jeudi 1 décembre 2011

Demain, j'attaque mon régime

Le monde des réunions change à vitesse grand V. Le retard franchouillard est une espèce en voie de disparition. Fini le quart d’heure parisien pour cause d’embouteillage, le savoyard pour intempéries hivernales, le toulousain ou le marseillais pour mauvaise digestion de cassoulet ou de bouillabaisse.

Pire, maintenant, on est en avance, et pas qu’un peu : parfois de quelques heures, voire de jours ! En cause, les tablettes et Smartphones qui se sont invités en passagers clandestins de nos rencontres professionnelles. Le pervers ennemi s’appelle hyperconnectivité. SMS, Tweets, mails se superposent aux ordres du jour programmés. Le cerveau du participant de toute réunion « moderne » passe allègrement des sujets prévus, à la définition des futurs objectifs de vente de la réunion de fin de semaine puis saute sur un problème d’appro à résoudre en hyper méga urgence, voire à la rougeole du petit dernier, en faisant un détour par le résultat du dernier match de la coupe Davis.

Ne prenez pas un air outré : c’est une réalité quotidienne. Pire, ces petites machines géniales deviennent maitre de notre emploi du temps en débordant de plus en plus sur notre vie privée, du lever au coucher, voire au-delà ! Les médecins commencent à lancer un cri d’alarme, non que l’arthrose du pouce devienne une maladie professionnelle pour cause d’utilisation immodérée des SMS, mais parce que la mobilisation version zapping du cerveau, nous transforme progressivement en « lapin crétin ». Le multitâche sur Smartphone, consulté à la va-vite en réunion, dans une file d’attente, ou compressé en heure de pointe, dans un métro parisien ferait perdre jusqu’à 40% de productivité … et 10 points de QI selon une étude de l’institut psychiatrique de Londres. Mais nous en rendons-nous réellement compte ?

Le Smartphone est devenu l’indispensable fidèle ami. Une addiction qui nous relie au monde extérieur, au travers d’applications toutes plus « utiles » les unes que les autres : distance nous séparant des plus proches WC publics dans une métropole inconnu, météo pour les 37 prochaines minutes ou indication des passages les plus potentiellement ennuyeux d’un film. Ne rigolez pas : si vous n’êtes pas encore tombé dans ce piège, cela ne va pas tarder ! La « révolution » est en route ! Il n’y a pas si longtemps, on se moquait presque des personnes qui téléphonaient en marchant. Aujourd’hui, on écrit en marchant, voire même en parlant. Le Smartphone, tel une vorace maitresse, s’approprie tous nos minuscules temps morts pour nous permettre de mailer, facebooker ou jouer. Il est devenu notre « doudou » de grand, source de contact sensuel quasi compulsif lié au glisser-toucher : un jeu à la limite de l’érotisme, comme s’amusent à le rappeler certains psy.

C’est dans cet état de sursaturation, proche de l’e-coma 2.0, que je décidais de réagir : il me fallait me mettre en diète de TIC pour quelques jours. Direction, des montagnes arides à moins d’une heure trente d’avion pour une cure bienvenue. Bon point dès l’arrivée : mon Smartphone chercha en vain un hypothétique 3G+. Mieux les 5 petites barres du réseau GSM se mirent à fluctuer entre 0 et 1. La télé était neigeuse, la radio FM totalement incompréhensible, le WIFI absent.

Et là, miracle miraculeux, je redécouvre que je peux vivre sans. En quelques jours, ma bande passante fait ceinture, je perds plusieurs dizaines de kilos … octets bien entendus. Vous me croirez ou pas, mais il existe de vrais gens qui parlent et qui bougent sans Smartphone. La météo se lit aussi en levant les yeux vers les nuages. La bourse a soudain moins d’importance que le prix de quelques oranges. L’information parcimonieuse redonne soudain un libre arbitre. Mieux je prends plaisir à aller la chercher. En quelques jours, la sérénité revient au galop.

Dans l’avion du retour, un article sur les nouvelles technologies me semble soudain insignifiant. La tribu i-phone serait celle des exhibitionnistes communautaires qui s’assument : architectes, publicitaires ou commerciaux. Le club VIP des Blackberry serait sérieux et professionnel : DG ou banquiers. Le clan Androïd , serait celui des révoltés du standard et des rois de la bidouille : le royaume des geeks et autres informaticiens. Pacotille ! Maintenant, je suis loin de tout ça, je suis serein, serein, serein ….

Pourtant, arrivé à destination, j’entends un bip, bip mélodieux associé à quelques lettres lumineuses et à une vibration bien connue : « vous avez 297 nouveaux messages ». Vite, vite, le monde m’attend.

Mais c’est promis, demain, la semaine prochaine ou dans quelques mois, j’attaque un nouveau régime, et là, ce sera sans pitié !



mardi 25 octobre 2011

Comme disait mon maraicher !






- C’est le B… !
- « Ben oui », te dis-tu, amical lecteur, « il a raison ! Le
triple A bascule, l’euro vacille, la dette grecque nous plombe, la bourse fait le yoyo, les banques flageolent ! Ah mon Dieu que c’est embêtant d’être toujours malade ! Ah mon Dieu que c’est embêtant, je n’suis pas bien portant !
- Holà, ne t’emballe pas. L’économie, ce n’est pas cette
chronique ! Moi, c’est l’innovation et là, c’est la panique
totale.



