thésame.

Quoiqu’il en soit les premières livraisons de tartiflette se feront dès mercredi. Pour M. Lethon, le succès sera au rendez-vous : «  imaginez l’effet devant vos invités, lorsqu’un drone vous livrera directement dans votre jardin, une tartiflette toute chaude en provenance des Aravis. Mieux encore, notre système est suffisamment précis et stable pour pouvoir nous poser sur des balcons en immeuble. Nous fournirons une appli pour smartphone qu’il suffira de déclencher. Une sorte de hameçon électronique ».

Quand aux plans de vol, ils sont relativement simples puisque, selon le scénario N°5, les drones suivent essentiellement les cours d’eau. Le tableau ci-dessous donne les principales trajectoires au départ du Grand Bornand.
Destination
Plan de Vol
Annecy
Thones- Alex- Menthon – médiane lac puis Thiou avant éclatement sur final
Aix –Chambery -Grenoble
Idem puis Val du Fier – Médiane Lac du Bourget – Chambéry – Alpespace – descente Isère - Grenoble
Genève
Petit Bornand –Bonneville –Descente de l’Arve -Genève

Pour le premier mois d’exploitation, seules les 3 lignes seront mises en service mais M. Lethon espère obtenir rapidement les autorisations pour Lyon, facilement accessible, d’après lui, en descendant le Rhône.

Quand aux couts, ils sont, toujours selon M. Lethon particulièrement raisonnables. « Nous avons pu profiter du programme européen NTDT (en français : nouvelles technologies pour territoires difficiles). Notre matériel a été subventionné, et, pour la première année, le surcout par rapport au tarif restaurant est de 2euros 50 par personne à Annecy et au maximum de 3euros85 à Grenoble ».
Mercredi, les deux premiers vols inauguraux livreront une tartiflette bien chaude devant les mairies d’Annecy et de Grenoble respectivement à 12h30 et 13h.

Pour les chanceux qui se trouveront sur la trajectoire de cette première mondiale (décollage à 12h du Grand Bornand), un concours photo est ouvert pour immortaliser le passage du drone. Il suffira de twitter une photo de ce dernier en vol, d’indiquer l’heure et le lieu avec la hasthag #dronejetaivu.

Les meilleurs se verront remettre un filet garni concocté spécialement par M. Lethon.

lundi 2 mars 2015

50 Nuances de Grey


Les aiguilles de glace aiguisent soudain tous les sens de la peau. Les perches fouettent l’air dans un bruit métallique. Les câbles glissent silencieusement sur des poulies trop bien huilées …

50 nuances de grey


-    Hola, hola pervers chroniqueur qui m’attire toujours dans des chemins sans issu, tu ne crois quand même pas que je vais tomber une nouvelle fois dans le panneau ? Là, tu nous parles de ta dernière sortie de ski et, malgré le titre de ton message, je sais bien que tu es incapable de résumer en 3500 signes un pavé de 560 pages. Alors, il te faudra d’autres ruses si tu veux que ta chronique soit publiée.

Damned, me dis-je,  tel un Sherlock Holmes fier de son jeu d’énigmes à tiroirs et qui se trouve démasqué par un  Colombo redingoté dans sa 403 cabriolet. Comment réagir dans une situation aussi extrême ? 


-  Et si, redoutablement perspicace redac’chef,  je te parle de #IoT et de #FoF, ça te va ?
    - Ah non ! Pas de nouveaux ustensiles sadomasochistes ! Ici tu dois faire du sérieux. C’est une page sur l’innovation, pas sur tes travers lubriques. Mais #IoT, c’est de l’innovation, de la vraie. Et si je te concède bien volontiers qu’il faut une certaine dose de masochisme pour aller à contre courant de la pensée dominante lorsqu’on est innovateur patenté, là, je te promets, je reste sur le droit chemin.
-   - Bon, et bien allons y. De toute façon, tu n’en feras qu’à ta tête, toi qui prône la désobéissance comme une vertu de l’imagination débridée.