Cela a commencé par un mail anodin, un vendredi matin : « Lorsqu'une collaboration fait une observation aussi inattendue, sans pouvoir l'interpréter, l'éthique de la Science demande que les résultats soient rendus publics auprès d'une plus large communauté ». Derrière cette phrase se cachait un tsunami, assurément médiatique et, plus prudemment, scientifique : un mélange de dramaturgie Tannhäuserienne et de déluge Traviatesque, tout cela orchestré par une expérience répondant au nom d’OPERA. En bref, des neutrinos se seraient fait flasher à une vitesse dépassant celle de la lumière.

Bon, pour ceux qui ne se brossent pas les dents tous les matins en écoutant la théorie de la relativité restreinte, il faut savoir que Monsieur Einstein, avait instauré un limiteur de vitesse dans l’univers, indiquant que rien ne pouvait aller plus vite que de petits photons bien vigoureux. Patatras, les chercheurs d’OPERA obtiennent des résultats qui montrent le contraire. Très exactement, sur un parcours de 730 km, des neutrinos passeraient la ligne d’arrivée avec une avance de 20 mètres sur la lumière. C’est comme si Hussein Bolt se faisait coiffer sur le poteau pour moins de 3 millimètres. Pas de quoi fouetter un chat ? Et bien si ! Pendant quelques heures, pas plus, faut quand même pas exagérer, la planète entière est en émoi. La science fiction revient au galop avec l’épisode 4 de retour vers le futur. Les libraires frétillent à l’idée d’un « forcément-best-seller », un nouveau Da Vinci Code mâtiné de calendrier Inca et de complotage UFOlogique à la Roswell expliquant que le LHC du CERN n’était là que pour cacher une machine à remonter le temps.

Ok, les gars, on calme le jeu. Reprenons les choses dans l’ordre. C’est quoi d’abord un neutrino ? Petit tour rapide sur Wikipedia où l’on apprend qu’un neutrino est un fermion de spin un demi et qu’il en existe trois saveurs. A bon, il est sucré, salé ou amer mon neutrino? Arrrgh je n’y comprends rien ! Avec un peu plus d’efforts, j’ai vu qu’il était microscopique de chez microscopique, qu’il était plus bien léger que la plus svelte des mannequins d’un magazine féminin et qu’il n’était pas chargé électriquement : pas facile de prédire le coup de foudre pour cette particule passe partout.
Car c’est bien sa particularité, rien ne l’arrête : elle peut traverser la terre entière presque sans s’en apercevoir. L’autre jour, j’ai cru intelligent de jouer au neutrino : j’ai foncé tête baissée dans une porte automatique qui a refusé de s’ouvrir. Vous me croirez ou pas mais j’ai expérimenté que j’étais bien trop lourd pour être un modeste neutrino, dixit mon front cabossé.

Ensuite la manip OPERA. Un truc génial. Dans une marmite dont seuls les physiciens ont la recette, on fabrique des millions de neutrinos que l’on balance en ligne droite sous terre, direction Sud-Est pour qu’ils ressortent quelque part en Italie. Enfin, pas tout à fait ! Le détecteur à neutrino, un super MacDo, sandwich de pellicules photo et de plaques de plomb, est caché sous près de 1700 mètres de roches, car c’est la condition pour arriver à saisir, l’insaisissable particule, à une profondeur où toutes les autres ont jeté l’éponge, totalement épuisées. Et c’est là que tout bascule.

En quelques années, OPERA a réussi à attraper 15000 neutrinos, largement de quoi faire des statistiques. BBBBBRRRRRR des ordinateurs, Clac Clac clac des imprimantes qui crachent qu’il y a, comme qui dirait, un problème. Les scientifiques sont des gens sérieux. Ils refont tous les calculs, remesurent les distances, perfectionnent leurs chronomètres, mais il n’y a rien à faire : dans la grande traversée des Alpes, neutrino est toujours gagnant face à photon.

Voilà, on en est là aujourd’hui. A priori, notre monde résiste encore à cet insoutenable suspens. D’autres équipes, aux USA et au Japon, tentent de savoir si nos bouquins de physique sont bons pour la poubelle. Mais comme disait mon sage maraicher le week-end venu : « ce n’est pas encore ça qui va faire baisser, le prix du poireau ».

jeudi 15 septembre 2011

Alors, c’est qui le chef ?

Aujourd’hui, je voudrais lancer un vibrant appel aux amoureux des beaux tracés rouges, jaunes ou blancs bordés parfois de vert : SAUVONS LA CARTE ROUTIERE.

Quoi, se dit mon lecteur étonné, ce chroniqueur favori qui me bassine à longueur d’année avec les révolutions de l’innovation, ne serait qu’un vieux Schnock rétrograde qui refuse les bienfaits des systèmes de navigation par satellite ?

Holà ! Ne te méprend pas. Je pense même qu’il faudrait décerner à l’inventeur du GPS, véritable bienfaiteur de l’humanité, le diplôme de la vie conjugale apaisée. Cette merveilleuse petite boite de haute technologie, à l’apparence très anodine, a sauvé le devenir de bien plus de foyers que la ceinture de sécurité et l’airbag réunis.

Rappelez-vous ! Dans des temps pas si anciens, il n’était pas rare d’entendre, dans l’alcôve feutrée d’un habitacle automobilistique, des copilotes échangeant de savoureux dialogues Audiardesques à la limite de l’explosion nucléaire. Aujourd’hui, rien de tout cela. Le bavard objet fétiche nous abreuve d’un « tournez à droite ou à gauche dans 200, 100, 50 mètres », voire d’un pédagogique « faites demi tour ». Qui oserait alors pester contre une machine à la suavité toute féminine, à moins de vouloir passer pour un dangereux psychopathe ou un malotru patenté ? Le GPS, c’est la force brute d’une boite noire qui calcule l’optimum ( ?), à la seconde près, parmi 485 737 itinéraires, avec ou sans péage, voire plus si affinité. La carte, c’est autre chose ! Elle nous amène à définir la stratégie des nos parcours, rapides ou buissonniers. Carte et GPS sont deux raccourcis saisissants de notre conception du monde moderne.

J’avoue que mon côté rebelle post soixante huitard attardé, mâtiné de bobo-ïsme cinquantenairien, me pousse vers le demi mètre carré de papier routier. Enfin, je devrais plutôt dire, me poussait ! Car les neurones ramollis par la promotion du siècle, m’ont transformé en « heureux » propriétaire d’un GPS avec la promesse d’une cartographie de 50 pays. Notez au passage, qu’à moins de devenir le stakhanoviste mondial du kilomètre, il y a peu de chance que je parcoure plus de deux ou trois pays ! Mais le marketing, c’est le marketing, et fournir les routes de San Marin, de l’Estonie, d’une lointaine province balkanne ou de Gibraltar, ça rassure !
Mon nouvel ami gépéhèstique, bien plus intelligent que je ne le pensais, ne se laissa pas dompter facilement. Je ne parle pas des menus de pilotage, admirables d’ergonomie. Non, la réaction de la machine a été plus vicieuse, dès le premier contact, se rendant probablement compte qu’il fallait me faire payer cher, mes années de Michelinisme cartographique. Ainsi, alors que je rentrais sagement les coordonnées de mon lieu de travail, le GPS a délibérément refusé de connaitre mon adresse exacte et me proposa d’atterrir à quelques numéros de là, soit dans un pressing, soit dans … une maison de retraite. Vexant, non ? Comment expliquer aussi, ce sluuuurp annonçant le décollement de la ventouse support, alors que je m’apprêtais à négocier un redoutable échangeur autoroutier. Ou pire, ce splendide « battery out » affiché au beau milieu d’un dédale labyrinthique de ruelles dans une vieille ville malicieusement piétonne à 95% ! Parfois, la bataille fut plus subtile, telle cette sortie de parking souterrain où, confronté à la décision cornélienne du gauche, droite ou tout droit, mon GPS crut bon de se prélasser interminablement à la recherche de satellites.

Au bout de quelques jours de combats impitoyables, j’ai enfin cédé et je dois aujourd’hui admettre que le GPS, c’est quand même un vrai confort. La preuve, la semaine dernière, éreinté après une journée de conduite, je me suis laissé guider, sans réfléchir vers mon hôtel … Le GPS, forcément conscient de la situation, se lança alors dans un giratoire fatidique pour m’abandonner en plein milieu en m’annonçant gaillardement : « vous êtes arrivés » ! Moralité, j’oubliais la fatigue et ne put m’empêcher de rigoler.

Depuis, entre mes deux amis, j’ai fait le choix : j’en ai un sur les genoux et l’autre … dans la boite à gants ! Alors, c’est qui le chef ?

lundi 25 juillet 2011

Elle ...

...

Si, Elle, était musique, Rachmaninov lui aurait dédié un cinquième concerto pour piano : immense, langoureux et nostalgique.

Si, Elle, était tableau, les pinceaux de Monet l’auraient imaginée dans une fulgurance de couleurs.
Si, Elle, était modèle, Rodin en aurait fait une déesse, sublime, torturée et puissante.

Mais, Elle, était d’un autre temps.

Alors, Elle, devint Aile.

Je la vis, pour la première fois, un beau jour de printemps, à un âge où tous les impossibles sont des possibles à découvrir. Sa silhouette immaculée et racée n’était qu’une incitation au voyage.
Déjà, Elle ne savait partir que dans un torrent de bruit, de lumière et de feu. Etonnante créature qui ne vivait pourtant que pour le froid, le silence et la nuit. Dans son voyage autour du monde, tel un petit prince, Elle, aimait la dizaine de levers et de couchers de soleil journaliers.

J’en devins sa groupie, écoutant sa voix crachotante sur des ondes fragiles.

J’admirais ses impossibles retours, où après être devenue la plus torride et la plus brillante des étoiles, Elle, arrivait en un majestueux et infini vol plané. L’Homme, pour l’accueillir lui construisit la plus large des autoroutes, commençant nulle part, pour terminer ailleurs. Elle était, pour beaucoup, le cormoran, volant vers de cieux inaccessibles, la Caravelle de Colomb modernes, le cargo courageux affrontant les dangers. Car sa vie, croisa parfois la mort. Par un matin glacial, sa trajectoire parfaite, soudain, se figea en un immense champignon. Bien plus tard, alors que les premiers rayons de l’astre d’un autre jour n’avaient pas encore froissé la robe de la nuit, Elle, se transforma en éphémères comètes : Fille des Etoiles à jamais.

Mais, comme un Phénix, toujours, Elle, renaissait.

Elle, devint notre œil, plus perçant que le plus perçant des regards, scrutant bien plus loin que l’au-delà, là où le noir est plus noir que noir.
Elle, devint nos oreilles, nous offrant une terre de communications.
Elle, devint notre artiste, transmettant les chefs d’œuvres de galaxies lointaines.
Elle, devint notre maçon, construisant une maison du monde, véritable cité de Babel, imaginée à une période, pas si lointaine, où les points cardinaux de l’Est et de l’Ouest ne se vivaient qu’au travers d’un mur. Ceux qui depuis l’habitent, savent que, loin d’être une utopie, Elle, avait compris, avant l’heure, que la seule frontière réelle est celle séparant le bleu de la vie et l’ébène du vide sidéral.