 Alors tant pis, adieu le best seller libertin : ami lecteur, nous voilà embarqués dans une révolution à hashtag(#). Quelle idée m’a pris de choisir comme tête de gondole un #IoT (prononcez « Aïe Ao Ti ») ? Pour tous ceux qui ne sont pas familiers de ce jargon de sigles, il s’agit de l’abréviation de « Internet des Objets », en version grande-bretonnante. Et même si je ne connais sacrément rien à #IoT et  aux objets connectés, je penserais volontiers que c’est encore un machin de geek qui va faire Pschitt comme les cadres vidéo photo et les télés 3D, déjà relégués au cimetière des technologies obsolètes. Et puis connecté à quoi ? Mes ampoules, elles sont connectées à la centrale nucléaire par des kilomètres de cuivre. Le chien de mon voisin est connecté à son maître par une laisse déroulante. Pour quelques centaines d’euros, mes aïeux se connecteraient sans problème par table tournante interposée, si j’en crois le tout dernier prospectus de madame Irma, au fond de la boite aux lettres.
Alors du connecté, je ne vois vraiment pas comment en tirer la moindre innovation. Et c’est là que le miracle se produisit en la personne d’un dossier au titre évocateur « objets connectés, attention usine à données » reçu par voie postale. Même si je ne suis pas adepte de spiritisme, je vais finir par croire que mes ancêtres connectés, voyant ma peine, ont préféré la boite à courrier au mobilier circulaire pour me soulager !

Après quelques heures de lecture et de surf sur Internet, je compris que le sujet était du tout bon. Je vous la fait en court. Au départ, il y a de l’électronique et des capteurs qui se font de plus en plus petits, à tel point que l’on peut en équiper tout type d’objet : de la raquette de tennis à votre compteur d’eau qui deviennent du coup, intelligents.  Il y a ensuite les « tuyaux » qui doivent véhiculer toutes les données produites, notre fameux #IOT. Et enfin, les lieux de stockage et de traitement. Voilà brossée  la carte du nouvel eldorado : un triptyque reliant objet, réseau et big data, où chacun veut sa part du gâteau.

Encore faut-il que les clients veuillent du gâteau ! Jusqu’à l’arrivée de l’Apple Watch, le marché des montres connectées ne faisait pas vraiment frétiller les foules. Après quelques semaines/mois, les utilisateurs se lassaient rapidement de ce mesureur de calories, de pas, de km, générateur de complexes. Idem pour les  lunettes Google, qui, au-delà de leur prix excessif, ont effrayé les plus convaincus par leur côté potentiellement intrusif. Car c’est bien là, le problème ! Pourquoi a-t-on besoin d’un objet connecté dans la vie de tous les jours ? Une balance qui en fonction de mon poids me fera des suggestions dans ma liste de course pour le drive ? Ou un pneu qui m’indiquera sur le tableau de bord son nécessaire remplacement ? J’en veux ou j’en veux pas ? Toutes les réponses sont bonnes. La partie intéressante de l’iceberg (connecté) est ailleurs ! C’est dans le domaine professionnel que cette technologie prend tout son sens. Un futur lointain ? Pas sûr ! Savez-vous que le trafic Internet est maintenant plus important entre machines qu’entre homme et machine ? L’usine du futur sera massivement connectée pour optimiser les productions et les périodes de maintenance. Idem pour la ville ou la maison bardée de capteurs dans une chasse incessante aux gaspis de tous ordres. Les champs à investir sont infinis et font frétiller bien des centres de recherche et … des directeurs financiers.

C’est bien pour cela que la guerre s’annonce immense et, comme on dit dans le Seigneur des Anneaux, « le sang va couler avant l’aube ».

Bagarre sur les protocoles de communication qui répondent à des noms aussi «rigolos » que http, COAP, AMQP, Zigbee (oh les gars, faudrait être un peu plus créatifs). Bagarre des tuyaux Wifi, 2G, 3G, 4G, 5G ou ISM (« oh les gars… » Bis). Bagarre de l’énergie, car, franchement, qui acceptera encore recharger tous les jours son objet connecté ? Bagarre des données où les grands de l’informatique regardent avec gourmandise la masse de « datas » qui s’accumulent et qui, telle une pierre philosophale, renferment des informations cachées à très forte valeur ajoutée.

Bagarre enfin de « qui est le patron ». C’est le cas de la maison individuelle où le fabricant de systèmes domotiques, l’opérateur téléphonique, l’électricien  et quelques autres voudraient être maître des lieux. Sous entendu, les autres payeront une redevance, qui, même de quelques centimes par unité, représente des millions de milliards à l’échelle d’un continent.

Tout celà est très loin d’une doucereuse belle au bois dormant, mais le monde connecté est ainsi : à deux faces. D’un coté la magie/la peur du service. De l’autre la guerre économique des standards et des territoires.