Mais un jour fatidique, Elle, sut que le dernier décompte serait le grand Final.

Alors, dans une tournée d’adieu, silencieuse, Elle, nous salua tous, des pôles à l’équateur, n’oubliant personne, des plus grandes métropoles aux plus reculés des déserts.

Je l’admirais encore et toujours, regardant maintenant son fier carénage, sur mon écran d’ordinateur, en Haute Définition.

Puis vint cette belle journée d’été où, sur une piste immaculée, telle une fleur fanée, la corolle de son parachute rouge et blanc, une dernière fois, se dégonfla.

Elle se croyait oiseau du ciel.

Elle ne fut jamais qu’un génial prototype fait de brique et d’acier, née de la main de l’Homme pour assouvir son insatiable besoin d’explorer.

Elle s’appelait Columbia, Challenger, Discovery, Entreprise ou Endeavour.

Elle fut ma secrète aventure de 30 ans. Ce n’était qu’une Navette … mais elle m’a fait rêver.

mercredi 1 juin 2011

Pippa, lumineuse pippa




J ’en ai marre des chroniques innovations ! Sur une telle thématique, je réunis qui ? 10 000, au mieux 15000 lecteurs. Non, ce qu’il me faut maintenant, c’est du lourd, du solide à 100 000 voire 1 million de fans. Ca c’est crédible ! Faire du People, la voie est toute tracée, et je le prouve. Il suffit que j’écrive « Pippa » dans ces lignes pour que les moteurs de recherche me mettent en haut de page, et bonjour le succès ! Pippa ? Mais si, vous connaissez : c’est la petite sœur de Kate, celle dont le verso de la blanche silhouette, lors d’un mariage, forcement princier, a fait se damner la terre entière. Enfin, soyons précis, a fait fantasmer 49,8% de l’humanité et rendue jalouse, les 50,2% restant. Non, là, c’est sûr, je tiens LE sujet qui me fait monter dans le TOP 10 des …


CLINC …

Il ne manquait plus que cela. L’ampoule de mon plafonnier venait de rendre l’âme. Qu’à cela ne tienne, en quelques minutes, après un plongeon dans la réserve d’ampoules, je reprendrai ma course vers la notoriété. Pippa, attend moi, j’arrive.

Las ! L’ouverture du placard me fit découvrir que mon stock de « vieilles » lampes à filament de tungstène avait atteint le seuil zéro ! Il me fallait réagir vite, pour une fois que j’avais l’inspiration mondaine. Je fonce vers la grande surface voisine, département bricolage, allée électrique, rayon éclairage, pour tomber… dans un abyme de perplexité ! Là où il y a quelques temps encore, on pouvait trouver son bonheur sur un mètre de linéaire, je découvre un mur complet de références.

Au menu, économie d’énergie mais trou béant dans le porte monnaie. Avant, si la lumière jaillissait pour 50 centimes d’euros, il faut maintenant débourser 3, 5, 10 voire20 euros. Et après, on s’étonne que ce soient les bobos qui virent au vert : il faut avoir les moyens de s’acheter une conscience écologique. La différence, c’est que là, mon coco, t’as plus le choix. C’est la bougie ou les candelas de haute technologie.

Bon, je suis ingénieur. Je ne vais quand même pas me laisser impressionner. Prenons les choses rationnellement et classons les informations disponibles. Les douilles à vis ou à culot, ça existe toujours. Après c’est plus compliqué. Je peux choisir entre les halogènes, les fluo compactes ou les leds.

Les halogènes ? Bizarre ! Toute la communication pré-Grenelloise poussait à se débarrasser de ces dévoreuses d’énergie. Mais là, c’est à nouveau plus pareil ! Pour 100 watts tu n’en consomme plus que 75.

Ensuite les fluo compactes qui sont une merveille… de marketing. J’imagine les séances de créativité, dans des salles de réunion top secrètes.




Le boss : on les appelle comment nos nouvelles ampoules ?

L’ingénieur : Ben, des néons !

Le commercial : t’es fou ! C’est totalement ringard et blafard. On n’est plus dans les années 50.

Le marketeur : Fluo-compact, c’est pas plus moderne ?


Et c’est comme cela que l’on nous refile de mini néons sous un nom moderno-pompeux.

Puis, il faut choisir. Selon l’Ademe, il suffit de diviser la puissance de l’ampoule à filament par 4,8 pour connaitre l’équivalent en fluo compact, transformant ainsi tout client en as … du calcul mental. Heureusement, les fabricants on fait le boulot à notre place. Enfin, presque. Ici, 100 watts valent 17W, là 18, 20 ou 21 ! Au secours. Et puis, il faut choisir la forme du tube, en simple ou en double U, en forme de tortillon, ou alors enchâssé dans un bulbe classique. La torture est finie ? Non, car il reste le problème de la température de couleur. Parce que c’est chaud ? Pour ceux qui ne sont pas photographe professionnel, physicien hors pair ou astronome solaire, il faut savoir que la couleur se mesure en degré Kelvin. Avec les vieilles ampoules, facile, c’était toujours entre 2500 et 3000, une douce lumière chaude. Maintenant, on choisit ! Exemple, une lampe à 5000 ou 6000K, crée une ambiance bleutée, quasi glaciale. Bref, plus c’est chaud, plus c’est froid !

Aaaaaarrgh ! Je meurs.

Pas encore ! Il reste l’indice IRC de qualité de la lumière et même des ampoules qui purifient l’atmosphère.

Oxygène ! Vite

Endure, endure. Il y a encore les Leds, dont la durée de vie dépasserait celle de la maison qui l’abrite.

STOP ! Y en a marre. Je prends le premier blister qui me tombe sous la main et me dépêche de mettre en place la pépite qui va me faire économiser les quatre cinquièmes de ma facture électrique. Je tourne l’interrupteur et une pale lueur éclaire lentement mon plafond : j’avais oublié le dernier paramètre, celui du temps de chauffe !




Pippa, lumineuse Pippa, vient au secours de ton pauvre chroniqueur !

jeudi 5 mai 2011

Eloge de la Fondue savoyarde






S’il y a bien quelque chose qui manque dans la formation de nos grandes écoles, c’est bien la connaissance de la Fondue savoyarde.


Cette exception culinaire de nos montagnes, qui devrait figurer au patrimoine de l’Unesco, mérite en effet tous les égards. Qui a-t-il de plus admirable pour nos papilles que ce mariage d’ingrédients simplissime ? Je sais, vous allez dire que je suis chauvin, mais avouez qu’on trouve difficilement mieux pour animer une soirée entre copains, surtout si vous l’agrémentez d’une aimable Abyme, d’un doré Chignin, sans son Bergeron, ou plus étonnant et rarissime, d’un fabuleux Schiste du vignoble des Ardoisières.


Bon là, je vous l’ai fait tip top, version guide touristique. C’est après, que les choses se gâtent ! Car la Fondue ne se laisse pas facilement apprivoiser. Effleurez rapidement la divine texture, et vous ne mangerez que du pain. Laissez tremper longuement et vous ne récupèrerez rien, sauf un gage à choisir dans l’ouvrage de référence « Astérix chez les helvètes ». Non, « L’or jaune » qui semble à portée de main, nécessite de manier la patience et la dextérité, mélange de fermeté et de souplesse. Un plongeon maitrisé, suivi d’aller-retour fréquents, histoire de voir comment le mariage s’opère et, enfin, la remontée triomphante … en espérant que vos voisins de table ne vous jouent pas des tours tordus !


C’est pour cela que la Fondue devrait être obligatoire pour tous les futurs entrepreneurs. Car le marché est une sacrée Fondue. Regardez, vous détenez LE produit de l’année, c’est sûr, vous êtes assis sur un tas d’or, vous rêvez de croissance à deux chiffres, c’est parti, c’est sûr, et, patatras, vous ne récupérez rien « au bout de la fourchette ».


Pourtant, si on regarde quelques histoires de ruptures technologiques, il est assez général de découvrir que le marché rêvé, qui semble hyper accessible est souvent … plus visqueux qu’attendu.


Connaissez-vous le Sphinx ? Non ! Pas le mec qui roupille depuis quelques millénaires devant les pyramides. C’était un fameux trois mats … à moteur, du début du 19ème siècle. A cette époque, la marine marchande à voile est au top de sa performance. Arrive une innovation de rupture : la machine à vapeur. Génial se dit l’ingénieur, les navires vont pouvoir avancer même sans vent ! Craignos dit le marché : ce n’est pas fiable, ça ne marchera pas. Moralité, on construisit des voiliers à vapeur et il faudra plus de 20 ans pour que le moteur commence réellement à se substituer à la voile.


« Oui mais aujourd’hui, ce n’est pas pareil !» penses –tu, lecteur que je commence à bien connaitre ! En es-tu si sûr ?


Le premier brevet du Plip, l’ouverture centralisé du véhicule a été déposé en … 1978. On aurait pu croire que cette invention allait se substituer rapidement à la clé vieillotte. Oui mais pour M. Michu, « y a pas mieux que la mécanique ». Le Plip ça peut tomber en panne, la pile peut flancher, on peut le perdre … Je ne m’attarderai pas sur le fait que l’on peut trouver quasiment les mêmes maux à la clé, toujours est-il que, 30 ans plus tard, les deux systèmes cohabitent toujours !


La première télé LCD a été commercialisée en 1988 mais les écran plats n’ont dépassé les vieux tubes cathodiques qu’en … 2007 ! La « poêle qui n’attache vraiment pas », fabuleuse invention s’il en est, date de 1954 mais il a fallu attendre 7 ans pour que les ventes explosent vraiment grâce à … Jacky Kennedy ! (mais ça c’est une autre histoire). Idem pour les tablets PC : 10 ans. Et la crème chocolatée aux noisettes, passion panégyrique des ados, a dû attendre 20 ans sa mondiale envolée.




Ainsi est faite l’innovation de rupture qui crée des fortunes.
On s’extasie devant le succès lors du véritable décollage en oubliant souvent la
phase nécessaire de longue galère.

Alors, jeune entrepreneur dynamique qui a entre les mains le produit du siècle innovant et forcément planétaire, gonflé à bloc par un business plan forcément parfait, plonge avec fougue et énergie dans cette aventure passionnante, MAIS, surtout, où que tu sois, va d’abord manger une Fondue savoyarde.


Sûr, qu’un jour, tu me remercieras !

mardi 5 avril 2011

La symphonie du nouveau monde


Je reviens du Far West !

Non, non, scrupuleux lecteur, ce n’est pas le Far West revu et corrigé à la mode Paramount, avec un beau ténébreux marchant sous un soleil de plomb au rythme cling-cling-cling des éperons rouillés. Ni celui des catalogues de vacances, vantant la splendeur sauvage des sculptures de grès rouge d’un Ouest américain mystérieux !