Le connecté : conte de fée et conte de fouet … tout comme 50 Nuances de Grey ! Alors, elle n’est pas sado maso l’innovation ?


dimanche 11 janvier 2015

J’aurais voulu ...



J’aurais voulu écrire une belle chronique, en ce début d’année.

J’aurais voulu vous parler de l’enthousiasmante génération geek. Vous savez, celle de ces anciens jeunes boutonneux, biberonnés à l’Internet et qui communiquent à l’autre bout du monde (ou de la table) par écran interposé. On les disait solitaires, superficiels, incapable de coopérer. Ils ont fait taire la vieille économie, en s’unissant à la vitesse de la lumière et  avec une énergie débordante autour  du concept de FrenchTech. Magique innovation qui apparait là où on ne l’attend pas !

J’aurais voulu rugir mon agacement lorsque j’ai entendu, avant Noel,  que l’efficacité des  équipes opérationnelles des pôles de compétitivité se jugeait, à nouveau uniquement,  sur le nombre de projets de recherche. Drôle d’idée réductrice de l’innovation : où est donc passé cette belle promesse de l’« usine à produits », créatrice de valeur et de satisfaction client ?

J’aurai voulu vous peindre l’Innovation avec les couleurs de l’arc en ciel. Car l’innovation est belle, multiple et inclassable, parfois technique, parfois service, parfois usage, parfois organisationnelle, mais toujours humaine.

J’aurais voulu vous dire la passion d’être innovateur. Ce métier d’éternel adolescent où l’on doit canaliser son énergie créative et cultiver avec soin la révolte face aux standards et aux « on a toujours fait comme ça ».

J’aurais voulu écrire une belle chronique, en ce début d’année…

… J’aurais surtout voulu ne jamais vivre ce funeste 7 janvier 2015.

J’aurais voulu ne pas voir de blessés et de morts. J’aurais voulu ne pas avoir à entendre leurs noms.
Non pas toi, Wolinski, que je lisais en cachette sous les draps, à la lueur d’une lampe électrique, de peur de me faire attraper par mes parents.

Non pas toi, Cabu, qui a appris à la jeune génération adulte, les délices de l’autodérision en dessinant des nez en trompette à l’animatrice vedette du club Dorothée dont tu étais l’un des déjantés animateurs.
Non pas toi, Oncle Bernard dont la fougue économique sur France Inter arrivait à me sortir des dernières brumes nocturnes, à l’heure où la tête a encore naturellement tendance à plonger directement dans le bol de café.
Non pas vous, tous les autres, qui faisiez un journal à nul autre pareil. Si je suis plus Canard que Charlie, mon regard furtif m’a pourtant souvent fait bidonner sur vos unes « révoltantes » dans les kiosques à journaux.

J’aurais voulu vous dire que ce qui caractérise le mieux l’Homme, c’est son extraordinaire capacité à penser. Sans l’Homme, pas de philosophie, de mathématiques ou …d’humour. Mais l’humour a cela de particulier qu’il  peut être tout autant dangereux lorsqu’on le prend  brut de décoffrage, que délicieux lorsqu’on le savoure au second ou au troisième degré.

J’aurais voulu leur dire, à Amedy, Cherif et Saïd, ces trois salauds qui ont cru pouvoir voler l’âme d’un pays avec des armes, que mort de rire, ne devait jamais être pris au sens littéral du terme.

J’aurais voulu vous faire sourire, mais je n’ai pas su. Il est écrit qu’un homme, un « vrai », ne doit jamais pleurer.  J’ai tout faux aujourd’hui : j’ai la gorge serrée et les joues humides.

 Alors, comme cette chronique ne pourra pas exister. Comme ma main n’a pas  l’agilité du caricaturiste,  je vous propose de passer du temps à regarder les innombrables dessins qui ont fleuri sur la toile, tout autour de la planète : un printemps en hiver, pour donner des couleurs au noir qui nous envahissait.  C’est le miracle de Charlie qui, face aux sourdes détonations, a vu se lever la Révolte des Crayons.  Et si, malgré ce chagrin d’un pays tout entier, j’arrive à vous formuler un vœu, un seul, pour 2015, ce sera celui de toujours privilégier la mine à la gomme. C’est la seule qui crée et qui laisse une trace indélébile au cœur du papier !

J’aurai voulu écrire une belle chronique en ce début d’année…


… Mais aujourd’hui, JE SUIS CHARLIE.

Je suis Charlie