Non, je reviens tout simplement du premier salon de la robotique de service, Inno-Robo. Et oui, c’était bien l’ambiance Far West, du style ruée vers l’or dans les Rocheuses avec, en guise de filons, un marché estimé à 100 milliards de dollars, en 2020, qui en fait rêver plus d’un. Mirage ou miracle ? Comme il y a 200 ans dans les contrées sauvages, des start-up, souvent microscopiques se jettent à corps perdu dans cette quête d’un Graal androïdique. Et comme il y a 200 ans, les 9 dixièmes se retrouveront au bord du chemin, pour quelques uns qui connaîtront la fortune. Mais quel plaisir, quel enthousiasme, quelle énergie de découvrir dans ces Geeks, cowboys du 21ème siècle, le goût intact de l’aventure.

Bon, histoire de ne pas passer pour un sombre attardé dans votre prochain dîner, je vous conseille vivement une micro-leçon de phonétique. Geek ne se prononce pas Gueuk, ni Jèk, encore moins Jik mais Guik. Je ne vais pas vous le faire à la mode Wikipedia, mais un Geek est un croisement génétique d’hyper-technophile futuriste, de génial post-adolescent informaticien boutonneux, et de communiquant hors pair. Car le Geek roboticien a compris que la clé de son succès passe par un savoir-faire s’apparentant parfois à un bricolage de professeur Nimbussien … et à une capacité vitale de le faire savoir ! Et là, c’est du tout bon : je n’ai jamais vu dans un salon pro autant de télévisions et de journalistes patentés, cherchant tous, LE scoop du siècle.

Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on évoque la robotique de service ? Pour ma part, je me voyais déjà partager quelques agréables moments avec une adorable Leeloo aux cheveux roux, me montrant sa Moulti-pass, version Cinquième Elément ! Bon, on m’a rapidement fait comprendre que je ferais mieux de ranger mes fantasmes pour quelques temps encore. Car la robotique de service c’est du sérieux : du médical au jouet volant en passant par la maison intelligente et d’autres innovations plus ou moins ésotériques. Même naissante, la géostratégie du secteur est maitrisée par deux clans adverses à la mode Star Wars : les pro-C3-PO à pattes et les pro-R2D2 à roues.

Les C3-PO, c’est la famille des humanoïdes, sur le modèle du sympathique robot de protocole, star de la saga interplanétaire. Ici, on est encore au B-A-BA : les robots sont patauds (beaucoup), bavards (un peu) et parfois un peu dur d’oreille. Mais on est tout autant émerveillé par ces petites bêtes qui vont jouer au foot, vous donner la main ou danser sur le rythme endiablé de Spice Girls coréennes.

Le clan des R2D2 a abandonné l’idée du « 2 ou 4 pattes » et de son équilibre instable pour adopter les déplacements sur roulettes. Ici c’est du robuste, en limite du marché pro, issu de la conquête spatiale ou de la surveillance en milieu hostile. Et demain, ces adeptes du techno-push se voient en pourvoyeurs de robots d’assistance à la personne se baladant dans la maison. « Tiens mami, pour Noel on t’offre Toto le robot, comme cela tu n’auras plus besoin de parler à Jean-Pierre Pernaut lors du journal de 13h ».

En pur esprit ingenio-marketo-rationnel j’ai parfois quelques difficultés à valider le modèle économique de ces nouveaux marchés. Mais le Geek, à réponse à tout ! « Tu raisonnes comme un vieux, tes analyses sont has been ! ». Lui, face à un robot aspirateur : « Regarde, vous, avec vos hyper modèles vous avez développé des aspirateurs de plus en plus puissants pour réduire le temps que vous passez à tenir le manche du dévoreur de poussières. Nous, on vous fait découvrir que votre optimisation est géniale, sauf qu’il y a une autre solution à l’équation : enlever l’opérateur ! »

Alors oui, cette fichue robotique de service nous perturbe dans nos certitudes, mais les Geeks ont la capacité à nous secouer face à nos modèles économiques trop bien huilés. Et rien que pour cela, je crois que j’aime bien leur douce musique : ils écrivent une nouvelle symphonie d’un nouveau monde !

jeudi 10 mars 2011

NOUS SOMMES TOUS DES JAPONAIS


Je ne sais pas vous, mais depuis quelques jours, j’ai comme un malaise en me levant. Comme si quelque chose ne tournait plus très rond sur cette bonne veille terre.

On nous avait parlé de la révolution des NTIC, en jargon dans le texte, ou plus clairement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, en langage technocratique ou plus simplement encore du web, qu’il soit deux point zéro, voire plus si affinité.

Depuis, je conjugue internet à tous les temps. Je twitte, tu skypes, il blogue, nous mailons, vous tubez, ils googlent. Bref, ce monde de nouveaux outils sensés nous faciliter la vie, la remplie d’un fatras d’informations inutiles, au milieu d’ilots de données pertinentes.

Combien d’entre vous, moi le premier, redoutons une absence du bureau pendant quelques jours avec la crainte, malheureusement pas du tout injustifiée, d’une boite mail débordant de messages en tout genre. Je ne parle pas des spams, mais bien de ces messages où l’on se retouve en CC (copie conforme) ou en Cci (copie conforme invisible), histoire d’être sûr d’avoir bien été abreuvé d’informations bien évidemment « stratégiques » mais surement inutiles. Ce déluge de mails professionnels n’est plus soutenable. Selon une récente étude, les managers passent entre 5 et 20 heures à lire ou à écrire ces missives électroniques. Efficace ? Pas si sûr ! Dans ce contexte, il faut signaler la décision radicale d’une très grosse société française de services informatiques qui vise à supprimer en 3 ans les mails internes. Un pari insensé ? Pas tant que cela si les réseaux sociaux interne qu’elle met en place, viennent se substituer intelligemment au flot de mails, dans ce partage de l’information communautaire.

Il est étonnant de voir combien les entreprises sont souvent frileuses face à ces nouvelles technologies et bloquent l’accès à des réseaux sociaux, considérant qu’il s’agit avant tout d’un loisir et parfois d’une porte ouverte sur l’espionnage. Mais il suffit de quelques clics, pour se rendre compte de la richesse d’informations ultra pertinentes que l’on va retrouver dans des micro communautés hyperspécialisées : «Dis , tu veux pas être mon ami dans le groupe des spécialistes du tournage fraisage du titane 6-2-4-2 ? ».

Ne soyons pas naïf pour autant. L’affaire Wikileaks a montré les dérives potentielles du système et la nécessaire déontologie des divers acteurs de la communauté. Le James Bond du siècle dernier, photographiant péniblement page après page un rapport confidentiel avec son appareil Minox, a fait place à un Monsieur tout le monde, récupérant, en quelques secondes sur sa clé USB, l’équivalent d’une encyclopédie.

Mais ces communautés montrent aussi combien il est difficile aujourd’hui de bloquer l’information, tant le réseau est « poreux ». Beaucoup ont parlé des soulèvements dans les pays arabes comme une révolution de la faim. C’est, à mon avis, beaucoup plus la révolte de la jeune génération Facebook, communiquant sans frontière et recherchant des conditions de vie plus acceptables. N’est-il pas étonnant de voir combien notre information, durant cette période, est essentiellement venue de « micro-blogging twitter » et de petits films postés sur YouTube, pendant que les services officiels confinaient les journalistes dans leurs hôtels internationaux ?

Et c’est peut être là, la seule vraie révolution des NTIC : nous devenons, par la magie du numérique, des citoyens d’un monde virtuel, nous affranchissant des distances, tantôt spectateur, tantôt journaliste, tantôt acteur. Ici, nous sommes au cœur de la place Tarhir au Caire. Là, notre écran bascule sous les coups de boutoir d’un tremblement de terre de force 9 au Sendai. Les noires eaux d’un Tsunami « dégeulant », tel un immonde serpent, sur des villes sans défense, sont soudain à notre porte.

C’est cette étonnante « lointaine proximité » qui résume sans doute le mieux, cette nouvelle vision du monde que nous bâtit Internet.

Alors comment ne pas penser dans cet immense deuil que vit le Japon, à nos collègues et amis qui vivent et travaillent dans ce si beau pays du Soleil Levant ? Comment ne pas penser à cette poignée de techniciens et d’ingénieurs de Fukushima qui portent au plus haut les valeurs humaines du sacrifice, pour tenter de préserver des millions de vie ?

A la leçon de nécessaire modestie que nous a infligé la Nature, l’Homme répond par la grandeur d’un geste ultime, au service des autres.

Alors oui, aujourd’hui, nous sommes tous des Japonais.

vendredi 4 février 2011

La chaussette, meilleure innovation de l'homme


Ce que j’aime bien chez nos cousins saxons, c’est leur style si particulier d’appréhender le monde. Je ne parle pas du rire à la Mister Bean, mélange de poésie Tatillienne et de « subtilité » Bigardiesque, mais plus simplement du fameux humour anglais.

La maitrise de « l’openning joke » s’apparente plus à un art de vivre qu’à une simple curiosité culturelle. Quoi de plus réjouissant que de dire des vérités ultra sérieuses avec un brin d’autodérision ? L’état d’esprit «low stress » qui en découle, peut facilement dégeler l’atmosphère … ou faire baisser la garde à son interlocuteur, dans une négociation ardue. Ben oui ! Elle n’en demeure pas moins perfide, l’Albion !

Mais bon, aujourd’hui, j’ai décidé que j’étais cool et relax et que cette chronique serait sérieusement sourire : voilà bien l’occasion de parler des IG NOBEL.
Quoi ? Vous ne les connaissez pas ? C’est déjà la perfidie d’un jeu de mot caché : rapprochez les deux premières lettres des cinq dernières et l’IG NOBEL devient un IGNOBEL, prononciation anglo-phonétique de « Ignoble » ! C’est de la science pur jus sur des sujets pour le moins saugrenus. L’objectif : prouver que l’on peut être brillant et rigolo sans ternir sa réputation. La preuve, André Geim, IG NOBEL 2000 qui avait réussir à faire voler, grâce au diamagnétisme, une malheureuse grenouille qui n’avait rien demandé à personne, c’est retrouvé affublé du Nobel de Physique, dix ans plus tard, pour ses travaux sur le Graphène.
Avec ces gros mots de diamagnétisme ou de graphène, vous vous dites déjà que, à moins de 260 de QI, la lecture de la suite n’aura des effets positifs que pour les pharmaciens, grands pourvoyeurs d’aspirine pour intello-migraineux. Il n’en est rien, car en parcourant, les palmarès année après année, votre chroniqueux Sherlock Holmes a déniché quelques belles pépites.

Ainsi, les commerciaux grand-export devraient trouver un intérêt certain à la découverte qui prouve que l’utilisation de viagra annihile les effets du décalage horaire. Des argentins l’on démontré sur des hamsters, pourtant peu connus pour fréquenter les lignes long courrier (les hamsters, pas les argentins !).

Dans le domaine du management, des statisticiens italiens ont déterminé que la meilleure façon d’améliorer l’efficacité d’une entreprise, était de promouvoir le personnel de manière totalement aléatoire. Pour tous les DRH qui frétillent déjà à l’idée de mettre en place ces idées ultra novatrices, je peux fournir, contre un pourcentage sur le résultat, le mode opératoire en version originale !

Mais les chercheurs sont aussi de vrais frondeurs iconoclastes. Ils ont primé Lehmann Brothers, Goldman Sachs et quelques autres, pour avoir « créé et promu de nouvelles manières d’investir de l’argent en maximisant les gains financiers et en minimisant le risque pour l’économie mondiale … ou plutôt, pour une portion de celle-ci ». Bizarrement les récipiendaires ne se sont pas déplacés !

L’asthme, grâce aux Ig Nobels, serait vaincu par un traitement révolutionnaire à base de quelques tours de montagnes russes, alors qu’une belle bordée de pu… bord… de M…, favorise la résistance à la douleur.

Quand aux chaussettes, rempart vertueux de nos petits petons contre les agressions angéluriennes, il vous faudra, dès l’hiver prochain, les enfiler sur les chaussures si vous voulez réduire vos risques de chute. De très sérieux néozélandais, après avoir équipé de la sorte des habitants de l’hémisphère du bas, les ont envoyés déambuler dans les rues. Ils ont conclu à une amélioration notoire de l’adhérence sur sol glissant, à une plus grande confiance des utilisateurs, contrebalancée par … une certaine peur du ridicule. Mais que ne ferait-on pas pour réduire les fractures du fémur, les luxations d’épaule ou le trou de la sécu !


Au-delà de la leçon d’autodérision de ces trophées, nous devrions probablement en tirer une « hygiène de vie » dans un monde où les règles, les processus et autres procédures nous amènent à vouloir toujours raisonner standard alors que le rêve de l’innovation devrait nous inciter à favoriser parfois des « sorties de route » contrôlées.


C’est en tout cas le message que nous envoie la prestigieuse Université de Harvard, première indétrônable dans le classement recherche mondial de Shanghai, qui accueille, tous les ans,cette défrisante apologie de la science autrement.
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vendredi 14 janvier 2011

La prospective à l'épreuve du rétroviseur

En janvier, je laisse la place au furetage sur internet à la recherche de textes à la mode innov innov. En voici un !

La prospective se place délibérément dans le futur. Puisque nous sommes engluésdans le présent, comment juger de la qualité de tels exercices ? Peut-être tout simplement en leur faisant subir un retour dans le passé.

Ainsi avons-nous, avant tout par esprit taquin, pris le résumé d'une n-ième étude sur le véhicule électrique et les nouvelles mobilités qu'il semble annoncer, et lui avons fait subir une succession de rechercher/remplacer de façon à transformer cette vision automobile sur le prochain demi-siècle à une rétrospective de l'équipement ménager au début du XXe siècle : "véhicule" est ainsi devenu "lave-linge", "déplacement" a été converti en "nettoyage", 2040 a été remplacé par 1940, "mobilité" par "propreté", etc.

Le résultat est assez amusant :

La demande de vêtements propres va continuer d'augmenter, notamment dans les colonies. Mais c'est d'abord dans les grandes métropoles des grandes puissances que se développeront de nouvelles formes de nettoyage. C'est là que le lave-linge électrique devrait dominer d'ici à 1940. Rappelant que seulement 20 000 lave-linge électriques ont été vendus dans le monde en 1910, l'étude estime qu'ils ne représenteront que 6,6 % des ventes en 1925, mais plus de 30 % globalement en 1940. Une estimation d'autant plus délicate que de nombreux facteurs peuvent ralentir ou favoriser leur émergence, le coût horaire de la lavandière comme celui de l'électricité mais aussi la réglementation.

Mais c'est ailleurs ici que se situent les principaux enjeux. À mesure que l'usage va se substituer à la possession, la valeur va se déplacer de l’appareil électroménager lui-même aux services associés. Des offres de location longue durée et des laveries automatiques vont se développer rapidement.

Dès lors, nombre de nouveaux acteurs vont s'efforcer de proposer à l'usager une offre intégrée incluant lave-linge, lessive, pinces à linge et, le plus souvent, accès à d’autres appareils électroménagers (aspirateur, brosse à habits, lave-vaisselle...) à même de couvrir l'ensemble des besoins du client en matière de propreté. Outre les constructeurs électroménagers et les sociétés de nettoyage traditionnelles qui tâchent d'occuper le terrain en proposant de telles offres, de nouveaux entrants sont sur les rangs pour se faire une place au soleil sur ce nouveau marché. C'est le cas des vendeurs d’électroménager, des déménageurs, des énergéticiens et même des mécanographes ou des opérateurs de télégraphie, qui ont chacun un rôle à jouer dans une offre complète à l'usager.

Dans cette course, les constructeurs électroménagers ne sont pas nécessairement les mieux placés. Le coeur de leur activité, très capitalistique, ne dégage pas, aujourd'hui, beaucoup de marges. Dans le cas des lave-linge électriques, ils doivent intégrer certains composants qu'ils ne maîtrisent pas, notamment le moteur électrique ou le programmateur. Dans cette bataille, ils risquent de perdre un levier essentiel, la maîtrise de la relation avec le client final, et de devoir négocier avec des interlocuteurs plus puissants. Enfin, ils sont confrontés à la concurrence de nouveaux entrants plus agiles car sans histoire ni usines.
No comment !

Petit texte repris du blog de Aerobar film